Mme Joëlle Huart, directrice de l’association à but non lucratif Entrevues, est une spécialiste reconnue dans le domaine du dressage des chiens-guides. Dans cet article, découvrez son parcours et sa passion pour aider les personnes atteintes de déficience visuelle à retrouver leur autonomie grâce à ces compagnons fidèles.
Une formation basée sur l’expérience
Contrairement à la France où une formation spécifique de trois ans est requise pour devenir maître-chien guide, en Belgique, la formation se fait généralement en alternance avec la scolarité normale ou par transmission de connaissances de la part des anciens moniteurs de l’association.
Des profils variés pour des maîtres chiens-guides compétents
L’association recherche des personnes ayant une formation dans le secteur social ou paramédical, ainsi qu’une expérience en éducation canine. Cette combinaison de compétences permet d’assurer que les maîtres chiens-guides ont les connaissances nécessaires pour comprendre les besoins spécifiques des personnes déficientes visuelles.
Une formation rigoureuse pour des chiens-guides autonomes
Il faut en moyenne deux ans de formation pour qu’un chien-guide puisse travailler de façon autonome. Cependant, pour former trois ou quatre chiens entièrement autonomes, il faut prévoir une période de trois ans. Cette durée garantit que les animaux soient capables de répondre aux besoins de leurs maîtres de manière efficace et sécurisée.
Un travail basé sur la confiance et la familiarisation
Les chiots âgés de moins d’un an sont confiés à des familles d’accueil. Un moniteur de l’association rend visite à ces familles tous les 15 jours pour enseigner les bases nécessaires à l’obéissance des chiens. Les familles d’accueil jouent un rôle essentiel en sortant les chiens pendant au moins deux heures chaque jour, afin de les familiariser avec l’environnement sonore et social. Ensuite, des stages sont organisés avec la personne déficiente visuelle, durant lesquels le chien-guide et son futur maître apprennent à travailler en binôme. Pendant les trois premiers mois, des essais sont réalisés au quotidien pour que la personne déficiente visuelle gagne en autonomie au fur et à mesure.
Les défis du dressage et la recherche de familles d’accueil
Le premier défi réside dans la sélection des chiens. L’association ne garde que les femelles de portées, en choisissant celles qui ne sont ni trop dominantes ni trop craintives. Trouver des familles d’accueil n’est généralement pas un problème. Cependant, certaines familles peuvent rencontrer des difficultés avec des chiens anxieux. Si les chiens n’ont pas été suffisamment exposés à des environnements urbains tels que les magasins ou les marchés, ils peuvent développer une crainte excessive vis-à-vis de ces situations.
Un autre défi consiste à habituer les chiens aux enfants et aux autres animaux, afin qu’ils ne soient pas distraits lors des promenades. Après un an de vie en famille d’accueil, les chiens ont déjà développé certaines habitudes, ce qui rend difficile leur formation ultérieure et génère des coûts inutiles.
Les qualités requises pour les familles d’accueil
Les familles d’accueil doivent apprendre au chien-guide à se déplacer dans leur environnement naturel, que ce soit en milieu rural ou urbain. En ville, les chiens ont tendance à être distraits par leurs congénères, il est donc essentiel de les habituer à les croiser sans s’y intéresser excessivement, afin qu’ils restent concentrés sur leur mission. Il est également important qu’au moins une personne de la famille d’accueil dispose de temps libre pour s’occuper du chien et le sortir régulièrement. Si le chien passe huit heures seul chaque jour et ne sort que pour ses besoins, cela n’est pas bénéfique.
Les familles d’accueil doivent également être disponibles pour les sessions d’éducation avec le moniteur. Elles apprennent comment faire obéir l’animal en respectant certaines règles et comment le tenir en laisse. L’objectif est d’enseigner au chien-guide à ne pas monter sur les fauteuils ou à sauter sur les gens. Ce processus d’éducation ressemble à un dressage traditionnel, mais il comprend également des éléments spécifiques pour assurer la sécurité de la personne déficiente visuelle, comme l’apprentissage des signaux d’arrêt et le respect des passages pour piétons.
Les races de chiens utilisées
Les labradors et les golden retrievers étaient souvent choisis par le passé en raison de leur convivialité et de leur facilité d’apprentissage. Cependant, pour éviter les risques de maladies génétiques, tels que la dysplasie de la hanche, ces chiens sont maintenant souvent croisés avec des bergers belges. Les croisements permettent de sélectionner des chiens en bonne santé, adaptés à un travail sur une durée minimale de dix ans. Les chiens-guides doivent être réceptifs à la manipulation dans toutes les situations, curieux et éveillés. Ils doivent également avoir du caractère et être capables de refuser certains gestes ou ordres s’ils représentent un danger pour leur maître.
Le choix personnalisé du chien-guide
Avant de dresser un chien-guide pour une personne déficiente visuelle, celle-ci est généralement placée sur une liste d’attente d’environ deux ans. L’objectif est de former une équipe harmonieuse en choisissant un chien en accord avec le caractère du maître. Par exemple, si le maître est calme, un chien calme lui sera attribué. Pour une personne plus active, un chien plus énergique et demandant davantage d’exercice sera sélectionné. Il est également essentiel de trouver un chien adapté à la taille de l’appartement ou de la maison, ainsi qu’à la vitesse de marche de la personne déficiente visuelle. C’est pourquoi plusieurs chiens sont essayés avant de déterminer celui qui conviendra le mieux au futur maître.
Mme Joëlle Huart déploie toute son expertise pour former des chiens-guides compétents et des binômes solides entre ces animaux et les personnes déficientes visuelles. Grâce à leur travail acharné et leur dévouement, ces chiens-guides apportent une aide précieuse au quotidien, offrant une meilleure qualité de vie à leurs maîtres.