Sur leur compte Facebook, Sylvain et Pierre, les célèbres Youtubeurs de Vilebrequin, ont partagé une vidéo dédiée aux voitures électriques en général et à Tesla en particulier. Leur travail sur le constructeur américain est à la fois intéressant et instructif pour les novices de la marque. Cependant, leurs critiques sur les voitures électriques en général accusent un retard de 5 à 10 ans. Malgré tout, il y a un message important à entendre.
L’amour des voitures qui font vroum vroum
Sylvain et Pierre sont des passionnés de voitures qui font vroum vroum, et ils n’hésitent pas à le rappeler régulièrement. Ce que l’on sait moins, c’est que plusieurs d’entre nous chez Automobile Propre roulons également notre bosse et suivons de près les vidéos déjantées de Vilebrequin. Personnellement, si ce n’était pas pour les problèmes de CO2 et de pollution dans l’atmosphère, je ne me déplacerais probablement pas en voiture électrique aujourd’hui.
Il y a 10 ans, on pouvait me voir sur le podium en présentant des voitures anciennes et en justifiant les prix remis dans le cadre d’un challenge de restauration. J’avais un Renault Kangoo électrique de 2002 avec une batterie au nickel-cadmium (et non au plomb, mon pote) et une Ford Taunus 1600 XL de 1973. En fait, j’ai acheté ma première voiture électrique en 2007 (une Clio de 1996 avec une batterie NiCd déjà) pour compenser l’utilisation régulière de mes anciennes voitures, que j’utilisais aussi bien pour les vacances que pour aller au bureau.
Sans les problèmes de pollution et de dérèglement climatique, j’adorerais aujourd’hui utiliser pour mes déplacements habituels une Fiat 131 Abarth, une Ford Cortina Lotus Mk1, une Peugeot 205 CTI, une Nissan Cedric, ou une Citroën Ami 6 break. Mais pas un modèle essence ou diesel d’aujourd’hui. Ils me sembleraient bien fades comparés aux voitures électriques qui ont connu un progrès phénoménal en 10 ans.
Le discours sur Tesla
À l’origine, la vidéo de Vilebrequin sur les voitures électriques était axée sur la question “Tesla, le futur ?”. Publiée le 24 mars 2022, elle durait un peu plus de 24 minutes. Les réflexions générales sur les voitures électriques venaient à la fin. Sur Facebook, l’ordre a été inversé et le film a été raccourci à 7 minutes et 10 secondes. Pas grand-chose à redire sur le discours de Sylvain concernant Tesla.
Personnellement, j’aurais ajouté, pour le plaisir, que le premier Tesla Roadster, qui était basé sur une Lotus Elise, avait une carrosserie en fibre de carbone fabriquée par Sotira 35 en Bretagne, à Saint-Méloir-des-Ondes. J’aurais également mentionné que le réseau de recharge mis en place par Tesla à travers le monde est toujours un modèle du genre, ne serait-ce que grâce à sa simplicité d’utilisation.
La spéculation entourant Tesla est réelle. De nombreux spéculateurs boursiers ont pris des risques, ce qui représente des dangers pour toutes les parties. Il est vrai que le nouveau Roadster, le Semi et le Cybertruck accusent un retard. Cependant, si l’on met de côté les défis à relever pour leur mise au point, l’avenir de Tesla reposait sur les revenus générés par les ventes de la Model 3. C’est pourquoi l’entreprise s’est concentrée sur ce modèle.
En ce qui concerne l’Autopilot, il est légitime de remettre en question la confiance excessive accordée par certains automobilistes ainsi que le double discours du constructeur… Vilebrequin ne se trompe pas sur ces points.
Tesla, le futur ?
Tesla est-il l’avenir ? Le constructeur américain n’est pas le seul à développer des voitures électriques. Les Chinois et les Coréens s’en sortent également très bien. De plus, les marques généralistes s’améliorent de plus en plus. Les progrès réalisés rendent obsolètes les arguments avancés par Pierre concernant l’innovation dans la création, la recharge, le recyclage des batteries et l’autonomie.
