L’Ifpen, anciennement connu sous le nom d’Institut français du pétrole, est célèbre pour ses recherches sur l’industrie pétrolière. Aujourd’hui, cet institut a publié une étude approfondie sur l’intérêt de l’hybridation rechargeable avec de l’E85 par rapport à la voiture électrique. Cette étude a été commandée par le Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole, l’Association Interprofessionnelle de la Betterave et du Sucre et l’Intercéréales.
Le cas d’étude
L’étude menée par l’Ifpen a porté sur plusieurs types de véhicules, dont une berline compacte de segment C. Malheureusement, les modèles précis utilisés pour l’essai n’ont pas été divulgués. Toutefois, le poids de la voiture était comparable aux Peugeot 308 et Renault Mégane, ce qui correspond bien au parc automobile français. Les tests sur le modèle hybride rechargeable E85 ont été effectués avec une répartition de 40 % d’utilisation électrique et 60 % d’utilisation de l’E85. Les tests ont été réalisés sur le cycle Artemis, qui se rapproche des conditions réelles de conduite.
Moins de CO2, même en France
Les conclusions de l’étude de l’Ifpen sont les suivantes :
- En France, l’utilisation d’un moteur hybride rechargeable alimenté exclusivement à l’E85 est aussi performante, voire plus, que la voiture électrique en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Cela est particulièrement vrai pour une utilisation réelle de l’hybride rechargeable, avec 40 % des kilomètres parcourus en mode tout électrique et 60 % en mode thermique.
- Sur l’ensemble de l’Europe, où le mix électrique est plus carboné, l’hybride rechargeable E85 est même plus écologique que la voiture électrique.
Il est important de noter que cette étude a pris en compte tous les aspects liés aux émissions de GES, de la production de la batterie jusqu’à l’utilisation du carburant.
Les biocarburants, une vraie alternative ?
L’Ifpen souligne également que l’utilisation de l’E85 avec une motorisation hybride non rechargeable est très pertinente. Malheureusement, en dehors de Ford, peu de constructeurs ont adopté cette solution. De plus, bien que des kits de conversion soient disponibles, rien ne vaut un moteur spécialement conçu pour brûler de l’E85. Malheureusement, l’offre de voitures compatibles reste limitée et les investissements dans le secteur de l’électrique sont si coûteux que les constructeurs se concentrent principalement sur cette technologie.
Il convient également de mentionner que les conclusions de l’étude sont basées sur une durée de vie de 150 000 km. Au-delà de cette distance, les voitures électriques deviennent plus avantageuses en termes d’émissions de GES, notamment grâce à l’amortissement des émissions liées à la production de batterie.
Les enjeux des biocarburants
Il est important de noter que l’utilisation des terres pour produire des biocarburants plutôt que de la nourriture suscite des débats. Cette étude ne prend probablement pas en compte l’impact potentiel de la culture des céréales nécessaires à la production d’E85, notamment en termes d’utilisation de l’eau, une ressource devenue précieuse. De plus, l’agriculture intensive pour la production de carburants plutôt que d’aliments a des conséquences sur les sols. Toutefois, en France, l’utilisation des terres agricoles pour les biocarburants reste modérée, avec seulement 3 % de la surface agricole utilisée à cette fin. En comparaison, aux États-Unis, 40 % du maïs produit est destiné à l’industrie des carburants. Une récente étude de l’Académie nationale des sciences a même montré que les biocarburants contribuent davantage au réchauffement climatique que l’essence produite à partir du pétrole.
En conclusion, l’hybride rechargeable avec de l’E85 semble être une alternative plus écologique que la voiture électrique, du moins dans certaines conditions d’utilisation. Cependant, il est essentiel de considérer tous les aspects liés à la production et à l’utilisation des biocarburants afin de prendre des décisions éclairées.