L’Islam: Une Religion en Croissance

L’Islam: Une Religion en Croissance

L’Islam est l’une des principales religions dans le monde, connue pour sa croissance rapide tant à l’échelle mondiale que canadienne. Avec environ 1,6 milliard de fidèles répartis dans le monde, principalement en Asie du Sud et en Asie centrale, au Moyen-Orient ainsi qu’en Afrique de l’Est et du Nord, l’Islam joue un rôle central dans la vie de nombreux musulmans.

Le terme “Islam” provient du mot arabe “silm”, qui signifie soumission, obéissance, abandon et paix. Les musulmans, les adeptes de l’Islam, croient que cette religion est la voie révélée par Dieu (Allah) à une succession de prophètes, parmi lesquels Abraham, Moïse, Jésus et Mohammed, afin de guider l’humanité. Ainsi, les croyants de ces prophètes antérieurs sont considérés comme partageant le même message divin.

Choisir l’Islam, c’est choisir de vivre selon la volonté révélée de Dieu, de s’abandonner à Lui et d’être vertueux. L’observance individuelle et collective des doctrines de la foi, associée au message islamique selon lequel tous les êtres humains sont égaux, conduit à la résolution des conflits. Les enseignements de l’Islam sont consignés dans le Coran, le livre sacré des musulmans. Selon la croyance, ce livre a été révélé par Dieu à travers l’ange Gabriel au prophète Mohammed entre 610 et 632. Ces enseignements guident les pratiques et les croyances des musulmans.

Les musulmans sont tenus de respecter les commandements de la charia, la loi islamique, qui établit les droits et les responsabilités à travers un système juridique et éthique élaboré au fil des siècles. La charia est principalement basée sur le Coran et les enseignements du prophète Mohammed (la sunna). Elle définit ce qui est considéré comme halal (acceptable) et haram (interdit). Bien qu’il n’y ait ni clergé ni sacrements dans l’Islam, les commandements divins imposent certaines pratiques rituelles. Les “cinq piliers de l’Islam”, qui comprennent le témoignage de foi, la prière régulière, le don de bienfaisance annuel, le jeûne pendant le mois de Ramadan et le pèlerinage à La Mecque, sont des pratiques religieuses essentielles pour tous les croyants. Chacun de ces piliers nécessite une intention consciente de purification, rappelant ainsi au fidèle sa relation avec Dieu.

La Pratique de la Religion

La chahada, qui est l’affirmation de la foi, est un témoignage bref et détaillé qui doit être récité et affirmé par tous les musulmans. Cette déclaration, en arabe, signifie : “Je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu et que Mohammed est son messager”. Elle affirme un monothéisme radical et spécifie que la révélation à Mohammed est la vérité ultime. Cette affirmation est même murmurée à l’oreille des nouveau-nés pour leur rappeler l’engagement primordial que chaque individu prend avec Dieu, de même qu’à l’oreille des défunts en préparation du jugement divin.

La salat, ou prière rituelle, est prescrite aux fidèles cinq fois par jour, à l’aube, à midi, dans l’après-midi, au crépuscule et à la nuit tombée. Cette prière doit être effectuée en direction de La Mecque. À travers ces prières, la vie quotidienne est placée sous le signe de la dévotion à Dieu. Avant la prière, il est nécessaire de purifier le cœur, l’esprit et le corps, d’où la pratique rituelle des ablutions. Les prières comprennent des récitations liturgiques effectuées debout, agenouillé ou prosterné.

La zakat, ou aumône, est un acte de purification. Le Coran enseigne que la prière et la zakat vont de pair. L’engagement envers Dieu est incomplet sans les responsabilités envers la communauté. La zakat représente 2,5% du total des biens d’une personne et doit être versée aux pauvres, aux veuves, aux orphelins ou à des œuvres de bienfaisance.

Pendant le saoum, le jeûne du mois lunaire de Ramadan, qui dure 29 ou 30 jours, les croyants s’abstiennent de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles depuis l’aube, c’est-à-dire du moment où il est impossible de distinguer un fil blanc d’un fil noir, jusqu’au crépuscule. Le mois de Ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique, et l’Id-al-Fitr marque la fin du jeûne et le premier jour du mois de Shawal, le dixième mois du calendrier islamique. La période du jeûne est un temps de pénitence et de discipline. L’expérience de la privation, associée à la gratitude et à la célébration de la fin de chaque journée de privation, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté.

