Les voitures hybrides : une fausse bonne idée pour l’environnement

Les voitures hybrides : une fausse bonne idée pour l’environnement

Lorsqu’il s’agit de choisir une nouvelle voiture, il n’est pas facile de décider quelle motorisation adopter entre électrique et thermique classique. Une option tentante se présente alors : les voitures hybrides. Les constructeurs encouragent cette tentation, poussés par les autorités et l’opinion publique à réduire leur contribution au réchauffement climatique, voyant dans cette technologie une opportunité de croissance intéressante.

Les voitures hybrides sont souvent présentées comme une solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos déplacements. De plus, l’acquisition de ces véhicules bénéficie d’aides publiques. Cependant, si l’on examine de plus près, leur bilan environnemental est plutôt maigre.

Tout d’abord, rappelons ce qu’est une voiture hybride pour ceux qui s’intéressent de loin à ce qui se cache derrière le volant. Les hybrides sont un compromis entre les motorisations thermiques qui fonctionnent au pétrole (essence ou diesel) et les véhicules électriques, dont la batterie se recharge en se branchant sur le courant. Les voitures hybrides combinent les deux : un moteur thermique et une batterie. Cette dernière peut être rechargeable en la branchant sur une prise, comme les véhicules 100 % électriques, ou non rechargeable, la batterie se chargeant alors pendant la conduite avec le moteur thermique.

Presque 10 % des ventes

Les promesses de réduction de l’empreinte carbone sont principalement liées aux hybrides rechargeables, car les hybrides non rechargeables dépendent entièrement du pétrole pour fonctionner. Les hybrides rechargeables permettent de réaliser les trajets quotidiens en utilisant l’énergie électrique de la batterie. Cette dernière offre une autonomie allant de 30 à 70 km et peut être rechargée avec une énergie décarbonée. En revanche, pour les trajets plus longs, le moteur thermique prend le relais. Cette motorisation est considérée par ses défenseurs comme le meilleur des deux mondes.

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Bien que les voitures hybrides rechargeables ne représentent encore qu’une petite part du marché, leurs ventes sont en forte augmentation. En 2021, elles représentaient 8,4 % des ventes de voitures neuves en France, presque autant que les véhicules électriques. Elles bénéficient également du soutien des pouvoirs publics et de mesures incitatives, comme l’éligibilité à la prime à la reconversion.

De plus, jusqu’à la fin de l’année 2022, les acheteurs de voitures hybrides rechargeables peuvent bénéficier d’un bonus écologique de 1 000 euros. À partir de 2023, cette aide ne sera plus accordée qu’aux voitures 100 % électriques.

Les voitures les plus lourdes du marché

Un autre aspect en faveur des voitures hybrides rechargeables est leur qualification en tant que véhicules à faible émission. Elles peuvent donc circuler librement dans les grandes agglomérations dotées de zones à faibles émissions (ZFE). En outre, les entreprises sont tenues d’avoir une proportion croissante de véhicules à faibles émissions dans leur flotte. Le marché des flottes d’entreprise est stratégique, car il représente plus d’un quart des ventes de voitures. Les hybrides sont donc éligibles à cette exigence de verdissement des flottes d’entreprise, ce qui explique la forte augmentation de leur part de marché dans ce secteur.

Cependant, depuis quelques années, de nombreux rapports remettent en question leurs promesses environnementales. Tout d’abord, les voitures hybrides rechargeables sont les plus lourdes du marché. Cela peut sembler logique, car ces voitures combinent deux systèmes de motorisation, ce qui alourdit mécaniquement leur poids.

Mais au-delà de cette augmentation de poids “mathématique”, les ventes d’hybrides rechargeables concernent principalement des modèles plus grands, notamment des SUV (Sport Utility Vehicle) énergivores en milieu urbain. En moyenne, les voitures hybrides rechargeables vendues en Europe en 2020 pesaient près de 2 tonnes, soit 300 kilos de plus que les voitures électriques et près de 500 kilos de plus que la moyenne des voitures neuves.

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De plus, l’utilisation du mode électrique est faible. Alors que les normes d’homologation prévoient un taux d’utilisation du mode électrique compris entre 70 et 85 %, la réalité est bien inférieure. Selon une étude de l’organisation non gouvernementale International Council on Clean Transportation (ICCT), l’utilisation réelle du mode électrique est plutôt de 45 à 49 % pour les particuliers et de 11 à 15 % pour les flottes d’entreprise. Cela réduit considérablement les promesses de réduction de la consommation de carburant.

Selon Aurélien Bigo, économiste des transports, “en raison du faible taux d’utilisation du mode électrique, du poids important des véhicules ou encore de leur faible aérodynamisme, les consommations de carburants des hybrides sont importantes”. L’ONG bruxelloise Transport & Environnement appelle donc à mettre fin aux subventions et exonérations d’impôts généreuses destinées aux hybrides rechargeables.

L’ONG soulève ici un paradoxe important : bien que les voitures hybrides neuves seront interdites en Europe à partir de 2035, tout comme les voitures thermiques, cette motorisation est considérée comme une technologie de transition et continue donc de bénéficier de mesures de soutien.

Bon plan industriel ?

Si les voitures hybrides sont une fausse bonne idée sur le plan environnemental, qu’en est-il du point de vue industriel et économique ? À première vue, le boom des véhicules hybrides pourrait profiter à l’industrie française. En effet, ces voitures se vendent à un prix élevé, ce qui facilite leur assemblage sur le territoire français et leurs salaires élevés.

Les deux principaux constructeurs français, Stellantis (ex-PSA) et Renault, se débrouillent plutôt bien sur le marché. Leurs modèles 3008 et Renault Captur se classent parmi les meilleures ventes du pays. De plus, la majorité de ces voitures hybrides sont assemblées en France.

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Cependant, cette bonne performance française est largement trompeuse. La croissance de ce marché profite principalement aux constructeurs automobiles haut de gamme, catégorie à laquelle appartiennent la plupart des hybrides rechargeables.

Ce sont donc les constructeurs allemands (BMW, Mercedes) et suédois (Volvo) qui bénéficient le plus de cette dynamique. Bien que les marques françaises occupent les deux premières places du classement des ventes en France, les constructeurs étrangers dominent sur les autres marchés. De plus, leurs modèles sont en moyenne plus chers, ce qui se traduit par une part de marché en valeur plus élevée que leur part en volume.

Pour le prouver, il suffit de regarder la balance commerciale des hybrides rechargeables, qui est déficitaire. La France importe pour 2,6 milliards d’euros de ces voitures de l’étranger, principalement d’Allemagne et de Suède, et n’exporte que pour 243 millions d’euros, créant ainsi un déficit de plus de 2 milliards d’euros. En somme, en plus d’être une fausse solution pour le climat, le soutien aux voitures hybrides rechargeables profite principalement aux constructeurs étrangers.