Pour plonger dans les origines du conflit israélo-palestinien, nous devons remonter à la seconde moitié du XIXe siècle. C’est à cette époque que le projet sioniste a vu le jour, avec pour objectif l’établissement d’un État juif en Palestine. Le sionisme tire son nom du mont Sion, l’une des collines de Jérusalem. Le mouvement sioniste a été systématisé par Théodor Herzl, un Juif viennois, à travers son manifeste “L’État des Juifs”. Alain Dieckhoff, chercheur spécialiste du conflit israélo-palestinien, nous éclaire sur ce sujet dans le podcast “Au Cœur de l’Histoire” produit par Europe 1 Studio.
Les prémices du conflit
L’idée sioniste prend racine alors que les Juifs sont victimes de persécutions violentes et massives dans l’empire tsariste. Face à ces persécutions, certains intellectuels commencent à remettre en cause l’assimilation comme perspective pour les Juifs. Les premiers Juifs arrivent ainsi en Palestine à partir des années 1880, chassés notamment par les pogroms.
Les deux Guerres mondiales et l’évolution de la Palestine
À cette époque, la Palestine est une province de l’Empire ottoman majoritairement peuplée par des Arabes musulmans. La Première Guerre mondiale bouleverse la situation dans la région. L’Empire ottoman, allié des Empires centraux allemands et austro-hongrois, se retrouve du côté des perdants. Les anciennes provinces arabes sont alors placées sous la tutelle de la Société des Nations, prédécesseur des Nations Unies, et réparties entre la France et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni se voit confier la Palestine mandataire, avec une clause spéciale liée à la déclaration de Lord Balfour en 1917 qui soutient la constitution d’un foyer national juif en Palestine.
La Seconde Guerre mondiale et la Shoah marquent un nouveau tournant dans le conflit israélo-palestinien. La situation se détériore en Palestine, tandis que Juifs et Arabes cherchent à prendre position dans le nouvel ordre régional. Les Britanniques se trouvent dans une impasse et font appel à l’Organisation des Nations Unies pour trouver une solution.
Le plan de partage de 1947
Le 29 novembre 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine mandataire. Celui-ci prévoit la création d’un État juif, d’un État arabe et l’attribution d’un statut international à Jérusalem. Ce plan est en quelque sorte une réparation symbolique de la Shoah, offrant une solution pour les rescapés du génocide qui ne peuvent ou ne veulent pas retourner dans leur pays d’origine. Cependant, les pays arabes s’opposent à ce partage de la Palestine, soulignant que la population arabe locale n’a jamais été consultée sur la création d’un État juif.
Le plan de partage est adopté par les deux tiers des suffrages à l’ONU, ce qui lui confère une légitimité internationale. L’État d’Israël est proclamé en mai 1948, couvrant environ 55% de la Palestine mandataire. Les Palestiniens se voient attribuer les 45% restants, répartis entre la bande de Gaza, sous administration égyptienne, et la Cisjordanie, intégrée au royaume de Jordanie.
De la guerre civile aux conflits actuels
La violence n’attend pas la naissance de l’État d’Israël pour éclater. Dès le lendemain du vote du plan de partage en novembre 1947, une guerre civile éclate en Palestine, avec des conséquences importantes pour les Palestiniens. Lorsque l’État d’Israël voit finalement le jour le 14 mai 1948, une grande partie des Palestiniens a déjà perdu cette guerre civile, se retrouvant soit expulsée, soit forcée de fuir. Lorsque les pays arabes entrent en guerre contre Israël en 1948, la situation territoriale et démographique a déjà été bouleversée. Israël triomphe de la coalition arabe l’année suivante. Le pays est né de la guerre et reste officiellement en état de guerre depuis 1948.
Ainsi, pour comprendre les racines du conflit israélo-palestinien, il est essentiel de se replonger dans l’histoire mouvementée de cette région. Les événements survenus au XIXe et au XXe siècles ont façonné la situation actuelle et laissent entrevoir la complexité des enjeux auxquels sont confrontés les acteurs impliqués. Le chemin vers une résolution pacifique reste encore à trouver, mais en comprenant le passé, nous sommes mieux armés pour construire l’avenir.
