Marseille, la ville du polar par excellence. Que ce soit dans le cinéma d’auteur ou dans les productions populaires, la cité phocéenne sert de décor à de nombreuses histoires policières. Avec ses quartiers variés, sa géographie diversifiée et sa richesse en acteurs, Marseille est devenue un lieu prisé pour le tournage de films et de séries. La municipalité encourage d’ailleurs activement cette pratique, même si parfois l’image qui en est donnée est bien éloignée de la réalité marseillaise.
C’est le cas de la série “Pax Massilia” qui sortira le mercredi 7 décembre sur Netflix. Réalisée par Olivier Marchal, connu pour des films tels que “36 quai des orfèvres” ou “Les Lyonnais”, cette série est un condensé d’action et d’images percutantes. Elle suit l’histoire d’une unité spéciale de la police marseillaise chargée d’enquêter sur des règlements de compte sanglants entre deux gangs rivaux. En parallèle, une jeune policière venue de la capitale tente de retrouver l’assassin de son père, également policier, présumé mort en Amérique latine.
L’intrigue peut sembler familière, mais ce qui rend cette mini-série intéressante, c’est l’ajout de l’empreinte Netflix à l’univers d’Olivier Marchal. Bien que toujours aussi misogyne, ce réalisateur a inclus des personnages variés : une flic lesbienne, des méchants de toutes les origines et une commissaire qui est une femme. Mais ce qui m’a surtout interpellé, c’est la façon dont Marseille et Olivier Marchal explorent la spécificité de la ville à travers les dialogues. Les répliques ne manquent pas pour rappeler régulièrement que “ici, c’est Marseille”.
Marseille devient ainsi le témoin d’une violence inouïe dans “Pax Massilia”. En quelques jours, la ville est le théâtre de fusillades impliquant policiers, voyous et civils. Les différents lieux emblématiques de Marseille servent de décor à ces scènes : la plage, les cités, le port, les hangars, et même un panneau “Marseille” rappelant les célèbres lettres d’Hollywood à Los Angeles.
Dans cet univers, les flics roulent en Audi de luxe et n’hésitent pas à fracasser la tête des suspects contre les vitres. Les méchants rivalisent d’inventivité pour torturer leurs ennemis. Marseille devient ainsi une jungle où règnent l’impunité et la violence extrême. Mais est-ce là une représentation fidèle de la réalité marseillaise ? Peut-être pas totalement. On se souvient du film “Bac Nord” de Cédric Jimenez, qui avait suscité la polémique en représentant les quartiers nord comme des repaires de dealers sauvages. En comparaison, cette série policière semble bien légère.
On peut également penser à la franchise “Taxi” qui, dans un registre différent, avait su capturer l’essence de Marseille à travers des courses effrénées dans les rues de la ville. Mais est-ce que Marseille est réellement condamnée à être le terrain de jeu de la fiction policière la plus caricaturale ? Pas forcément. Il suffit de se rappeler du film américain “Stillwater” où Matt Damon incarne un Américain moyen qui débarque à Marseille pour sauver sa fille. Ce film a su représenter Marseille avec subtilité, sans tomber dans les clichés pittoresques.
La question qui se pose alors est celle du folklore qui influence les représentations de Marseille. “Pax Massilia” s’inscrit dans cette tradition en radicalisant la fiction policière, en justifiant l’impunité et la violence extrême. Cependant, il est important de garder à l’esprit que cette représentation est souvent loin de la réalité. Marseille mérite d’être explorée avec finesse et nuance. Plutôt que de se perdre dans les clichés, il serait préférable de retrouver des films comme “Jason Bourne” qui ont su montrer Marseille sous un jour plus authentique.
En somme, Marseille reste une source inépuisable d’inspiration pour les réalisateurs et scénaristes. La cité phocéenne offre un décor unique et une atmosphère propice aux récits policiers. Malgré les représentations parfois caricaturales, il est essentiel de garder un regard critique et de se rappeler que la fiction ne reflète pas toujours la réalité. Marseille est bien plus que cela, une ville aux mille facettes où se mêlent traditions et modernité, où chaque quartier raconte sa propre histoire.