La bataille entre les distributeurs continue de faire rage. Deux jours après une réunion à Bercy pour lutter contre la hausse persistante des prix alimentaires, notamment en élargissant le périmètre des paniers “anti-inflation” et en anticipant les négociations commerciales avec les industriels, Lidl lance une flèche à ses concurrents. Le géant de la grande distribution à bas prix vient en effet de publier un comparateur de prix incluant cinq enseignes : Lidl, Leclerc, Intermarché, Système U et Carrefour.
Les Résultats du Comparateur
Les résultats de ce comparateur, qui prend en compte à la fois les prix des marques nationales et ceux des marques de distributeurs, montrent que Carrefour est presque 13% plus cher que Lidl, Système U est 9,6% plus cher et Intermarché est plus de 6% plus cher. Surtout, Lidl a réussi à détrôner Leclerc, dont les prix affichés en drive sont en moyenne 2% plus élevés. En juin dernier, Leclerc avait publié les résultats de sa propre campagne comparative, mais elle était limitée aux seules marques nationales. À ce moment-là, Lidl affichait des prix 3,1% plus élevés que Leclerc, tout comme Aldi, tandis que Système U ne présentait qu’une différence de 5,4% et Carrefour atteignait environ 12%.
Dominique Schelcher (Système U) Dénonce cet “Obscur Comparateur de Prix Interne”
La publication de ce comparateur de prix par Lidl n’a pas tardé à susciter une réaction de Dominique Schelcher, le PDG de Système U, qui remet en question la méthodologie utilisée par le discounter ainsi que son manque de transparence. “Lidl a toujours refusé de transmettre ses données de caisse aux panélistes, ce qui signifie qu’il refuse de comparer ses prix à ceux de ses concurrents”, a-t-il déploré sur son compte Twitter. “Aujourd’hui, ils sortent un obscur comparateur de prix interne incluant un nombre symbolique de références, dont des marques de distributeurs dont les cahiers des charges ne sont pas comparables. Est-ce sérieux ?”
Dans le cadre de ce comparateur, Lidl explique avoir concentré ses efforts sur quatre univers de produits : l’épicerie (sucrée et salée), les produits frais en libre-service, les liquides et la parfumerie hygiène. Entre 200 et 300 produits de marques de distributeurs ou de marques nationales ont été inclus dans les relevés de prix effectués le 4 août, tandis que la société indépendante A3 Distrib, filiale du panéliste Nielsen, a scruté environ 2900 drives.
Si les produits de marques nationales ne varient pas d’un magasin à l’autre, Lidl et le laboratoire indépendant Sensor E Panel ont appliqué trois critères de comparabilité aux produits de marque de distributeur. Premièrement, ils doivent être composés de matières premières comparables “et ne doivent pas présenter de différences majeures dans la composition des ingrédients principaux”. De plus, le poids net des produits concurrents ne doit pas être inférieur à celui de Lidl de plus de 20%. Enfin, les valeurs nutritionnelles des produits doivent être comparables.
Toutefois, malgré les critiques de Système U, Lidl affirme que son comparateur de prix est transparent et basé sur des critères de comparabilité clairs. Quoi qu’il en soit, cette initiative met en lumière la bataille féroce pour attirer les consommateurs soucieux de leur budget dans un contexte d’inflation persistante.