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Le hadj, ou pèlerinage à La Mecque, est un devoir pour les croyants qui en ont les moyens financiers, et il doit être effectué au moins une fois dans leur vie. Il commémore l’allégeance d’Abraham envers Dieu et son intention de sacrifier son fils, Ismaël selon la tradition musulmane, plutôt qu’Isaac. Le pèlerinage commence par un acte de repentance devant Dieu et la demande de pardon aux proches avant le voyage vers La Mecque. Les pèlerins portent deux pièces de tissu blanc symbolisant la fraternité universelle (umma) à laquelle ils appartiennent ainsi que leur désir de renouveau spirituel. Le pèlerinage des femmes ne diffère pas en termes de motifs, d’intentions ou de signification, mais elles ont des codes vestimentaires différents pour se conformer aux exigences islamiques du port du hijab. Le pèlerinage rappelle et recrée les événements marquants liés à la vie d’Abraham et de sa famille. En plus de s’abstenir des plaisirs de la vie, le pèlerin médite sur le mont Arafat lors du rituel de lapidation du diable, effectué autour d’un pilier qui symbolise l’endroit où Satan aurait tenté Abraham pour qu’il ne remplisse pas ses devoirs. Le sacrifice rituel d’un animal, en commémoration du sacrifice d’Abraham, le rasage ou la coupe des cheveux et une marche entre les montagnes Safa et Marwa pour rappeler la tentative désespérée de Hagar de trouver de l’eau pour Ismaël dans le désert sont également des rituels importants du pèlerinage. Enfin, la procession autour de la Kaaba, le sanctuaire construit par Abraham et Ismaël en l’honneur de Dieu, qui constitue le point central de la Grande Mosquée de La Mecque, vient compléter le pèlerinage.

Lieu de culte islamique par excellence, la mosquée se caractérise par son intérieur spacieux et ouvert, ainsi que par un toit en forme de dôme et un minaret, une tour d’où le muezzin appelle les fidèles à la prière. Les mosquées sont laïques et ouvertes à tous les musulmans. Les services religieux sont célébrés quotidiennement au mihrab, une alcôve semi-circulaire située face à La Mecque. Cependant, le vendredi, avant la prière du midi, l’imam ou le khatib prononce un sermon depuis une chaire appelée minbar, tandis que les fidèles sont assis devant lui sur des tapis au centre de l’édifice. Au Canada, la première mosquée, Al Rashid, a été construite à Edmonton en 1938, puis déplacée plus tard au parc historique Fort Edmonton. D’autres mosquées et centres musulmans ne sont apparus dans les principaux centres urbains qu’à partir des années 1950 et 1970. Les mosquées sont généralement gérées par la communauté des fidèles.

La Présence de l’Islam au Canada

La présence de l’Islam au Canada est le résultat de divers facteurs, notamment les politiques d’immigration, les bouleversements économiques et politiques dans les pays d’origine des musulmans. En 1871, seulement 13 musulmans étaient recensés au Canada. En 1931, leur nombre avait atteint 645, principalement en provenance du Liban, de l’Albanie, de la Syrie, de la Yougoslavie et de la Turquie. Après la Seconde Guerre mondiale, l’afflux d’immigrants a considérablement augmenté, atteignant 33 370 en 1971. La plupart de ces immigrants étaient hautement éduqués et occidentalisés, cherchant à partager la prospérité économique du Canada. Ils venaient principalement du Liban, de la Syrie, de l’Indonésie, du Maroc, de la Palestine, de l’Égypte, de l’Irak et de l’Asie du Sud. De 1966 à 1970, des milliers d’ouvriers indo-pakistanais ont immigré pour échapper à la discrimination en Afrique de l’Est et en Grande-Bretagne. Plus récemment, on compte parmi les immigrants musulmans des travailleurs venus du sud du Liban, de la Somalie et des Balkans fuyant la guerre, ainsi que des réfugiés politiques originaires de l’Iran et de l’Afghanistan.

Les premières communautés musulmanes se sont principalement établies en Ontario et en Alberta, puis dans les années 1930 au Québec. Depuis les années 1960, la plupart des musulmans qui arrivent au Canada choisissent de s’installer dans les grands centres urbains, et actuellement, environ 70% des musulmans vivent dans les zones métropolitaines de Toronto, de Montréal et de Vancouver. Selon le recensement de 2011 de Statistique Canada, plus de 1,05 million de Canadiens s’identifiaient comme musulmans, soit environ 3,2% de la population canadienne. Ces musulmans appartiennent à une grande variété de cultures ethniques et parlent différentes langues.

