Neutralité carbone : objectifs et enjeux pour un avenir écologique

Neutralité carbone : objectifs et enjeux pour un avenir écologique

Une vue d’ensemble sur la neutralité carbone, un des sujets les plus importants pour les décennies à venir pour parvenir à l’objectif européen de neutralité climatique en 2050 !

À la suite de l’Accord de Paris sur le climat, la loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte et le Code de l’Environnement ont introduit le principe d’une Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Stratégie qui ne vise pas au zéro émissions de gaz à effet de serre, mais à aller vers une démarche de transition écologique. Concrètement, c’est une feuille de route qui précise les orientations que la France doit suivre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avec deux objectifs :

La neutralité carbone, c’est quoi ?

Qu’est-ce que la neutralité carbone ?

Quand un État ou une entreprise souhaite « atteindre la neutralité carbone » (ou “carbon neutrality” in english), cela ne signifie pas zéro émission de CO2 pour 2050 – comme en témoigne la taxe carbone ou le crédit carbone.

Selon la définition du Parlement Européen, la neutralité carbone, c’est « l’équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone ». L’atteindre d’ici 2050, c’est répondre aux enjeux du réchauffement climatique et aux alertes du GIEC. La neutralité carbone peut être parfois considéré comme un code pour favoriser les projets de compensation. Alors qu’en réalité, il s’agit d’un “code” pour réduire l’impact des gaz à effet de serre sur l’environnement.

Autrement dit, lorsqu’une organisation s’engage à atteindre la neutralité carbone, elle peut continuer à émettre du carbone de manière durable, voire en émettre davantage…

Quels sont les principaux gaz à effet de serre ?

L’effet de serre est un phénomène naturel nécessaire à notre survie. Celui-ci provoque une augmentation et changement de la température à la surface de notre planète. Notre activité sur Terre modifie la composition chimique de l’atmosphère, et entraîne l’apparition d’un effet de serre supplémentaire, responsable en grande partie du dérèglement du climat. Du fait de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (émissions carbone).

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Si le CO2 (dioxyde de carbone) est le gaz à effet de serre le plus répandu – et nous allons nous concentrer dessus pour ce billet – il en existe cinq autres. Voici la liste complète et leurs principales sources :

✅ Dioxyde de Carbone
✅ Méthane
✅ Hydrofluorocarbure
✅ Protoxyde d’Azote
✅ Perfluorocarbure
✅ Hexafluorure de Soufre

Pourquoi viser la neutralité carbone ?

Lorsque la lutte contre le réchauffement/changement climatique est évoquée, un verbe qui vaut pour tous les sujets revient : la réduction. Sans un plan de réduction drastique des émissions de ces gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le climat continuera à s’emballer.

Tout est une question d’équilibre

Comme aiment à le répéter les climato-sceptiques, le carbone est présent naturellement dans l’atmosphère. Et ce à divers degrés à travers l’Histoire de la Terre. Sauf que depuis 1870, et l’ère industrielle dans laquelle nous vivons depuis, 2260 gigatonnes de CO2 ont été rejetées du seul fait des activités humaines (secteur transport, secteur industriel, secteur agricole…). La moitié s’est directement retrouvée dans l’atmosphère. Cela a engendré un réchauffement au niveau du monde de +1°C. Et l’autre moitié dans des réservoirs dits « non anthropiques », tels que l’océan et les forêts. Et le GIEC alerte dans chacun de leur rapport sur la diminution de ces puits d’absorption de carbone.

On ne peut limiter le réchauffement/changement climatique qu’en activant 2 leviers : une réduction des émissions et un développement des puits de carbone

Tous les enjeux de la neutralité carbone résident justement dans cet équilibre entre rejet de CO2 d’un côté, et absorption par des réservoirs de l’autre. On peut limiter le changement climatique en activant 2 leviers à l’échelle mondiale : une réduction des émissions et un développement des puits de carbone.

Les émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre ont atteint 37,1 gigatonnes en 2017. Selon la Commission Européenne, les réservoirs naturels (sol, océans, forêts) éliminent entre 9,5 et 11 gigatonnes de CO2 par an. Vous l’aurez compris : pas la peine d’être ingénieur.e pour relever que l’équation penche (très) largement d’un côté.

Si ces réservoirs naturels ne suffisent pas, pourquoi ne pas créer des puits de carbone artificiels ? « Encore quelques années et le défi sera relevé par le progrès technique », vous diront les plus optimistes. Hélas, nous en sommes loin.

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Le projet le plus ambitieux à ce jour promet de capter, d’ici 2025, 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre… Ce qui n’est pas un objectif assez ambitieux pour le climat

Comment atteindre la neutralité carbone ?

Comment agir concrètement ? Quelle stratégie adopter ? À quel niveau ? Parce qu’entreprises, états/pays et citoyens ont chacun leur rôle à jouer, nous vous présentons ici trois échelles (et deux leviers).

