Une partie de groupe de Pokemon Go à Hongkong en août 2016. ISAAC LAWRENCE / AFP
Voici une idée qui risque de dérouter les parents. Aujourd’hui, Prixtel lance Blu, une toute nouvelle offre de téléphonie mobile entièrement gratuite, financée par la publicité. David Charles, fondateur de cette entreprise basée à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), explique : “Dans le domaine des télécommunications, nous vendons la même chose depuis quinze ans, peu importe l’âge de notre public. Avec Blu, nous créons une rupture en nous adressant spécifiquement aux 15-25 ans”.
Un modèle économique équilibré à 200 000 utilisateurs
Contrairement aux forfaits téléphoniques classiques ou aux cartes prépayées, les consommateurs devront consacrer du temps et de l’attention aux annonceurs pour pouvoir téléphoner, envoyer des SMS ou surfer sur Internet. M. Charles explique : “Nous utilisons une monnaie virtuelle appelée ‘éclairs’. Nos clients peuvent, par exemple, regarder des publicités, tester des applications ou répondre à des sondages pour gagner des éclairs”.
En fonction du nombre d’éclairs accumulés, les consommateurs peuvent choisir différentes options. Avec 7 000 éclairs, ils peuvent par exemple bénéficier de 10 gigas de données pendant trente jours ou opter pour une offre mixte comprenant cinq heures de conversations, des SMS illimités et deux gigas de données. Pour accéder à ce type d’offre, les clients doivent répondre à trois sondages de quinze minutes chacun, parrainer deux amis et tester quatre applications. Selon le PDG, en moyenne, les clients devront consacrer entre une heure et une heure et demie par mois à ces actions.
“Les jeunes sont déjà habitués à regarder de la publicité pour accéder à des contenus”, déclare le fondateur de Prixtel.
Cette offre pourrait potentiellement intéresser des jeunes à la recherche de solutions économiques. Mais qu’en est-il des parents qui se sentent débordés par la dépendance de leurs enfants à Snapchat et Instagram ? Le fondateur de Prixtel se défend en affirmant : “En réalité, les jeunes sont déjà habitués à regarder de la publicité pour accéder à des contenus”. Il prend l’exemple de ses propres pré-ados qui sont prêts à regarder des publicités insérées dans le jeu mobile à succès Clash of Clans pour obtenir des éléments supplémentaires ou progresser plus rapidement.
Il ajoute : “Au lieu de jouer à Candy Crush dans les transports, ils pourront simplement jouer à l’équivalent sur Blu. Nous monétisons simplement des usages qui existent déjà”. Il fait référence à des entreprises telles que Google ou Facebook qui reposent sur la publicité.
Lancée en version bêta en juin 2017, Blu a déjà conquis 50 000 utilisateurs, soit dix fois plus que prévu. Le PDG se félicite de ces résultats et vise l’ajout de 100 000 nouveaux adeptes cette année. L’objectif fixé pour atteindre un équilibre économique est de 200 000 utilisateurs, un chiffre qu’il espère atteindre d’ici mi-2019.
“En passant devant un magasin, vous serez récompensé”
Les premiers annonceurs sur Blu sont principalement des éditeurs de jeux Freemium qui souhaitent accroître leur communauté de joueurs. Dans les mois à venir, des grandes enseignes telles que la SNCF, Sephora ou McDonald’s devraient également faire leur apparition sur la plateforme.
Le PDG explique : “En passant devant un magasin, vous serez récompensé. Si vous entrez et achetez quelque chose, cela vous fera gagner des éclairs”. Ainsi, chaque fois qu’un membre de la communauté télécharge une application, l’annonceur verse 40 centimes d’euro à Prixtel, et la rémunération varie en fonction des actions entreprises.
Pour accéder à Blu, il n’est pas nécessaire de se rendre en boutique. Le fondateur de Prixtel part du principe que les jeunes effectuent toutes leurs démarches en ligne. Il suffit donc de télécharger l’application disponible sur Google Play, la boutique d’applications Android de Google, et d’enregistrer son adresse postale. L’utilisateur recevra ensuite une carte SIM et le service sera activé directement, avec un forfait de 2 000 éclairs offert en guise de bienvenue.
L’application ne devrait pas être disponible sur Apple avant la fin de l’année, le temps que Prixtel adapte son modèle. En effet, contrairement à Google, Apple exerce un contrôle plus strict et ne permettrait pas par exemple, le mur d’applications proposé par Blu.
Prixtel, créé il y a douze ans, est un opérateur mobile virtuel qui s’appuie sur les réseaux des grands opérateurs nationaux Orange et SFR. L’offre Blu repose exclusivement sur SFR, dont les offres en gros sont moins coûteuses qu’Orange. M. Charles conclut : “Ce n’est pas une offre ‘low cost’, car nous nous basons sur un réseau de qualité”.