Le carburant E85, ainsi que les véhicules pouvant fonctionner avec ce dernier, n’ont jamais vraiment réussi à s’imposer sur le marché. L’offre de voitures neuves reste très limitée, avec seulement quelques marques ayant commercialisé des modèles adaptés, tels que Saab, Volvo, Renault, Ford, Dacia, Jeep et Volkswagen. Cependant, cette liste se retrouve aujourd’hui sur le marché de l’occasion, avec l’ajout de quelques autres modèles “non officiels” bénéficiant d’une conversion au bioéthanol. Malheureusement, le choix reste restreint, avec moins de 200 voitures flexfuel disponibles sur La centrale et environ 700 sur Le Bon Coin, sans possibilité de les trier par carburant.
Cette situation est difficilement compréhensible étant donné les nombreux avantages des modèles dits “flexfuel” (ou flexifuel, multifuel, bioflex, ou bioéthanol selon les marques). Commençons par les énumérer.
Les avantages de l’E85
Tout d’abord, le prix à la pompe. Malgré une surconsommation de 20 à 30 %, le budget carburant reste équivalent à celui d’un modèle diesel. En effet, l’E85 coûte deux fois moins cher que l’essence sans plomb. Actuellement, l’E85 est vendu en moyenne à 0,70 € le litre, contre 1,59 € pour le SP95-E10 et 1,52 € pour le gazole.
Moins de 70 centimes le litre pour l’E85, c’est courant.
Un plein de 50 litres ne vous coûtera que 35 €. En achetant une voiture flexfuel d’occasion, vous réaliserez directement des économies. De plus, le nombre de stations distribuant de l’E85 ne cesse d’augmenter. Il est également important de noter que ces voitures peuvent être alimentées par n’importe quel type de carburant sans plomb en cas d’indisponibilité d’E85.
Ensuite, l’achat d’un modèle E85 d’occasion, avec une carte grise mentionnant clairement le type de carburant “FE”, qu’il s’agisse d’un modèle d’origine ou converti avec une modification de la carte grise, offre des avantages fiscaux. La plupart des régions offrent en effet la gratuité de la carte grise pour les véhicules dits “propres” (à l’exception des DOM-TOM qui appliquent le plein tarif, ainsi que la Bretagne et le Centre-Val-de-Loire qui exonèrent seulement à 50 %).
Carte grise gratuite le plus souvent, parfois moitié prix, un autre avantage des voitures flexfuel.
Cela représente donc des économies substantielles lors de l’immatriculation, surtout pour les véhicules à forte puissance fiscale.
Il est à noter qu’il faut acheter une voiture E85 d’origine ou déjà convertie avec une carte grise modifiée pour bénéficier de la gratuité de la carte grise. Si vous transformez vous-même votre voiture, vous ne pourrez pas vous faire rembourser la carte grise, cela profitera uniquement à un éventuel futur acquéreur.
L’offre actuelle
Sur le marché de l’occasion, on trouve principalement les modèles vendus officiellement par les constructeurs.
La majorité des modèles sont disponibles chez Ford (représentant près de 40 % de l’offre), avec de nombreux Kuga Flexifuel de dernière génération, ainsi que les premiers Puma flexifuel et quelques anciennes Focus flexifuel. On trouve également des occasions récentes de la Fiesta.
Le Ford Kuga est l’un des modèles les plus courants en occasion E85.
Ensuite, on trouve quelques Land Rover, notamment les modèles Evoque et Discovery disponibles en version P200 Flex d’origine.
De manière surprenante, on peut également trouver des gros pick-up Dodge RAM 1500, principalement proposés par des importateurs de véhicules américains. Ce sont de puissants V8 américains convertis à l’éthanol pour compenser leur consommation élevée. Il s’agit essentiellement d’occasions quasiment neuves.
Ensuite, on trouve des annonces pour des Renault, des Jeep et des Saab. Chez Renault, on peut trouver des modèles tels que la Scénic 3 1.6 16v bioéthanol, la Mégane 3 1.6 16v bioéthanol, la Laguna 3 2.0 16v bioéthanol, ainsi que quelques Clio 3 et 4 d’origine ou converties avec un boîtier. Chez Jeep, le Grand Cherokee 3.6 V6 Pentastar est principalement proposé à la vente, ayant été disponible en version E85 d’origine, ainsi que quelques modèles Wrangler ou Gladiator avec boîtier. Chez Saab, les modèles disponibles sont les 9-3 1.8 T 150 et 2.0 T 175 Biopower, ainsi que les 9-5 2.0 180 et 2.3 T 185 Biopower. Enfin, chez Dacia, on trouve principalement des offres basées sur le Duster en version 1.6 105 bioéthanol, bien que celles-ci soient assez rares.
