Portrait type d’un hypersensible
Avez-vous souvent l’impression que votre cerveau est en ébullition, que mille et une pensées fusent en permanence ? Êtes-vous un hyper-perfectionniste au point de vous épuiser ? Alors, il se pourrait que vous soyez, peut-être, hypersensible. Mais attention, il ne s’agit pas d’une pathologie ou d’une fragilité, mais plutôt d’un trait de personnalité, d’une force à maîtriser. C’est un peu comme Peter Parker, alias Spider-Man, un adolescent hypersensible qui détient des super-pouvoirs et qui doit apprendre à gérer ses grandes responsabilités.
Comment savoir si l’on est hypersensible ?
Comment reconnaître les signes de l’hypersensibilité qui toucherait entre 15 et 20% de la population générale ? Comment apprivoiser cet état et s’adapter au mieux à son environnement ? Comment vivre en harmonie avec ses proches, sa famille, ses amis, ses collègues de travail, et son partenaire ?
Les voix des experts
Pour répondre à ces questions, nous avons invité des experts reconnus dans le domaine de l’hypersensibilité :
- Maurice Barthélémy, scénariste et réalisateur, auteur du livre “Fort comme un hypersensible”.
- Charlotte Wils, psychopraticienne, coach certifiée et conférencière spécialisée dans l’accompagnement des personnes hypersensibles.
- Fabrice Midal, docteur en philosophie, fondateur de l’Ecole occidentale de méditation, auteur du livre “Suis-je hyper sensible ? Enquête sur un pouvoir méconnu”.
- Aurélia Schneider, médecin psychiatre spécialisée en psychothérapies comportementales et cognitives, auteure du livre “La charge mentale des femmes. Et celle des hommes”.
- Marie-Laure Zonszain, représentant du partenariat avec Femme Actuelle.
- Eric Libiot, journaliste pour Choses (presque) Vues.
Portrait type d’un hypersensible selon les experts
D’après Charlotte Wils, le premier signe d’hypersensibilité est souvent un sentiment de décalage avec les autres, que ce soit au travail ou même au sein de sa propre famille ou de son couple. Les hypersensibles possèdent également une grande empathie, ils ressentent ce que les autres ressentent.
Fabrice Midal témoigne de son expérience personnelle en tant qu’hypersensible. Il raconte que dans son enfance, il avait du mal à gérer ses émotions. Être conscient de son hypersensibilité a été une véritable libération pour lui. Cela lui a permis de comprendre qu’il avait une singularité qui pouvait devenir un don extraordinaire s’il apprenait à l’explorer.
Maurice Barthélémy, lui aussi hypersensible, décrit l’hypersensibilité comme une surcharge d’informations sensorielles qui peut être submergante. Il explique que son travail consiste à calmer cet afflux d’informations pour y voir plus clair et prendre des décisions plus facilement.
L’hypersensibilité à travers l’histoire
Fabrice Midal, dans ses recherches, a découvert que l’hypersensibilité était déjà mentionnée par Aristote dans l’Antiquité. Il souligne que les grands hommes politiques et scientifiques étaient également des hypersensibles, capables de percevoir des signaux faibles que les autres ne remarquaient pas. L’hypersensibilité n’est donc pas juste un phénomène de mode, mais a une longue histoire.
L’importance de l’environnement pour l’hypersensible
Fabrice Midal explique que l’environnement joue un rôle essentiel dans la manière dont l’hypersensibilité se manifeste. Un environnement empathique et compréhensif permet à l’hypersensible de transformer cette sensibilité en force. Il compare les enfants hypersensibles à des orchidées qui ont besoin de soins particuliers pour s’épanouir. Une étude réalisée aux États-Unis a d’ailleurs montré que les enfants hypersensibles résistaient plus que les autres à la tentation de jouer avec des jouets interdits par respect de la parole donnée.
L’hypersensibilité : innée ou acquise ?
Selon Fabrice Midal, il y a un fort facteur génétique dans l’hypersensibilité. Cependant, il précise que n’importe qui peut devenir hypersensible dans un environnement hostile. L’hypersensibilité met en avant des traits qui sont présents chez tous les êtres humains, mais qui sont génétiquement plus intensifiés chez les hypersensibles.
Comment repérer un enfant/ado hypersensible ?
Selon Charlotte Wils, les enfants et adolescents hypersensibles ont tendance à s’isoler des grands groupes et à rechercher l’intimité et l’harmonie dans leurs relations. Ils ont besoin d’un lien d’amitié profond et d’une communication basée sur l’empathie. Les enseignants et les parents peuvent repérer ces enfants en observant leur comportement dans la cour de récréation.
L’éclairage d’une psychiatre
D’après Aurélia Schneider, il n’est pas pathologique d’être sensible ou hypersensible. L’hypersensibilité est en réalité une forme d’empathie très développée. Les personnes hypersensibles ont la capacité de percevoir et d’exprimer intensément leurs émotions et leurs sentiments. Elle souligne également que cette sensibilité peut varier selon les individus et les événements qu’ils traversent.
Ne pas confondre hyper émotivité et hypersensibilité
Il est essentiel de distinguer l’hyper émotivité de l’hypersensibilité. Maurice Barthélémy met en garde contre la confusion entre ces deux termes. Les hypersensibles peuvent certes être émotifs, mais il existe de nombreuses autres caractéristiques propres à l’hypersensibilité. Certaines personnes hypersensibles ne sont pas forcément très émotives.
Les risques de refuser son hypersensibilité
Refuser son hypersensibilité conduit à privilégier un “faux self” au détriment du “vrai self”. Ce “faux self” est une façade construite pour répondre aux attentes de la société et finit par étouffer la véritable personne. Pour les hypersensibles, vivre dans cette carapace est de plus en plus douloureux, car ils ont l’impression de passer à côté de leur vie et de ne pas être en accord avec eux-mêmes.
En conclusion, l’hypersensibilité est un trait de personnalité à appréhender avec bienveillance et compréhension. Elle peut être une force si elle est acceptée et explorée.