Comment une entreprise/un groupe peut-elle atteindre la neutralité carbone ?

Parce qu’on maîtrise toujours mieux ce qu’on peut mesurer, la première brique d’un engagement dans la transition écologique, et pour le climat, est souvent le Bilan Carbone Entreprise. Quelque ce soit le secteur d’activité concerné, cet exercice incontournable permet d’auditer l’ensemble des activités d’une société. Toutes les entreprises ont des avantages à effectuer leur bilan carbone. D’identifier où placer ses efforts et son énergie, de mieux orienter ses objectifs et sa politique de développement durable pour réduire son empreinte carbone.

À partir de là, les entreprises peuvent (doivent) prioritairement réduire leurs propres émissions directes et empreinte carbone. Ce sont celles qui émanent de leurs usines et de leurs moyens de transports (secteur industriel et secteur transport). Par exemple la production d’énergie (sous forme d’électricité ou de chaleur) associée à la fabrication d’un produit.

Puis agir sur les émissions indirectes des entreprises : celles qui proviennent de leurs fournisseurs et sous-traitants. Elles ont aussi la possibilité d’agir sur la réduction des émissions et empreinte climatique en commercialisant des solutions bas-carbone. Par exemple, proposer une voiture électrique au lieu d’une voiture thermique. Ou encore investir dans des projets labellisés bas-carbone d’autres sociétés.

Si vous vous souvenez de la définition de la neutralité carbone, vous vous dites que l’équation n’est pas complète si l’entreprise ne… fournie pas d’énergie à l’augmentation des capacités d’absorption mondiale – possible grâce aux fameux puits de carbone.

Pour ce faire, comme le montre la démonstration de Carbone 4 ci-dessus, elle a deux solutions : développer les absorptions de carbone en son sein et dans sa chaîne de valeur ou – et c’est l’option la plus courante – financer des puits de carbone, le plus souvent, des projets dits de « compensation » ou de « contribution à la neutralité carbone collective ».

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Du côté des États

Dans la continuité des engagements pris par l’Accord de Paris, l’Assemblée Nationale a inscrit, en juin 2019, dans la loi, l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en France d’ici 2050.

Pour le réaliser, la Stratégie SNBC – évoquée plus haut – doit désormais être prise en compte dans l’ensemble des politiques publiques. Un rapport datant de février 2020 détaille la feuille de route (et les objectifs concrets) de cette SNBC, notamment :

  • mettre fin à la vente de véhicules légers thermiques en 2040,
  • améliorer l’efficacité énergétique (et accélérer le rythme de rénovation),
  • développer l’agro-écologie et l’agriculture de précision,
  • promouvoir des technologies bas carbone,
  • soutenir massivement les énergies renouvelables,
  • renforcer l’économie circulaire,
  • maîtriser la demande en énergie,
  • décarboner et diversifier le mix énergétique de production.

Dans son rapport, la SNBC propose également un plan d’actions. Pour « augmenter les puits de carbone (naturels et technologiques) d’un facteur 2 par rapport à aujourd’hui ».

Tous les pays de l’Union Européenne se sont également fixés l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.

De son côté, l’administration Trump avait préféré attendre d’être sûre que le réchauffement climatique était bel et bien dû à l’activité humaine avant d’y mettre la moindre énergie…un avis (heureusement) peu partagé par la nouvelle équipe d’Amtrak Joe !

Des initiatives similaires ont vu le jour dans le monde. Et en septembre 2020, la Chine a précisé à un conseil de l’ONU qu’elle « espérait » remplir son objectif de neutralité carbone d’ici 2060.

Et les citoyens dans tout ça ?

À notre échelle, nous pouvons, nous aussi, développer une « stratégie bas-carbone », en y consacrant un peu de temps et d’énergie :

  • consommer des produits locaux et moins de viande,
  • mettre en place une politique zéro déchet,
  • éviter au maximum de prendre l’avion,
  • se fournir en électricité / gaz auprès d’un producteur d’énergies renouvelables,
  • réaliser des travaux d’isolation de son logement lorsque c’est possible…

Autant d’initiatives durables qui sont aujourd’hui connus et qui, si elles sont réalisées par un nombre toujours plus important de citoyen.e.s, seront loin d’être anecdotiques. Petit à petit, le groupe s’agrandit pour améliorer le climat et l’empreinte carbone de tous les humains !

Compenser son empreinte pour contribuer à la neutralité carbone collective ?

Et comme vous avez suivi, vous savez désormais que le second levier à activer pour atteindre la neutralité carbone est de contribuer au développement des puits de carbone. Là encore, nous, citoyens, pouvons agir avec la compensation volontaire !

Néanmoins, la compensation carbone ne doit être envisagée seulement en dernier recours. Il est plus efficace de réduire ses émissions plutôt que de les compenser !