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Les Institutions Islamiques

La grande majorité des musulmans au Canada et dans le monde sont sunnites, tandis que d’autres sont chiites. Ces deux branches reflètent les divisions politiques qui ont marqué l’histoire de ce mouvement religieux. Bien que tous les musulmans vivent selon les préceptes du Coran et les enseignements de Mohammed, les chiites croient qu’Ali, le cousin et le gendre de Mohammed, a été désigné comme son successeur, et que la direction de la communauté (l’imamat) revient aux descendants de Mohammed. Les musulmans chiites duodécimains croient que l’imamat atteint son apogée avec la disparition du douzième imam en 874, tandis que les ismaéliens croient en une succession d’Imams descendants du Prophète sous l’autorité de l’Aga Khan. D’autres groupes existent au sein de ces deux branches, tels que les soufis, qui sont fidèles à la tradition mystique de l’Islam, ainsi que d’autres sectes considérées comme non islamiques par la majorité, comme les druzes, les alaouites et les qadyanis.

Au Canada, l’organisation des musulmans sunnites représente un défi particulier, car ils n’ont pas de leadership centralisé. L’organisation se fait traditionnellement à l’échelle locale. Cependant, des efforts sérieux ont été déployés au niveau national et continental. La Fédération des associations islamiques des États-Unis et du Canada a été créée dans les années 1950 par des musulmans de deuxième génération d’origine arabe. En 1962, l’Association des étudiants musulmans a été formée pour promouvoir la prise de conscience islamique parmi les étudiants musulmans en Amérique du Nord. En 1972, d’anciens étudiants ont créé un conseil indépendant, le Conseil des communautés musulmanes du Canada, dissous dix ans plus tard. Ce conseil visait à intégrer les musulmans dans d’autres groupes ethniques et linguistiques. Au fil du temps, les objectifs de ces organisations ont évolué pour tisser des liens entre les musulmans canadiens et d’autres groupes nationaux et internationaux, afin de mettre en place des camps pour les jeunes, d’offrir des bourses aux étudiants musulmans et de publier des manuels scolaires et des livres sur l’Islam. Aujourd’hui, l’Islamic Society of North America (ISNA) joue un rôle similaire. Les organisations et leurs objectifs évoluent en fonction de la diversité croissante de la communauté musulmane. Au Canada, des groupes influents se sont engagés dans la promotion de la politique des communautés musulmanes, notamment le Conseil canadien des relations américano-islamiques (CAIR-CAN), le Congrès islamique canadien (CIC), le Conseil canadien des femmes musulmanes et la fondation philanthropique Olive Tree Foundation. Le Congrès musulman canadien vise à encourager la discussion et l’interprétation de l’Islam qui diffèrent des croyances religieuses de la majorité des musulmans.

Défis et Accompagnement

Il est souvent difficile pour les immigrants de concilier les pratiques islamiques avec leur vie au Canada, en raison des pressions exercées par une société traditionnellement chrétienne et des différences culturelles et familiales. Rien ne rappelle aux musulmans qu’ils doivent effectuer les cinq prières quotidiennes, et obtenir du temps pour les prières et les fêtes religieuses nécessite souvent de demander des autorisations spéciales aux écoles et aux employeurs. Certains musulmans modernes remettent en question la nécessité de payer la zakat, car le gouvernement canadien s’occupe des personnes démunies. L’interdiction islamique de l’usure pose également problème, car les intérêts sur les achats font partie intégrante de la vie économique canadienne. Les restrictions alimentaires islamiques concernant les pratiques d’abattage des animaux, le porc et l’alcool sont souvent perçues comme des obstacles à l’intégration sociale.

