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Les véhicules hybrides rechargeables semblaient prometteurs sur le papier, tant pour les utilisateurs que pour l’environnement. Avec leur moteur électrique et leur petite batterie pour les trajets courts, et un moteur thermique pour les trajets plus longs, ils semblaient être une solution idéale pour surmonter les contraintes d’autonomie des véhicules électriques.

Malheureusement, la réalité est bien moins vertueuse que prévu…

Les hybrides rechargeables, de quoi parle-t-on ?

Il existe deux types de véhicules hybrides : les hybrides rechargeables et les hybrides non rechargeables. Les hybrides rechargeables peuvent recharger leur batterie sur une prise, ce qui leur permet d’avoir une autonomie électrique d’environ 50 à 60 km. Les hybrides non rechargeables, quant à eux, ne peuvent recharger leur batterie que grâce au moteur thermique ou lors de phases de décélération du véhicule.

Actuellement, les hybrides rechargeables représentent environ 8,5 % des ventes en France, contre environ 7 % en Europe et 3 % dans le monde. Pour les véhicules 100 % électriques, ils ont représenté près de 10 % des ventes en France et en Europe, et 6 % dans le monde en 2021.

Les 5 écueils des hybrides rechargeables

Malgré leurs avantages théoriques, les hybrides rechargeables présentent 5 problèmes majeurs qui remettent en question leur contribution à la transition écologique.

1. Les trois quarts des VHR sont des SUV

En 2021, les SUV représentaient environ 75 % des ventes de véhicules hybrides rechargeables en France. Ces véhicules sont souvent lourds et ont un mauvais aérodynamisme, ce qui réduit leur efficacité énergétique.

2. Ils sont bien plus lourds que les autres voitures

En moyenne, les véhicules hybrides rechargeables pèsent plus de 1900 kg, soit un surpoids de plus de 600 kg par rapport aux modèles essence, près de 300 kg par rapport aux modèles diesel et plus de 200 kg de plus que les véhicules électriques.

3. Le mode électrique est trop peu utilisé

Les véhicules hybrides rechargeables sont utilisés en mode électrique pour seulement 45 à 49 % des distances parcourues par les particuliers, et 11 à 15 % des kilomètres pour les véhicules d’entreprises. Cela est dû au manque d’infrastructures de recharge et à la négligence des utilisateurs pour brancher leur véhicule.

4. Une consommation de pétrole importante

En raison du faible usage du mode électrique, du poids important des véhicules et de leur mauvais aérodynamisme, les consommations de carburant sont bien plus élevées que celles annoncées par les constructeurs. Les consommations réelles sont d’environ 3 fois supérieures à celles annoncées pour les particuliers et 5 fois supérieures pour les entreprises.

5. Des émissions de CO2 largement sous-estimées

Les émissions de CO2 des véhicules hybrides rechargeables sont bien plus élevées que celles annoncées. En moyenne, elles sont d’environ 100 gCO2/km, soit davantage que l’objectif CO2 moyen de 95 gCO2/km fixé par l’Europe pour 2021.

Insuffisants à court terme…

Les problèmes mentionnés montrent que les véhicules hybrides rechargeables ont des dimensions et des usages inadaptés, ce qui entraîne des performances environnementales décevantes. À court terme, ils sont donc largement insuffisants pour la transition énergétique et la réduction des émissions.

… et insuffisants aussi à long terme !

Même à long terme, il est difficile d’envisager que les véhicules hybrides rechargeables puissent contribuer efficacement à la transition énergétique. Leur surpoids et leur coût élevé limitent leur adoption pour les petits modèles. De plus, il est essentiel de sortir totalement du pétrole et d’orienter les constructeurs vers des alternatives décarbonées telles que l’électricité et l’hydrogène.

La fin de vente des véhicules thermiques et hybrides d’ici 2035, prévue par l’Union Européenne, pose également des défis à plus long terme. Malgré les éventuelles options d’évolution vers des véhicules hybrides rechargeables fonctionnant avec de l’électricité et de l’hydrogène, ces véhicules resteront lourds, coûteux et énergivores.

De nombreux dispositifs avantageux (et injustifiés) pour les VHR

Malgré leurs faiblesses, les véhicules hybrides rechargeables bénéficient de nombreux dispositifs favorables, tant sur le plan des objectifs climatiques que des avantages fiscaux pour les constructeurs, les entreprises et les particuliers.

Ces dispositifs comprennent notamment des objectifs CO2 favorables aux constructeurs, des aides financières (bonus écologique, prime à la conversion), des exemptions fiscales (malus au poids, vignette Crit’Air réduite, carte grise gratuite), des incitations au renouvellement des flottes et des avantages fiscaux pour les véhicules de société.

Des politiques publiques à revoir à l’avenir

Ces dispositifs avantageux, bien que visant à encourager des véhicules vertueux, sont en réalité mal adaptés aux véhicules hybrides rechargeables. De plus, les externalités négatives de la voiture dépassent largement les émissions de CO2.

Il est donc essentiel de rééquilibrer ces incitations pour soutenir véritablement les mobilités les plus vertueuses. Il est également nécessaire de revoir les objectifs CO2 afin de prendre en compte les émissions réelles des véhicules hybrides rechargeables.

En conclusion, les voitures hybrides rechargeables ne peuvent être considérées comme des véhicules vertueux pour la transition énergétique. Leur fin de vente prévue pour 2035 est une étape importante pour atteindre nos objectifs climatiques. Il est également primordial de réinvestir les ressources actuellement allouées aux hybrides rechargeables dans des solutions de mobilité plus durables. Cette situation démontre une fois de plus que les innovations technologiques doivent être déployées avec sobriété pour être réellement vertueuses.