Masques made in France : une filière en quête d’avenir

Masques made in France : une filière en quête d’avenir

Il y a un an et demi, la production de masques made in France a commencé pour répondre à une demande croissante. Aujourd’hui, la filière se demande ce que l’avenir lui réserve. La Coop des masques en Bretagne est un exemple parlant des difficultés rencontrées par les producteurs français. Cette entreprise, créée fin 2020 dans les Côtes-d’Armor, était menacée de faillite en septembre dernier.

Après une vaste opération de déstockage et un appel au grand public, la Coop des masques a pu reprendre une production dynamique, du moins en ce qui concerne les masques chirurgicaux.

Une concurrence accrue

Avant la pandémie, il y avait seulement quelques fabricants nationaux de masques en France. Mais le Covid a tout changé. Face à la pénurie, le gouvernement a sollicité l’aide des industriels. En mars 2020, le président Emmanuel Macron s’est déplacé à l’usine de Kolmi-Hopen, l’un des principaux fabricants de masques à Angers.

Le gouvernement a également lancé un appel à manifestation d’intérêt pour les producteurs de meltblown, un matériau filtrant essentiel à la fabrication des masques. Résultat : dix-huit mois plus tard, une trentaine de fabricants de masques et une dizaine de producteurs de meltblown se sont positionnés en France. Sur le papier, c’est un succès : en début d’année, la filière pouvait produire jusqu’à 100 millions de masques par semaine.

Un marché saturé

Cependant, depuis lors, les importations asiatiques – moins chères – ont repris. L’intérêt pour les masques français a donc diminué. Aujourd’hui, la filière produit 90 % de masques FFP2 en moins qu’au plus fort de la crise, et moitié moins de masques chirurgicaux, selon Christian Curel, président du syndicat des fabricants français de masques et dirigeant d’une entreprise du secteur. “Un certain nombre de producteurs ont déjà cessé leur activité”, ajoute-t-il.

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Le fabricant historique Kolmi-Hopen, par exemple, est passé de 3,5 millions de masques produits chaque jour au plus fort de la pandémie à environ 1,5 million aujourd’hui.

Les histoires similaires se multiplient à travers la France. Le groupe AHG, équipementier aéronautique près de Toulouse, a créé la marque Auriol masques au printemps 2020.

Une question de prix

La question du prix est au cœur de ce phénomène. Les masques importés coûtent entre 2 et 4 centimes, tandis que les masques français coûtent entre 5 et 10 centimes, selon le syndicat des fabricants. Lors des appels d’offres des hôpitaux, qui sont de gros clients, le prix est souvent le critère dominant, ce qui est déploré par les industriels français.

“S’inscrire dans une démarche d’achat local sans passer à l’acte est une déception de la part des collectivités”, déplore Serge Avetand, responsable commercial de Diwall, une petite entreprise finistérienne créée en septembre 2020.

Des recommandations pour l’avenir

Le ministère de l’Industrie reconnaît que la situation est parfois délicate. Au début de la crise, les commandes pour les établissements de santé étaient réalisées directement par Santé Publique France. Mais le secteur est revenu à un système classique. Aujourd’hui, les hôpitaux achètent eux-mêmes leurs masques, le plus souvent par le biais de centrales d’achat, et le critère du prix est souvent privilégié.

Le syndicat des fabricants de masques demande donc la mise en place de nouvelles recommandations par les ministères. Une circulaire devrait être publiée prochainement afin de prendre en compte d’autres critères lors des appels d’offres, en plus du prix. Cette circulaire, en cours de finalisation, devrait être diffusée début décembre, selon le ministère de l’Industrie. Il reviendra ensuite aux acheteurs de “saisir ces outils”.

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Certains acteurs redoutent pour leur activité, tandis que d’autres envisagent l’avenir de manière plus sereine. C’est le cas de Meltblo France, en Franche-Comté, qui a commencé sa production en avril. Selon son fondateur, Nicolas Burny, le “seul moyen de perdurer est d’innover et de penser au produit de demain”. Sinon, en cas de nouvelle pandémie, nous risquons de revenir à une situation de dépendance comme au début de l’année 2020, avertit Christian Curel.