La relation entre les hommes et les femmes constitue l’une des principales sources de tension entre les communautés musulmanes et la société canadienne dans son ensemble. La culture traditionnelle musulmane définit des rôles distincts pour chaque sexe, ce qui n’est pas courant dans les sociétés occidentales modernes. Certains groupes religieux, dont certains musulmans, estiment que le système juridique laïque ne tient pas suffisamment compte de leurs lois et traditions religieuses. En 2003 et 2005, des débats publics ont eu lieu en Ontario pour discuter d’une proposition visant à faciliter l’accès à l’arbitrage privé basé sur les croyances de la charia. Les femmes, les organisations juridiques et le Congrès musulman canadien se sont inquiétés des conséquences que cela pourrait avoir pour les personnes les plus vulnérables de la communauté. La Loi sur l’arbitrage en Ontario permet désormais l’arbitrage basé sur la foi lorsqu’il est accepté par toutes les parties concernées, ce qui permet de résoudre des litiges civils, notamment dans les domaines du divorce, de la garde des enfants et du droit des successions, en dehors des tribunaux officiels.

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Cependant, cette décision a soulevé de nombreuses inquiétudes. Certains craignent que l’arbitrage religieux puisse être injuste ou inefficace pour les femmes, que les normes internationales en matière de droits de la personne ne soient pas respectées et que toutes les interprétations possibles de la loi religieuse ne soient pas prises en compte. Certains se demandent même si les décisions rendues peuvent être appliquées en vertu des lois canadiennes. Cette controverse a incité le Premier ministre de l’époque, Dalton McGuinty, à charger l’ancienne ministre de la Justice et responsable des questions féminines, Marion Boyd, d’enquêter sur les risques associés à ce type de médiation. À la suite de cette enquête, Boyd a recommandé de permettre l’arbitrage privé basé sur la religion, tout en mettant en place des mesures appropriées de protection des droits des personnes vulnérables. Cependant, les réactions des citoyens ont incité McGuinty à interdire l’arbitrage religieux.

Le débat sur la laïcité et les accommodements religieux au Québec persiste depuis de nombreuses années. En 2013, le gouvernement du Parti québécois a proposé une Charte des valeurs québécoises, qui aurait interdit à tous les fonctionnaires de porter des symboles religieux, y compris le hijab, afin de préserver la laïcité de l’État. Cette initiative a été vivement critiquée par les défenseurs des droits des minorités religieuses, car elle porterait atteinte à leur liberté de religion. Le projet de loi n’a finalement pas été adopté. En 2019, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec de François Legault a adopté le projet de loi 21, qui interdit aux fonctionnaires occupant des postes d’autorité, tels que les enseignants, les policiers et les juges, de porter des symboles religieux. Cette loi a suscité des critiques de la part de nombreux militants musulmans, qui estiment qu’elle limite les opportunités d’emploi pour les femmes portant le hijab et qu’elle encourage l’islamophobie. Un sondage réalisé en 2022 a révélé que 55% des Québécois soutiennent le projet de loi 21.

L’Islam au Canada Aujourd’hui

Le débat sur l’Islam, le multiculturalisme canadien ou l’interculturalisme, ainsi que la diversité, est devenu plus complexe en raison des politiques et des événements internationaux, tels que les attentats terroristes du 11 septembre et les guerres qui ont suivi en Afghanistan et en Irak. Ces problèmes internationaux ont créé une méfiance entre les communautés musulmanes et les autorités gouvernementales. Une étude réalisée par Statistique Canada en 2006 a révélé que, sur 220 crimes de haine motivés par la religion, 21% étaient dirigés contre des musulmans ou l’Islam. En 2017, une attaque a été perpétrée contre une mosquée à Sainte-Foy, faisant six morts et cinq blessés.

Pourtant, des organisations communautaires musulmanes tendent la main à d’autres groupes religieux et communautaires. Depuis les années 1980, Islam West Associates encourage la compréhension mutuelle entre les musulmans et l’ensemble des Canadiens. Récemment, des efforts ont été déployés pour faire découvrir les contributions culturelles, scientifiques et artistiques des musulmans à la société canadienne dans le cadre d’expositions présentées dans certains des plus grands musées du pays. En 2014, une collection permanente d’objets d’art et d’artefacts du monde musulman a été inaugurée au musée Aga Khan de Toronto. En 2007, la CBC a diffusé la comédie Little Mosque on the Prairie, qui raconte les péripéties d’une petite communauté musulmane dans une région rurale de la Saskatchewan. Un documentaire intitulé Me and the Mosque, réalisé par la créatrice de Little Mosque, Zarqa Nawaz, explore le rôle des femmes dans les mosquées canadiennes. Il met également en lumière la prise de conscience des musulmans canadiens de deuxième génération qui cherchent à concilier leur héritage religieux avec la réalité canadienne.