Il y a moins de 10 ans, à part chez Tesla, l’autonomie moyenne était d’environ 125 à 150 km. Aujourd’hui, plusieurs modèles offrent une autonomie réelle de 400 km dans des conditions similaires. La puissance de recharge en courant continu était souvent limitée à 50 kW. Plusieurs marques, dont Porsche, Kia et Hyundai, ont dépassé les 200 kW. D’autres suivront rapidement.
La composition des batteries évolue constamment pour réduire l’utilisation de matériaux sensibles et offrir de meilleures performances. Le recyclage des batteries progresse pour atteindre des taux de plus de 90 %. Les cellules à électrolyte solide et/ou à base d’autres produits chimiques font leur apparition. En quelques années seulement, la capacité énergétique des batteries a doublé.
L’obligation d’une voiture thermique dans le foyer
“Les personnes qui achètent un véhicule électrique n’en possèdent pas qu’un seul : ils ont forcément un véhicule thermique”, affirme Pierre. Non, sérieusement ? Avec tous les progrès en termes d’autonomie, de vitesse de recharge et de maillage des bornes, de plus en plus de foyers possèdent uniquement une voiture électrique. Ou une pour monsieur et une pour madame, toutes les deux branchées.
D’où vient cette idée d’ajouter une voiture supplémentaire dans le foyer ? Personnellement, je ne connais personne dans cette situation, bien que cela puisse arriver dans des cas isolés. Ce qui se fait souvent, en revanche, c’est qu’une personne passe à l’électrique tandis que l’autre conserve son véhicule thermique, sans ajouter de véhicule supplémentaire à la famille.
Passer toutes les voitures à l’électrique ?
Est-il judicieux de passer l’ensemble du parc automobile à l’électrique rapidement ? Accélérer la mise au rebut des voitures à essence et diesel pour accélérer la production de véhicules électriques, alors que l’urgence climatique exige au contraire de réduire l’impact carbone de l’industrie automobile, n’est pas nécessairement une bonne idée.
La transition vers la mobilité électrique aurait dû commencer bien plus tôt, en autorisant notamment la conversion souple des voitures existantes. Par exemple, il serait possible de transformer une Citroën C3 ou une Renault Twingo qui fonctionnent habituellement à l’essence. Sur des modèles comme ceux-ci, il n’y a rien à perdre. Leurs moteurs ne sont pas particulièrement mélodieux. Alors, allons-y sans hésiter.
Il ne faut pas non plus négliger les autres solutions. Le bioGNV, par exemple, peut remplacer l’essence, mais aussi le diesel, comme l’a démontré l’entreprise Lyptech avec ses utilitaires. L’éthanol, l’huile usagée, les carburants synthétiques, etc. : en période de transition urgente, toutes les options efficaces pour progresser vers une mobilité durable doivent être envisagées.
Pierre a raison de s’inquiéter de l’orientation vers une seule technologie. Sur ce point, je suis d’accord avec lui, s’il est sincère. Mais pas s’il s’agit de continuer à dépendre du pétrole.
Tuer le moteur thermique ?
Tuer le moteur thermique n’est pas forcément une bonne idée. En général, il faudrait également rouler moins, beaucoup moins, et pas seulement changer de source d’énergie. Est-ce compatible avec le rythme imposé par la société ? Voilà une question complémentaire. Qui est prêt à le faire ? Et que faire des transports en commun ? Un changement massif semble très difficile alors que l’individualisme est valorisé dans une période de pandémie persistante.
Je crois davantage au développement de petites solutions de mobilité au quotidien, comme le vélo, la trottinette, voire la marche lorsque c’est possible. Les jeunes générations s’y intéressent, et c’est une très bonne chose. Par exemple, mon fils possède une voiture de collection GTI depuis environ 5 ans. Mais il ne l’a jamais conduite. Il n’a même pas son permis de conduire. Après avoir subi des problèmes liés aux transports en commun, il a finalement opté pour une trottinette.
Il incarne parfaitement cette période de transition pleine de doutes, d’essais et d’échecs avant de trouver sa propre voie sur la route. La mobilité durable doit être diversifiée. Si je devais retenir un message de la vidéo raccourcie de Sylvain et Pierre, ce serait celui-là !