L’Observatoire européen de la Transition

L’Observatoire européen de la Transition

Ces derniers mois, le trafic aérien en Europe atteint des niveaux proches de ceux enregistrés avant la pandémie, avec une empreinte climatique jusqu’à 100 fois supérieure à celle du train. Bien que le transport ferroviaire présente un bilan carbone nettement meilleur, il ne bénéficie pas des mêmes avantages que l’avion, ce qui décourage grandement les utilisateurs.

Une récente étude de Greenpeace révèle qu’en Europe, pour un trajet similaire, les billets de train sont en moyenne deux fois plus chers que ceux de l’avion, et un trajet entre Barcelone et Londres peut coûter jusqu’à 30 fois plus cher ! Cette situation est encore plus inégale en France, où les billets de train sont en moyenne 2,6 fois plus chers que les billets d’avion. La France se classe ainsi en troisième position, à égalité avec la Belgique, derrière le Royaume-Uni et l’Espagne, en termes de tarification, contribuant ainsi à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

D’où vient cette différence de prix entre l’avion et le train ?

Tout d’abord, les péages constituent une part importante du budget ferroviaire. Les péages français représentent environ 40% du prix d’un billet de TGV. Avec un coût de 9€ par kilomètre pour les trains à grande vitesse, parmi les plus élevés en Europe, les trajets longs sont particulièrement pénalisés. Contrairement à l’avion, qui peut parcourir de longues distances sans que cela n’affecte son modèle économique, les péages devraient augmenter dans les trois prochaines années pour faire face à l’inflation, selon l’Autorité de régulation des transports.

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Cette redevance est versée à SNCF Réseau pour financer l’infrastructure et l’ensemble du service, car la France a choisi de faire porter ce coût aux compagnies ferroviaires, tandis que d’autres pays européens subventionnent les gestionnaires de réseau. Victor Thévenet, coordinateur ferroviaire au sein de Transport & Environnement (T&E), affirme que “le train, en tant que moyen de transport quotidien, écologique et public, mériterait de bénéficier d’un avantage sur ces péages”. Il ajoute : “L’État pourrait les réduire afin de développer l’offre, proposer des billets moins chers et, en fin de compte, revitaliser les lignes sous-utilisées, comme l’axe Perpignan-Barcelone”.

Qu’en est-il de la fiscalité sur ces deux modes de transport ?

La fiscalité est nettement favorable à l’avion. Lors de l’achat d’un billet de train, les utilisateurs doivent payer une TVA représentant 10% du prix. Cette taxe ne s’applique pas aux vols internationaux. De plus, l’électricité utilisée pour le fonctionnement des trains est également taxée à hauteur de 20%, ce qui n’est pas le cas du kérosène utilisé pour propulser les avions, qui n’est pas taxé.

Ces exemptions ont été étudiées dans une étude publiée le 12 juillet dernier par Transport & Environnement. Cette fiscalité avantageuse pour l’avion représente un manque à gagner de 4,7 milliards d’euros pour l’État français en 2022, selon l’ONG. Les billets d’avion sont soumis à des taxes minimales, contrairement au transport ferroviaire, ce qui est le résultat de choix politiques.

Afin d’inverser cette tendance et de soutenir le transport ferroviaire, T&E propose notamment d’augmenter les taxes sur les billets d’avion les plus chers, de première classe ou classe affaires, allant jusqu’à 864 euros pour les vols en dehors de l’Europe. Parallèlement, l’Union européenne envisage de taxer le kérosène, ce qui permettrait de réduire de 6 à 15% les émissions du secteur aérien. Enfin, dans le cadre de son étude, Greenpeace appelle à la création d’un forfait “ticket-climat” permettant une utilisation illimitée des trains (hors TGV) à un prix abordable, ainsi qu’à la relance du train de nuit et à la mise en place de tarifs réduits pour les personnes à faibles revenus sur les trains longue distance.

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