L’utilisation du propane en citerne pour le chauffage, l’eau chaude et la cuisson concerne environ 600 000 foyers en France. Cette méthode d’approvisionnement en énergie est souvent la seule option pour les zones rurales qui ne sont pas reliées au réseau de gaz naturel, ce qui représente 23% de la population et 27 000 communes. Malheureusement, cette situation a un impact économique majeur pour les consommateurs car le propane est plus de deux fois plus cher que le gaz naturel, avec des prix respectifs de 14,73 € et 6,75 € pour 100 kWh. Les utilisateurs de propane se retrouvent donc captifs, car l’électricité est encore plus chère (17,58 € pour 100 kWh) et le fioul est en voie de disparition. De plus, les pompes à chaleur sont souvent dissuasives en raison de leur coût d’installation élevé malgré les aides existantes.
Les chiffres accablants de la surchauffe des factures
Alors que les marchés de l’électricité et du gaz sont partiellement régulés en France, le marché du propane est entièrement libéralisé. Les fournisseurs de propane ont donc toute liberté pour fixer leurs tarifs et procéder à des augmentations tarifaires, souvent avec des arguments douteux. Par exemple, Butagaz a annoncé une hausse de prix du propane de 1714 euros à 1834 euros (+7%) à partir du 1er mars 2020, expliquant cela par l’augmentation des matières premières énergétiques due à une instabilité géopolitique mondiale. Cependant, les chiffres du marché contredisent cette explication, avec une baisse de 7,6% du prix du baril de pétrole et de 19,4% du gaz naturel entre septembre 2019 et février 2020. De plus, la crise économique liée à la Covid-19 a entraîné une chute des cours mondiaux de ces matières premières, sans que les prix facturés aux particuliers ne diminuent.
La situation en France est d’autant plus préoccupante lorsqu’on la compare à celle de l’Allemagne. Entre début 2017 et mi-2020, les prix du propane ont baissé de 23% en Allemagne tandis qu’ils ont augmenté de 17% en France. Ainsi, les prix du propane en France sont plus de deux fois plus élevés qu’en Allemagne.
Un marché réellement concurrentiel ou un déplorable grand bazar ?
La concentration du marché du propane en France est alarmante, avec seulement 4 fournisseurs nationaux, dont les trois principaux (Antargaz, Butagaz, Primagaz) détenant environ 90% de la part de marché. De plus, il n’y a aucune obligation pour les fournisseurs de propane de livrer dans toutes les zones du pays, ce qui peut créer des monopoles de fait pour certains consommateurs. Les pratiques tarifaires des fournisseurs de propane posent également question. En effet, les prix affichés sont parfois fictifs et les consommateurs peuvent obtenir d’importants rabais en négociant directement avec leur fournisseur, comme recommandé par la DGCCRF. Il est regrettable que les consommateurs soient contraints de négocier pour obtenir un prix décent, ce qui donne l’impression que le tarif de base est artificiellement élevé. De plus, cette pratique n’est efficace que pour les consommateurs capables de faire jouer la concurrence.
Il y a 8 ans, l’UFC-Que Choisir a saisi l’Autorité de la concurrence pour obtenir des recommandations visant à améliorer les pratiques contractuelles des vendeurs de propane, ce qui a conduit à l’adoption de la Loi Hamon en 2014. Cependant, il est évident que ces mesures nécessitent d’être complétées à la lumière de la situation actuelle.
Face à cette hausse inacceptable du prix du propane qui touche durement les consommateurs, l’UFC-Que Choisir saisit aujourd’hui l’Autorité de la concurrence afin qu’elle examine la véritable concurrence sur le marché du propane et propose, le cas échéant, des évolutions légales pour établir une véritable concurrence.
De plus, compte tenu de la complexité du marché du propane (GPL), l’UFC-Que Choisir publie aujourd’hui sur son site internet une Foire aux questions pour répondre aux principales interrogations des consommateurs.