Les voitures hybrides rechargeables épargnées par le malus sur le poids

Malus sur le poids : pas touche aux hybrides rechargeables

Les voitures hybrides rechargeables sont en passe de devenir les grandes gagnantes du durcissement du barème sur le poids des véhicules. Initialement prévu pour cibler les voitures de plus de 1 400 kg, le malus ne concernera finalement que celles au-delà de 1 800 kg. Cette volte-face sémantique signifie quasiment aucune voiture ne sera touchée, excepté quelques mastodontes de luxe et les usines situées en dehors de la France.

Les hybrides rechargeables exemptées

Les versions hybrides rechargeables semblent particulièrement exemptées de cette mesure. Cependant, derrière l’appellation « rechargeable », se cache parfois une réalité moins reluisante. Pour certains modèles de constructeurs tels que PSA ou Volkswagen, l’hybridation consiste simplement à ajouter un moteur électrique entre un moteur thermique classique et une boîte robotisée. Pas de technologie avancée, pas de répartition intelligente de la puissance ou de système de transmission directe aux roues. Malgré les promesses de parcourir 50 kilomètres avec zéro litre d’essence aux 100 km, grâce à une batterie de 150 ou 200 kg, ces voitures comme la Passat, la Golf, la DS et le 3008 affichent des consommations et des émissions de CO2 record, basées sur le cycle WLTP.

Surpoids voiture hybride voiture standard

Cependant, lors de longs trajets et lorsque ces voitures sont utilisées comme véhicules de fonction par des personnes ne disposant pas d’une prise de recharge, elles se révèlent bien plus gourmandes que les hybrides classiques de Toyota, Honda ou Renault, et même que leurs homologues diesel. Mais cela n’a pas d’importance puisqu’elles peuvent rouler avec l’opinion et les médias de leur côté.

À lire aussi  Comment choisir entre une voiture hybride ou électrique d’occasion ?

En bref, peu importe que ces voitures soient considérées comme des monstres environnementaux par de nombreux experts, les députés ont préféré ne pas les freiner dans leur élan. Après tout, elles transforment leur énergie cinétique en électricité, n’est-ce pas?

Le client est roi…

Malus sur le poids : pas touche aux hybrides rechargeables

Cette fois-ci, on ne peut pas accuser les politiques de mettre des bâtons dans les roues des constructeurs. Après des années où l’écologie semblait dicter ses lois, on ressent depuis la crise du Covid un soutien indéfectible envers l’industrie automobile. Les promesses de la convention citoyenne sur le climat semblent appartenir à une époque révolue, celle des gilets jaunes.

Dans une interview accordée au Monde, Jean-Dominique Senard, le PDG de Renault, résume parfaitement cet état d’esprit décomplexé qui prévaut désormais dans le secteur. Selon lui, la taxe sur le poids est complètement inutile. En effet, la demande se dirige vers des véhicules plus grands et plus imposants. Après tout, le client est roi, et il ne voit aucune raison de se sentir coupable. Cette franchise candide rappelle l’époque pré-prison de Carlos Ghosn.

Prise de conscience et prise de poids

Pourtant, cette argumentation est fausse à bien des égards. Tout d’abord, le client n’est pas roi, il achète des véhicules répondant à des normes de sécurité et de pollution, dans la limite de 3,5 tonnes de poids total autorisé en charge (PTAC). Il est légitime de se demander si ce poids, qui affecte la sécurité des autres et les émissions de CO2, ne devrait pas être réservé aux seuls véhicules utilitaires.

À lire aussi  Les voitures hybrides rechargeables les plus abordables sur le marché français

Sur la plupart des produits susceptibles d’affecter sa santé et celle d’autrui, il n’est pas possible d’acheter n’importe quoi. Essayez d’acquérir un fusil de chasse à 15 coups, un drone de 300 kg ou une trottinette électrique de 50 chevaux.

De plus, il ne s’agit pas de culpabiliser le client, mais simplement de le dissuader, grâce à des taxes, d’acheter des véhicules inintelligents. Il s’agit également de dissuader les constructeurs de leur en proposer. C’est ce qu’on appelle influencer le marché, et c’est le rôle normal de l’État depuis au moins l’époque de Louis XI.

Car si les autorités publiques, françaises ou européennes, ne régulent pas nos appétits, qui le fera?

N’est-il pas stupéfiant de constater que, parallèlement à la prise de conscience du dérèglement climatique, nos voitures continuent de prendre du poids, annulant ainsi les progrès réalisés en termes de sobriété des moteurs?

En trente ans dans le domaine automobile, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui renonçait à acheter une voiture parce qu’elle était trop lourde de 150 kg ou consommait un tiers de litre de plus que le modèle précédent. Mais à cause d’un malus, oui.