Malus 2024 : Comment le gouvernement gâche-t-il le plaisir automobile ?

Malus 2024 : Comment le gouvernement gâche-t-il le plaisir automobile ?

Avec les nouvelles dispositions et la grille de malus qui entreront en vigueur le 1er janvier 2024, le marché des voitures abordables et performantes va subir de nouvelles contraintes, voire des arrêts de commercialisation pour certaines d’entre elles. Cette augmentation du malus vise à éliminer du marché les voitures les moins vertueuses en termes d’émissions de CO2, au nom de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

Le malus CO2 touche désormais les voitures compactes premier prix

Jusqu’à présent, la grille de malus reposait sur la même formule de calcul avec un décalage de 5 g/km de CO2 d’une année à l’autre. Cependant, le malus CO2 pour 2024 évolue de manière significative. Dès la catégorie des voitures compactes, le malus devient une réalité à prendre en compte. Par exemple, pour une Renault Clio TCe 100 et une Dacia Sandero SCe 65, le malus sera de 50 à 150 €. Seule la version Eco-G au GPL de la compacte roumaine échappe au malus.

Dans la gamme moyenne, la Peugeot 308 la moins chère avec son moteur PureTech 130 devra payer 190 € de malus en version Active Pack (124 g/km), tandis que la version Allure avec ses 127 g/km verra le malus augmenter de 50 €. Les SUV du segment C verront également leur malus augmenter considérablement. Par exemple, avec le moteur essence PureTech 130, un Citroën C5 Aircross avec 142 g/km de CO2 dans sa version supérieure aura un malus de 1172 € en 2024 contre 740 € cette année. Heureusement, l’hybridation légère est une solution pour éviter un malus élevé, comme le SUV Citroën qui parvient à abaisser son taux de CO2 à 129 g/km pour un malus de seulement 190 €. Il est important de noter que toutes les marques du groupe Stellantis adopteront progressivement cette technologie, ce qui élargit la base de voitures soumises à une augmentation de plusieurs centaines d’euros de malus.

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L’hybridation obligatoire pour les voitures haut de gamme

À partir de 160 g/km de CO2, les montants du malus 2024 deviennent plus élevés. Pour ce niveau d’émissions, l’augmentation sera de 1 160 €. En trois ans, le montant associé à ces 160 g/km est passé de 1 504 à 4 279 €, soit une augmentation de 2 775 €. Cependant, cette tranche de montants concerne finalement peu de voitures, car la plupart des SUV et berlines des marques généralistes sont désormais largement hybrides (Peugeot 3008, 408, Renault Austral, Espace, Rafale) et ont des niveaux d’émissions de CO2 proches de 120 g/km pour les hybrides non rechargeables. Les marques premium proposent encore des versions essence et diesel, non ou peu (48 volts) hybrides, ce qui leur permet de respecter les valeurs de CO2 acceptables. Par exemple, les récentes Mercedes Classe E essence ne dépassent pas les 148 g/km pour une berline E 200 Exclusive Line.

Les détails importants

En 2023, le malus CO2 était plafonné à 50 000 €, mais il est désormais plafonné à 60 000 €. En trois ans, le malus attribué à une voiture émettant 200 g/km de CO2 a quadruplé, passant de 14 881 € à 60 000 €. De plus, le malus ne sera plus plafonné à la moitié du prix de vente, ce qui va particulièrement pénaliser les voitures sportives abordables. Par ailleurs, le malus sera désormais applicable aux pick-up à quatre places, mais les pick-up utilitaires ne devront pas proposer plus de trois places pour rester exonérés de malus. Il est important de noter que le malus s’applique à la première immatriculation en France, y compris pour les voitures d’occasion achetées à l’étranger. À partir de 2024, la décote annuelle applicable à ces voitures sera réduite de moitié, passant de 10% à 5%. Ainsi, pour éviter un malus sur une belle limousine ou une sportive achetée à l’étranger, il faudra qu’elle ait au moins 20 ans.

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Un malus au poids plus sévère

En 2024, le malus au poids évoluera également. Son seuil d’activation sera abaissé de 200 kg. Ainsi, une voiture de 1 600 kg sera concernée par ce malus. De plus, le mode de calcul sera basé sur le principe des tranches, à l’instar de l’impôt sur le revenu. Plus la voiture est lourde, plus le supplément sera élevé. Par exemple, à partir de 1 600 kg, le malus sera de 10 € par kg supplémentaire, puis de 15 € à partir de 1 800 kg, puis 20, 25 et 30 €. Les voitures électriques et les hybrides rechargeables capables de rouler plus de 50 km en ville sur le seul moteur électrique seront exemptées du malus au poids. De plus, l’abattement “famille nombreuse” sera reconduit, mais ne pourra être appliqué qu’une fois tous les deux ans.

Les mauvais calculs du gouvernement

La raréfaction des voitures de marques généralistes dans la tranche des 160 à 180 g/km de CO2 montre que les constructeurs ont adapté leur offre à la fiscalité. Cette tendance se confirmera également l’année prochaine avec les voitures sportives sévèrement malussées. Ces voitures risquent de disparaître de l’offre et celles qui resteront connaîtront une forte baisse des ventes. Les recettes liées à la vente de ces “sportives abordables” (de la Toyota GR Yaris à la BMW Z4) en 2023 sont estimées à 60 millions d’euros. Cependant, avec les nouvelles règles du malus, ces recettes fondront et ne seront que partiellement compensées par l’abaissement du seuil d’entrée dans le bonus CO2.

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Les sportives abordables, les premières victimes du malus 2024

Les acheteurs de voitures sportives ont jusqu’à présent accepté le malus demandé, mais l’année prochaine, la taxe pour l’achat d’un modèle émettant 180 g/km de CO2 doublera pour atteindre 22 380 € au lieu de 9 550 €. Un tel montant deviendra inenvisageable pour de nombreux clients, et les constructeurs en tirent déjà leurs conclusions. Par exemple, avec 186 g/km de CO2, la Toyota GR Yaris aurait eu un malus de 35 346 € en 2024, ce qui aurait doublé son prix de vente. La Ford Mustang jettera l’éponge puisqu’un malus de 60 000 € aurait doublé son prix de vente. Dans le but de limiter les dégâts, l’acheteur d’une BMW Z4 optera pour la version sDrive20i et ses 161 g/km de CO2, plutôt que le modèle avec moteur 6 cylindres. Le 718 Cayman de Porsche est également condamné en raison de ses 212 g/km de CO2 et du malus de 60 000 € qui y est associé. Les dernières GTI du marché (Volkswagen Golf, Audi A3, Mercedes Classe A AMG) vont également en souffrir, même si la première nommée n’émet que 160 g/km de CO2, ce qui équivaut à un malus de 4 279 €.

L’avis de l’Auto-Journal

En conclusion, en dehors des voitures électriques et des hybrides rechargeables, les voitures avec une motorisation micro-hybride ou hybride non rechargeable seront les grandes gagnantes du malus 2024. Ces motorisations, avec des niveaux d’émissions de CO2 compris entre 80 et 120 g/km, permettent aux modèles les plus répandus d’être soumis à une taxation minimale. Cependant, cela est soumis à deux conditions : échapper au malus au poids et rester à un prix abordable pour éviter de payer trop de TVA.

Retrouvez plus d’informations sur le Malus 2024 dans l’Auto-Journal n°1144 du 19/10/2023.