Le mécénat de compétences, ça vous parle ? Si ce n’est pas encore le cas, laissez-moi vous expliquer. Cette pratique est l’une des composantes du mécénat d’entreprise et encourage les entreprises à faire des dons, tant matériels que financiers, ou même en temps de travail, pour des actions d’intérêt général.
Mais pourquoi les entreprises devraient-elles se lancer dans cette démarche ? Eh bien, en échange de leurs dons, les entreprises mécènes peuvent bénéficier d’une réduction fiscale équivalente à 60% de la somme versée, dans la limite de 0,5% de leur chiffre d’affaires hors taxes. Mais attention, il est crucial de souligner que cet avantage fiscal ne doit jamais être la seule motivation pour s’engager dans le mécénat.
Maintenant que nous avons éclairci ce point, parlons des différentes formes que peut prendre le mécénat de compétences. En effet, il peut se manifester de deux manières juridiques : par une prestation de services ou par un prêt de main-d’œuvre à titre gratuit.
Des exemples d’actions de mécénat de compétences
Les structures bénéficiaires du mécénat de compétences ont des besoins très variés. Elles offrent une grande diversité de missions aux collaborateurs prêts à les soutenir. Ces missions peuvent être des coups de pouce, c’est-à-dire des missions ponctuelles ne nécessitant pas d’expertise spécifique, souvent associées à du bénévolat. Elles peuvent également faire appel à des compétences spécifiques dans des domaines tels que la communication, le marketing, la finance, le droit, etc. Enfin, il peut s’agir de missions de parrainage ou de mentorat, visant à accompagner durablement un bénéficiaire, ou encore de missions réalisées en équipe au service d’une association ou de ses bénéficiaires, dans le cadre d’un team building solidaire.
Prenons quelques exemples concrets pour mieux comprendre. Johanna, responsable entrepôt chez Carrefour Supply, a eu l’opportunité de réaliser une mission de 3 semaines pour la branche logistique d’Emmaüs Défi, partenaire historique du groupe Carrefour. Pendant cette mission, Johanna a travaillé sur l’optimisation des livraisons en Île-de-France et sur la création d’un outil de calcul de l’encombrement des entrepôts. Cette expérience lui a permis de remettre en question ses pratiques professionnelles et de prendre du recul sur des aspects managériaux.
Dans un autre exemple, l’entreprise D&Consultants a organisé une demi-journée de solidarité avec HopHopFood, une association luttant contre le gaspillage alimentaire en redistribuant des denrées aux personnes en précarité. Au cours de cette journée, les salariés ont été formés aux méthodes de démarchage de l’association, puis ils sont partis en binôme convaincre des commerçants de rejoindre cette cause. Le temps fort de cette expérience a été la remise des prix aux groupes les plus convaincants.
Les entreprises et le mécénat de compétences
Les entreprises jouent un rôle essentiel dans le mécénat de compétences. Au sein de l’organisation, plusieurs parties prenantes s’impliquent dans cette démarche, principalement les équipes RSE et RH, mais aussi le département communication, le comité social et économique (CSE), la direction et les managers eux-mêmes.
Le mécénat de compétences présente de nombreux avantages pour ces différentes parties prenantes. Pour la direction, il permet de renforcer sa marque employeur en plaçant les collaborateurs au cœur de la transformation de l’entreprise. Pour les ressources humaines, c’est un levier pour individualiser la gestion des parcours de carrière, renforcer l’attractivité de l’entreprise et fidéliser les talents. Quant aux managers, cela leur offre une occasion unique de développer de nouvelles compétences au sein de leur équipe, telles que l’agilité, la flexibilité, l’esprit entrepreneurial ou encore l’empathie.
Cependant, certains freins peuvent empêcher l’entreprise de se lancer dans le mécénat de compétences. La méconnaissance du dispositif, ainsi que du secteur associatif auquel il est lié, constitue un premier obstacle. De plus, les managers craignent souvent de perdre opérationnellement un salarié, tandis que les ressources humaines redoutent le coût de sa mise à disposition hors de l’entreprise. Enfin, la crainte d’accélérer les départs ou le désengagement de certains collaborateurs peut également freiner les structures.
Mais alors, comment lever ces freins et mettre en place un mécénat de compétences réussi ? Plusieurs étapes sont nécessaires, notamment la construction de programmes d’engagement pertinents par rapport à la stratégie et à la politique RSE de l’entreprise, l’adaptation des démarches selon les typologies de salariés concernés, l’identification d’associations partenaires cohérentes, la conception de missions adaptées à l’écosystème de l’entreprise, la mise en place d’outils de pilotage et d’évaluation, ainsi qu’une communication simple et transparente pour toutes les parties prenantes.
En conclusion, le mécénat de compétences offre de nombreuses opportunités tant pour les entreprises que pour les bénéficiaires de ces actions. C’est une démarche qui permet de créer de la valeur à la fois sur le plan social et sur le plan professionnel. Alors, pourquoi ne pas se lancer dans l’aventure et mettre votre expertise au service d’une cause qui vous tient à cœur ?