Dans le cadre de la “Renaulution España”, un plan visant à faire de l’Espagne un centre d’hybridation pour le groupe Renault, l’usine de Palencia a entrepris une transformation majeure. Cette transformation a été réalisée afin de produire l’Austral, premier véhicule de ce plan industriel pour la période 2021-2024. Après un an et demi de travaux, le constructeur a présenté ses technologies de pointe à la presse le 13 décembre 2022.
Palencia : un site performant
Nadjib Zaouche, le nouveau sous-directeur de l’usine de Palencia, a accueilli les visiteurs et a déclaré : “Nous produisons actuellement 710 véhicules Renault par jour, avec seulement 1,5 équipe. Cette année, nous prévoyons de produire plus de 300 000 véhicules. De plus, chaque véhicule nécessite moins de quinze heures de travail manuel.”
Dans le département d’emboutissage de l’usine, des chariots autoguidés transportent les pièces des véhicules sur des lignes de signalisation au sol. Nadjib Zaouche a également souligné que “100 % des pièces sont livrées en flux automatisé. L’utilisation de robots améliore la sécurité des salariés, avec seulement un accident recensé en 2022 contre quatre en 2017.” Il a ajouté que Palencia se distingue par sa “flexibilité et sa haute performance”.
L’usine de Palencia en chiffres
Depuis sa création en 1978, l’usine de Palencia a produit plus de 7,7 millions de véhicules, dont 5 millions de Mégane de la première à la quatrième génération. La production a débuté avec les Renault 12 et 18, puis la Mégane a été fabriquée à partir de 1995 et le Kadjar à partir de 2015. Enfin, en 2020, l’usine a produit son premier véhicule hybride rechargeable, la Mégane E-Tech plug-in hybrid, suivi de l’Austral en 2022.
Actuellement, l’usine de Palencia fabrique la Mégane IV, en version berline depuis 2015, Sport Tourer depuis 2016, RS depuis 2018, et PHEV depuis 2020. Elle produit également l’Austral E-Tech hybride et mild hybrid, avec plus de 30 000 unités produites depuis 2021.
Nouvelle presse pour l’aluminium de l’Austral
Dans le département d’emboutissage, quatre lignes d’estampage et une ligne de découpe transforment les bobines d’acier ou d’aluminium en ailes, toits, capots, portes, etc. “Grâce à la fabrication de pièces en aluminium, nous avons pu réduire le poids de l’Austral d’environ 28 à 30 kg par rapport au Kadjar, dont les pièces étaient en acier. Cependant, l’emboutissage des pièces en aluminium est plus complexe”, explique Eduardo Suso, chef du département d’emboutissage de Palencia.
Une presse haute vitesse de dernière génération a été installée. Elle applique une force de 15 à 25 tonnes et peut frapper jusqu’à 1 000 pièces d’acier ou d’aluminium par heure, soit deux fois plus rapidement qu’une chaîne standard. “Toutes les opérations sont robotisées. Les bras des robots transportent différentes pièces tracées par un système RFID. En sortie de ligne, l’aspect des pièces est automatiquement contrôlé par dix caméras qui prennent 70 photos par pièce. L’intelligence artificielle (IA) est utilisée pour détecter les défauts”, explique Eduardo Suso.
400 nouveaux robots…
Dans le département de tôlerie, 1 320 robots sont utilisés pour la manutention et le soudage. Parmi eux, 400 nouveaux robots ont été installés pour l’Austral. Les nouveaux robots “ArPlas” réalisent environ 3 500 points de soudure par véhicule, sans laisser de trace. D’autres robots effectuent des mesures en 3D pour s’assurer de la bonne géométrie de la carrosserie avant l’application de la peinture et l’intégration des plastiques.
… et une ligne de peinture bi-ton automatisée
Après le département d’emboutissage, la structure du véhicule se dirige vers le département de peinture. Celui-ci dispose de 76 robots pour les lignes de mastics, d’apprêts et de peinture. Une nouvelle ligne de peinture bi-ton a été spécialement conçue pour l’Austral.
L’usine de Palencia regroupe les véhicules d’une même couleur pour maximiser l’efficacité de la projection de peinture. Les véhicules se suivent sur un tapis roulant à une cadence de 63 véhicules peints par heure. En comparaison, 22 véhicules bi-ton ou dix véhicules mats sont peints par heure.
À la sortie de la chaîne de montage, le tunnel de contrôle automatique Eines cartographie l’intégralité de la surface du véhicule. Trente-huit caméras prennent l’équivalent de 30 000 photos pour inspecter l’homogénéité de la peinture.
La neutralité carbone à l’horizon
Renault ambitionne d’atteindre la neutralité carbone dans ses sites industriels en Europe d’ici 2030, conformément à son Plan Climat Renault Group. Dans cette optique, l’usine de Palencia a conclu un accord avec le fournisseur d’énergie Iberdrola en avril 2021 pour utiliser de l’électricité d’origine renouvelable. De plus, l’usine recycle 99,5 % de ses déchets. José Martin Vega, directeur de l’usine de Palencia et directeur du pôle industriel véhicules Ibérique, déclare : “Nous prévoyons d’arrêter d’utiliser du gaz d’ici 2025. Notre objectif est de consommer uniquement de l’électricité 100 % verte d’ici cette même année. Actuellement, 40 % de notre consommation est déjà d’origine renouvelable. En ce qui concerne les pièces fournisseurs, 72 % proviennent de l’Espagne, du Portugal et du Maroc.”
Un processus de montage étendu pour l’Austral
Dans le département de montage de l’usine de Palencia, les chariots autoguidés suivent le véhicule tout au long du processus de montage. Les opérateurs reçoivent les pièces correspondantes au véhicule à monter. Plus de 1 800 références de pièces sont montées en plus de quatre heures sur chaque véhicule. Une partie du département, appelée “mécanique”, est dédiée à la fixation de la caisse et du système de motopropulsion.
Eduardo Domingo, chef du département de montage de Palencia, précise : “Nous produisons soixante véhicules par heure, avec toutefois une différence de plus de 15 % entre la Mégane et l’Austral en raison de l’augmentation de la part de l’électronique dans le véhicule.”
Un contrôle qualité avant commercialisation
Une fois l’Austral approvisionnée en liquides (frein, refroidissement, essence) et après le premier contact des pneus avec le sol, les opérateurs démarrent le véhicule et effectuent des tests de logiciels à l’aide d’une télécommande. Le véhicule passe également par douze bancs de contrôle des ADAS en sortie de la chaîne de montage.
En fin de processus, la voiture est soumise à un contrôle qualité minutieux, le “Contrôle Satisfaction Client”.
L’Espagne anticipe les prochains modèles
Dans le cadre de la Renaulution en Espagne, l’usine de Palencia se prépare déjà pour la production de deux nouveaux modèles Renault de segments C et D SUV prévus pour 2023 et 2024. “Nous avons déjà produit une trentaine de ces prochains véhicules sept places. Ils seront produits exclusivement à Palencia et seront commercialisés dès mai 2023”, révèle José Martin Vega.
Parallèlement, l’usine de montage de Valladolid est prévue pour accueillir deux nouveaux modèles SUV des segments B et B+, ainsi qu’une nouvelle famille de moteurs hybrides (48 V et full hybrid). De plus, l’usine de Séville produira deux nouvelles boîtes de vitesses (DB35, DB45) en plus de son projet de Réactory.