Outre ces modèles les plus courants, on peut trouver de nombreuses autres voitures, qu’elles soient d’origine ou converties, mais en quantités limitées, souvent de un, deux ou trois exemplaires tout au plus. Il s’agit par exemple de Volkswagen Golf 7 Multifuel, de Renault Clio 3 1.2 16v, de Volvo V50/V70, de Peugeot 308 Bioflex, de Citroën C4 1.6 16v Bioflex, de Hummer H3 et H2, ainsi que d’autres modèles uniques convertis à l’E85 par la suite.
Les prix : pour tous les budgets, mais plutôt élevés en général
Lorsqu’on se penche sur les prix de ces voitures flexfuel d’occasion, on constate qu’il y en a pour tous les budgets, allant de 2 000 € à plus de 60 000 €.
Bien entendu, les modèles les moins chers ne sont plus tout jeunes et ont déjà parcouru de nombreux kilomètres. Il s’agit généralement de modèles Renault de générations précédentes, tels que les Mégane 2 et 3, la Scénic 3, ainsi que la Clio 3, entre 2007 et 2009, avec souvent plus de 150 000 km au compteur.
Ensuite, on trouve rapidement des voitures aux prix de 4 000 à 5 000 €, comme les Ford Focus 3 1.8 Flexifuel, les C-Max 1.8 Flexifuel, les Mégane 3 et Scénic 3 avec environ 100 000 km. Les premiers Dacia Duster bioéthanol sont également dans cette gamme de prix, mais avec en moyenne 200 000 km au compteur, ce qui justifie un prix plus élevé.
Avec un budget de 8 000 €, on peut accéder à des Saab 9-3 ou 9-5, mais elles auront dépassé les 150 000 km. Les Dacia Duster et Sandero bioéthanol 1.6 105 ch ont en moyenne 120 000 km et datent des années 2011/2012.
En augmentant graduellement le budget jusqu’à 10 000 €, les kilométrages des modèles mentionnés précédemment diminuent légèrement et ces voitures sont généralement un ou deux ans plus récentes. Cependant, rien de vraiment nouveau à ce stade.
En réalité, pour trouver des modèles plus récents avec moins de 100 000 km, il faut débourser plus de 15 000 €. On peut alors trouver des Volkswagen Golf Multifuel, des Ford Focus de 4e génération ou des Kuga de 2e génération.
Cependant, pour ces modèles, le prix moyen se situe plutôt autour de 25 000 € pour des voitures restylées de 2019 ayant parcouru moins de 50 000 km. C’est également dans cette gamme de prix qu’on peut trouver une nouveauté, le Puma, en version quasiment neuve.
Les premiers Jeep Grand Cherokee sont disponibles à partir d’environ 30 000 €, rarement moins, pour des modèles de 2014 avec près de 150 000 km. La décote reste relativement faible, compte tenu du fait que ces modèles coûtaient en moyenne 65 000 € à l’époque (soit une décote de 54 % sur 7 ans, ce qui est peu).
Pour les modèles 100 % américains (Dodge RAM ou Ford F150), les prix les moins chers commencent autour de 35 000 €. Cependant, il s’agit généralement de modèles plus anciens, de 2012 ou 2013, avec environ 100 000 km en moyenne. Ce qui reste relativement cher. En revanche, le prix de ces mêmes modèles en version quasiment neuve peut dépasser les 60 000 €.
Quant aux Land Rover Range Rover Evoque ou Discovery, il faudra débourser au moins 50 000 €. Ce sont des modèles de 2020, parfois avec moins de 20 000 km, qui se vendaient neufs à plus de 60 000 €.
Le bilan
Du point de vue économique, les voitures flexfuel d’occasion sont sans aucun doute intéressantes, surtout pour leur consommation de carburant qui reste basse et stable depuis des années. De plus, la gratuité de la carte grise dans la plupart des régions constitue un avantage non négligeable.
Il est cependant important de prendre conscience que l’offre sur le marché de l’occasion reste limitée. D’une part, les constructeurs n’ont pas proposé une large variété de modèles au cours des 10 à 15 dernières années, et d’autre part, les propriétaires qui ont fait convertir leur voiture depuis que cela est autorisé la gardent souvent un certain temps.
Par conséquent, les modèles à petits prix sont rares, et les modèles récents compatibles dès l’origine avec ce carburant sont encore relativement chers. Dans ce contexte, la solution de faire installer un boîtier E85 sur son propre véhicule peut être envisagée. Bien que cela soit une dépense moyenne de 1 000 €, elle sera rapidement rentabilisée compte tenu des prix actuels des carburants.
