A l’occasion de la Journée mondiale contre l’excision, il est important de mettre en lumière cette pratique rituelle barbare qui continue de toucher des millions de femmes et de fillettes dans le monde, dont des milliers en France.
Qu’est-ce que l’excision ?
L’excision est une forme de mutilation sexuelle qui consiste à retirer le clitoris, ou du moins une partie de celui-ci, chez une enfant ou une adolescente. Cette pratique est malheureusement courante dans de nombreux pays d’Afrique (tels que l’Égypte, le Soudan, la Somalie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal), mais également en Indonésie, en Malaisie, au Pérou, en Colombie et en Inde. Selon les Nations unies, près de 200 millions de filles et de femmes ont subi une forme de mutilation génitale dans les pays les plus touchés.
Quel est le but de cette pratique ?
De nombreuses raisons sont invoquées pour justifier cette mutilation, telles que l’interdiction de l’accès des femmes à l’orgasme, considéré comme malsain, le renforcement du plaisir sexuel masculin, des raisons prétendument hygiéniques (bien que démenties à l’unanimité par les médecins) ou encore des croyances ancestrales (initiation à l’état de femme, peur que le clitoris n’empoisonne l’homme ou l’enfant à la naissance). Cependant, il est clair que l’excision est une manifestation extrêmement violente de la domination masculine exercée sur les femmes dans les pays où elle est pratiquée. Pour Isabelle Gillette-Faye, directrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles et du mariage forcé : “Le clitoris est un organe qui ne sert qu’au plaisir. Si on en coupe une partie, c’est pour empêcher les femmes d’en avoir.”
Quelle est la situation en France ?
Malheureusement, l’excision est également présente en France, où environ 53 000 femmes ont été excisées. Trois adolescentes sur dix, dont les parents viennent de pays pratiquant l’excision, sont menacées d’être excisées lors d’un séjour à l’étranger, le plus souvent. Parmi elles, une sur dix finira par être excisée.
Quelles sont les conséquences pour les femmes excisées ?
Les conséquences de cette pratique sont extrêmement graves. Les femmes excisées souffrent de douleurs constantes, d’hémorragies, d’infections, de problèmes urinaires, d’une diminution du plaisir sexuel, de complications lors de grossesses et d’accouchements, ainsi que de traumatismes psychologiques profonds. Heureusement, des techniques médicales ont été développées pour soigner les femmes mutilées. Par exemple, la gynécologue Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), propose une chirurgie réparatrice.
Que dit la loi à ce sujet ?
En France, l’excision est sévèrement punie par la loi. Les auteurs de ces mutilations encourent des peines de prison allant de dix à vingt ans, selon l’âge de la victime, voire jusqu’à trente ans si celle-ci décède des suites de l’excision. Depuis 2013, il est également puni d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende d’inciter quelqu’un à se faire exciser ou à pratiquer l’excision sur une tierce personne. La victime peut porter plainte jusqu’à vingt ans après sa majorité, soit jusqu’à l’âge de 38 ans, afin de condamner ces violences devant la justice française.
Pour sensibiliser et prévenir ce fléau, la première campagne de prévention à destination des adolescentes de 12 à 18 ans a été lancée par le réseau associatif “Excision, parlons-en !” en mars 2017. Cette année, l’association met à disposition un tchat numérique sur son site Internet, permettant aux jeunes de s’informer de manière anonyme et gratuite auprès de professionnelles.
Il est essentiel de rappeler que la loi française protège toutes les filles vivant sur le territoire, quelle que soit leur origine. L’excision est une pratique inhumaine qui doit être combattue avec fermeté tant au niveau national qu’international.
