Lorsqu’on évoque l’histoire du camp de Rivesaltes, on se replonge dans une période sombre de la France. Ce camp, situé dans le sud du pays, a été le témoin des tragédies vécues par de nombreux individus pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un décret français
Le décret français sur l’internement administratif des “étrangers indésirables” du 12 novembre 1938 a établi la détention administrative de personnes considérées comme une “menace potentielle” pour la France. À l’époque, cette loi visait principalement les réfugiés venant d’Allemagne nazie, d’Europe centrale et orientale. Le premier camp de détention à ouvrir fut le camp de Rieucros en Lozère en janvier 1939.
L’afflux des réfugiés
Cependant, très rapidement, ce décret fut utilisé pour accueillir des milliers d’Espagnols républicains et de civils fuyant la guerre civile espagnole, après la chute du front nord, ce qui était une évolution totalement inattendue pour le gouvernement français. Dans un contexte de xénophobie prononcée, la réponse à l’arrivée de 450 000 Espagnols, qui s’installèrent principalement dans des camps sur les plages de Roussillon, Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et Barcarès, fut la construction d’une trentaine de camps d’internement.
L’établissement du régime de Vichy
L’établissement du régime autoritaire de Vichy en juillet 1940 a rendu la politique d’exclusion des étrangers indésirables plus répandue, ainsi que l’antisémitisme institutionnalisé. En quelques mois seulement, plus de 50 000 personnes ont été envoyées dans ces camps du sud de la France. Le centre d’hébergement de Rivesaltes a été officiellement ouvert le 14 janvier 1941. Les internés espagnols étaient accompagnés de Juifs étrangers et de gitans français, qui avaient été évacués d’Alsace-Moselle en raison des restrictions de déplacement visant les nomades.
Un rôle clé dans la politique de collaboration
Les conditions de santé précaires et le manque de fournitures de base ont rendu la vie au camp très difficile. En 1942, des milliers de Juifs étrangers sont arrivés à Rivesaltes lorsque le camp est devenu un centre d’hébergement interrégional pour les Israélites, connu sous le nom de “Drancy du Sud”. Le camp a joué un rôle clé dans la politique de collaboration de la France en rassemblant des Juifs étrangers pour les déporter à Auschwitz.
La résistance et l’espoir
Sur les 5 000 internés juifs à Rivesaltes, 2 289 hommes, femmes et enfants ont été envoyés dans neuf convois différents entre le 11 août 1942 et novembre 1942. Cependant, plus de la moitié ont échappé au sort de ces convois grâce au travail d’organisations humanitaires (la Croix-Rouge suisse, OSE, Cimade, YMCA, Unitarian Service, etc.), ainsi qu’aux efforts de Paul Corazzi, le représentant du préfet. En moins de deux ans, 17 500 personnes ont été internées à Rivesaltes, dont 53% étaient des Espagnols, 40% étaient des Juifs étrangers et 7% étaient des gitans français.
Aujourd’hui, le mémorial du camp de Rivesaltes rappelle ces moments difficiles de l’histoire et rend hommage aux victimes de l’internement. Il nous rappelle l’importance de ne jamais oublier ces événements tragiques et de promouvoir la tolérance et le respect dans notre société.