L’objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035 : un défi tenable pour l’automobile ?

L’objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035 : un défi tenable pour l’automobile ?

La transition des véhicules thermiques vers l’électrique est devenue une nécessité climatique et industrielle. Cependant, cette bascule n’est pas sans conséquences sociales et industrielles. Dans son livre-enquête “Voiture électrique : ils sont devenus fous !” (Éditions de l’Observatoire), le journaliste François-Xavier Pietri met en garde contre les risques sociaux induits par cette transition, tels que les pertes d’emplois dans le secteur automobile et la disparition des stations-service. Il souligne également les difficultés rencontrées par les sous-traitants, les concessions et les distributeurs.

Repousser l’obligation du tout électrique au-delà de 2035 pourrait-il limiter ces dégâts ? Selon Bernard Jullien, expert en économie automobile, cela n’est pas certain. En effet, dans le passé, chaque fois que l’industrie automobile a temporisé, peu de progrès ont été réalisés. Les constructeurs français ont initialement été réticents à l’arrivée des véhicules électriques sur le marché en 2010, arguant que la rentabilité n’était pas au rendez-vous. Cette attitude, selon Danielle Attias, a souvent consisté à laisser les politiciens s’exprimer sur leurs besoins, entraînant une surestimation des difficultés. Cependant, l’affaire Volkswagen a changé la donne et a incité les politiques à faire preuve de courage.

En soutenant la transition vers le tout électrique, Emmanuel Macron défend à la fois la nécessité de respecter les objectifs climatiques et l’opportunité de réindustrialiser le pays.

Les défis à relever

Du point de vue des ménages français, la transition vers le tout électrique d’ici 2035 soulève plusieurs questions. Actuellement, seulement 13 % des ventes de voitures sont des voitures électriques. Les voitures électriques coûtent en moyenne 50% de plus qu’un modèle thermique (32 000 euros au lieu de 17 000 euros), ce qui risque de créer des inégalités entre les riches et les pauvres, selon François-Xavier Pietri. De plus, les voitures électriques les plus autonomes sont également les plus chères à l’achat et à la recharge, ce qui crée un obstacle supplémentaire pour ceux qui parcourent de longues distances.

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Bernard Jullien considère que l’atteinte de cet objectif serait possible si l’on avait une pression à la fois européenne et française pour rendre les véhicules électriques plus abordables. Dans cette optique, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de la prime écologique de 6 000 à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes achetant une voiture électrique. De plus, il a promis la location de voitures électriques à 100 euros par mois pour les ménages les plus modestes.

Cependant, comme le souligne Danielle Attias, cela nécessite également l’installation de bornes de recharge accessibles et abordables, aussi bien dans les espaces privés que publics. Aujourd’hui, la France ne compte que quatre bornes tous les 100 kilomètres, alors que l’Allemagne en compte 20 et les Pays-Bas 47. Emmanuel Macron a fixé l’objectif de 100 000 bornes d’ici la fin du premier semestre 2023 et de 400 000 bornes en 2030.

Il est donc essentiel de relever ces défis pour atteindre l’objectif ambitieux de 100 % de véhicules électriques d’ici 2035. La transition vers des voitures électriques abordables et une infrastructure de recharge développée seront des éléments clés pour rendre cela possible.

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