La laïcité est un principe fondamental de la République française. Depuis la Révolution française, ce principe a été affirmé dans l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, qui garantit la liberté d’opinion, y compris religieuse, tant que celle-ci ne perturbe pas l’ordre public établi par la loi.
Cependant, c’est sous la IIIe République que la laïcité a réellement été définie et ancrée dans la société française. Elle est devenue un moyen pour le nouvel État républicain de soustraire les citoyens à l’influence de l’Église catholique. L’école a été au cœur de cette lutte, avec la loi Ferry du 28 mars 1882 remplaçant l’enseignement religieux par l’enseignement moral et civique, et accordant un jour de congé par semaine aux élèves pour permettre aux parents de donner une instruction religieuse en dehors des établissements scolaires. La loi Goblet du 30 octobre 1886 a ensuite laïcisé l’ensemble du personnel de l’enseignement primaire.
La laïcité a été officiellement institutionnalisée par la loi du 9 décembre 1905, qui a séparé l’Église et l’État. Cette loi a proclamé la neutralité de l’État envers les différentes religions, affirmant que la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Cependant, la laïcité ne se limite pas à la neutralité de l’État. Elle repose également sur la liberté de conscience et de culte, garanties par la loi du 9 décembre 1905.
En 1946, la laïcité a été érigée en principe constitutionnel, affirmant que la France est une République laïque, démocratique et sociale. La Constitution du 4 octobre 1958 a repris cette disposition en ajoutant que la République assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion.
Cependant, à la fin du XXe siècle, l’application du principe de laïcité a suscité de plus en plus de tensions. Les controverses ont notamment porté sur la question du voile islamique dans les établissements scolaires. En 1989, trois élèves ont été exclues d’un collège de Creil après avoir refusé de retirer leur foulard en classe. Par la suite, les atteintes à la laïcité se sont multipliées dans les services publics et dans l’espace public.
En 2003, le président Jacques Chirac a créé une commission de réflexion chargée d’étudier l’application du principe de laïcité dans la République. Suite à la publication de son rapport, une loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les établissements scolaires publics a été promulguée en 2004.
La laïcité continue d’évoluer et d’être débattue en France. Des chartes de la laïcité ont été adoptées pour clarifier les principes de laïcité dans les services publics et les écoles.
Bibliographie :
- BAUBÉROT Jean, Histoire de la laïcité en France, Paris, Seuil, 2013.
- BAUBÉROT Jean, Laïcité 1905-2005, entre passion et raison, Paris, Seuil, 2004.
- MAYEUR Jean-Marie, La Question laïque (XIXe-XXe siècles), Paris, Fayard, 1997.
- RÉMOND René, Religion et société en Europe. La sécularisation aux XIXe et XXe siècles, Paris, Seuil, 2001.
- WEIL Patrick (dir.), Politiques de la laïcité au XXe siècle, Paris, PUF, 2007.