Matthieu Coquelin : l’as du maillot de bain Made in France

Matthieu Coquelin : l’as du maillot de bain Made in France

Bienvenue chez Matthieu Coquelin, dans le charmant village de la Confection du Coglais, près de Rennes. Vous ne connaissez pas? Moi non plus, jusqu’à ce que la Maison du Savoir-Faire et de la Création me propose de rencontrer son talentueux gérant. Trois interprétations sont alors possibles :

  • La Maison du Savoir-Faire et de la Création, également connue sous l’acronyme MSFC, affirme que Matthieu Coquelin est un façonnier exceptionnel qui met tout son savoir-faire au service des marques françaises pour créer des maillots de bain haut de gamme d’une qualité exceptionnelle.
  • Mes followers Instagram, dans un message privé, me demandent qui est ce beau gosse sur la photo à ma droite et likent mon post juste pour lui (j’en ris encore!).
  • Et moi, je me demande si Matthieu Coquelin fabrique des maillots de bain pour la célèbre marque Erès. Si c’est le cas, je suis totalement partante !

Et voilà comment je me suis retrouvée un jeudi matin sur le quai de la gare Montparnasse. À ce moment, je ne savais pas encore que j’allais recevoir une leçon d’humilité, de force et de courage de la part de Matthieu Coquelin. Malgré son jeune âge, il a déjà affronté tous les défis qu’un entrepreneur peut rencontrer au cours de sa vie. Je suis ravie de partager cette rencontre incroyable avec vous !

Matthieu Coquelin : l’as du maillot de bain Made in France

TFM: Peux-tu me présenter ton entreprise ?

Matthieu Coquelin: Bien sûr ! Mon père a créé cette entreprise il y a 39 ans. Nous sommes spécialisés dans la confection de maillots de bain ! En 2016, nous avons été élus “Entreprise du Patrimoine Vivant”.

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Quand j’ai repris les rênes de l’entreprise, nous étions 4 associés. Mon père a pris ses valises et s’est rendu à Paris pour décrocher nos premiers contrats, notamment avec la marque Anti-flirt. Au début, nous fabriquions des robes de chambre, mais très vite, nous nous sommes lancés dans la fabrication de maillots de bain suite à un contrat avec la célèbre maison Erès.

TFM: À quel âge as-tu décidé de reprendre l’entreprise familiale ?

Matthieu Coquelin: La question s’est posée quand j’étais encore au lycée. Que devais-je faire ? Nous lancer ou ne pas nous lancer ? J’avais seulement 16 ans !

Mon père avait alors 60 ans, et il fallait anticiper sa succession. Nous devions agir rapidement car l’entreprise avait besoin d’un nouveau modèle économique.

J’ai pris une décision que mes professeurs ont du mal à comprendre. J’ai choisi une filière scientifique et j’ai suivi des cours de compatibilité en STT (tertiaire).

C’était une excellente façon d’apprendre à faire un bilan comptable. J’ai ensuite poursuivi mes études avec un BTS en gestion d’entreprise pour acquérir des connaissances en droit.

La deuxième année, j’ai même organisé avec mon école des absences d’un jour par semaine pour pouvoir m’occuper de l’entreprise. J’étais alors âgé de 19 ans !

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TFM: Tu es conscient d’avoir un parcours totalement atypique ?

Matthieu Coquelin: Oui, j’ai pris un énorme risque ! Je suis arrivé en 2008, et en 2009, la crise économique a frappé de plein fouet. Ce fut une période très difficile. C’est cette année-là que nous avons enregistré le chiffre d’affaires le plus catastrophique de toute l’histoire de l’entreprise.

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Le climat social était éprouvant, et en 2012, les banques ne voulaient plus nous soutenir. J’ai même mis mon argent personnel en jeu pendant 4 mois pour permettre à l’entreprise de continuer à fonctionner.

Pour couronner le tout, mon père est tombé gravement malade et est décédé d’un cancer foudroyant quelques mois plus tard. À ce moment-là, j’ai dû prendre une décision.

Je suis parti avec ma femme aux États-Unis pour prendre du recul pendant 5 semaines. Et c’est là que j’ai conçu un projet.

TFM: Quel était ce projet ?

Matthieu Coquelin: Trouver un moyen de relancer la production et de sauver l’entreprise. À cette époque, j’ai découvert la marque Le Slip Français, qui était spécialisée dans la lingerie. J’ai entendu dire que le fondateur, Guillaume Gibault, souhaitait se lancer dans la fabrication de maillots de bain. Je voulais absolument devenir son façonnier !

J’ai contacté Guillaume Gibault et je lui ai dit que nous fabriquions déjà de la lingerie.

Mon idée était de l’inviter chez moi, pour qu’il constate par lui-même que nous étions capables de fabriquer ses maillots de bain !

Aujourd’hui, nous nous occupons d’une partie de leur production de maillots de bain, ce qui représente 25 000 pièces par an !

TFM: Quelle est ta recette miracle ?

Matthieu Coquelin: J’ai investi beaucoup d’argent dans la formation de nos équipes pour améliorer notre productivité. Cela nous a permis de passer d’un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros à 1,6 million d’euros, avec un effectif qui n’a que peu évolué. Cela a vraiment été la clé.

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La confection de maillots de bain est un domaine spécifique qui nécessite une certaine expertise. Il faut savoir travailler l’élasthanne et appliquer une tension parfaite lors de la confection. C’est le fruit de plusieurs années d’apprentissage. Nous sommes peu nombreux à savoir le faire !

TFM: Qu’est-ce qui t’a poussé à persévérer toutes ces années ?

Matthieu Coquelin: La conviction qu’il y avait quelque chose à faire, que nous avions un savoir-faire exceptionnel et qu’il fallait le faire connaître.

L’histoire même de l’entreprise faisait que je ne pouvais pas abandonner du jour au lendemain. Fermer la boutique et dire “j’arrête” aurait été très dur pour moi. Je suis attaché à cette région. De plus, j’avais axé toute ma scolarité sur ce projet. Il fallait que j’essaie quelque chose.

Je me suis dit que, de toute façon, ce serait une expérience enrichissante, même si je devais tout abandonner à la fin. J’aurai tout tenté. C’était captivant !

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Photographies : Alexis Chaillous pour @thefrenchmakers