Plus que jamais, les voitures électriques et hybrides rechargeables ont le vent en poupe chez les constructeurs. Mais elles constituent encore et toujours une part réduite des immatriculations, malgré les efforts des politiques et donc des marques pour les mettre en avant.
Pour ceux qui ne peuvent recharger ou consentir l’investissement qu’elles requièrent, il existe d’autres solutions : le GPL, l’E85 et… l’hybride simple, défendu par Toyota depuis plus de vingt ans avec la réussite que l’on sait.
La concurrence a pris tout son temps pour répliquer, mais désormais l’acheteur dispose d’une offre variée, particulièrement dans le segment des SUV urbains. Depuis deux ans, Face aux attaques japonaises, le Renault Captur fait mieux que se défendre. Il domine.
Certes, sa motorisation hybride déçoit par sa gourmandise en ville, mais son confort, ses équipements et ses qualités familiales lui permettent d’emporter la mise. Seuls ceux qui ont une utilisation principalement urbaine lui préféreront le Toyota Yaris Cross, imbattable sur ce terrain.
En dépit de son style attrayant, le Nissan Juke ferme la marche faute d’une adaptation totalement réussie de sa motorisation. a largement dynamisé le marché avec sa motorisation E-Tech qui se distingue par son originale transmission à crabots et qui équipe son très populaire Captur.
Par le jeu de l’Alliance, le Nissan Juke s’est approprié cet ensemble hybride depuis cet été. Une véritable bénédiction pour celui qui peine à rééditer le carton de son prédécesseur. Et pour cause : jusqu’ici, il ne recevait qu’une seule et unique motorisation essence, plutôt gourmande de plus, et pas de diesel.
Contrairement à sa petite sœur Yaris hybride, le Yaris Cross, lancé en 2021, n’a donc connu aucune période de grâce. Avec 116 ch de puissance cumulée tirés de son système hybride à train épicycloïdal, il doit donc affronter des concurrents en apparence bien mieux armés que lui.
Forts de 143 ch et 145 ch, le Juke et le Captur pourraient se croire à l’abri, mais, nous le verrons, ce n’est pas aussi simple. Nos trois comparses cultivent d’ailleurs des personnalités bien particulières même si leurs dimensions sont étonnamment proches.
Sur la route
Ce n’est pas parce que le Juke partage sa motorisation avec le Captur qu’il affiche le même caractère. Bien au contraire. Il se fait remarquer dès les premiers tours de roues par un certain dynamisme. Sa direction ferme mais bien calibrée, ses suspensions au tarage sensiblement plus sportif que celui de ses concurrents laissent entrevoir un caractère plus enjoué.
Cela ne se vérifie malheureusement pas au fil des kilomètres. Face au chronomètre, il ne confirme pas et s’avère même beaucoup moins véloce que le Renault avec une différence énorme de 1,5 s sur l’exercice du 0 à 100 km/h, un écart qui se creuse encore davantage en reprises.
Certes, notre Juke affiche 76 kg de plus sur notre balance, mais ce léger embonpoint peine à expliquer une telle différence. L’adaptation du système E-Tech au Nissan paraît d’ailleurs globalement moins réussie que sur le Renault : son fonctionnement est moins fluide, tandis que l’insonorisation du moteur thermique, beaucoup moins soignée rend plus désagréables les phases où il démarre pour recharger la batterie.
Difficile, de plus, d’être convaincu par son système d’e-Pedal Step qui freine la voiture jusqu’à 7 km/h : à l’usage, il ne se montre pas plus probant que le mode B du Captur qui se contente d’amplifier la régénération au freinage. Plus véloce, le français est aussi plus confortable.
Ses jantes plus petites permettent de mieux absorber les irrégularités. Et il ne cède rien en efficacité, grâce à une tenue de route et une adhérence au-dessus de tout soupçon. Il n’y a que sa direction, très assistée et peu informative, qui laisse un peu à désirer face à son cousin.
Tous les deux roulent très régulièrement en mode 100% électrique et la transmission multimode s’avère globalement efficace, sauf lorsque l’envie prend au conducteur d’enfoncer la pédale d’accélérateur aux alentours de 100 km/h : le temps de réponse devient alors nettement plus élevé.
Face à cet affrontement fratricide, le Yaris Cross ne se laisse pas autant distancer que prévu. Avantagé par sa masse inférieure de 158 kg par rapport au Juke, il arrive à “accrocher” celui-ci en accélérations comme en reprises malgré son déficit de puissance de 27 ch.
C’est la démonstration que la puissance ne fait pas tout et le rendement du système Toyota prouve encore une fois sa supériorité. Au volant toutefois, le Yaris Cross se révèle le moins agréable à conduire, même si la gestion de la transmission a beaucoup progressé.
Son fonctionnement “CVT” manque toujours de naturel, tandis que sa suspension plus souple que celle de ses rivaux apparaît moins efficace et décourage toute envie de hausser le rythme : toute la vivacité de la petite Yaris a été sacrifiée.
Enfin, l’insonorisation est son vrai point faible aussi bien du point de vue du moteur que des bruits d’air et de roulement. Bien plus que son déficit de puissance, c’est ce défaut qui en fait un modèle moins qualifié pour les longs trajets que ses rivaux.
Vie à bord
Par rapport à la première génération du Juke, l’actuel a mis beaucoup d’eau dans son vin. C’est lui qui propose le dessin de planche de bord le plus léché et sa finition joue carrément la carte du luxe avec de jolis inserts en Alcantara.
Il est aussi devenu beaucoup plus accueillant à l’arrière en dépit de sa ligne de coupé. Hélas, ces beaux efforts ont leurs limites. Son coffre est le moins logeable. Surtout, le Nissan a déjà un train de retard sur ses rivaux sur le plan de l’équipement numérique : non seulement il ne dispose pas d’instrumentation de bord numérique, mais son système multimédia est de loin le plus ancien et le moins pratique à utiliser.
À l’arrière, deux adultes peuvent s’installer sans difficulté, mais doivent composer avec une atmosphère très confinée par la ligne de caisse très haute. Le Captur déploie donc sans contrainte ses atouts de familiale de la bande : sa banquette coulissante lui permet selon les besoins d’offrir le plus grand coffre ou les places arrière les plus accueillantes.
Il propose également un niveau de finition très satisfaisant, même s’il n’est pas aussi luxueux que le Nissan. En revanche, son système multimédia est au goût du jour et se montre relativement simple à utiliser. Chez Toyota, les concepteurs de l’habitacle ont enfin décidé d’adopter un équipement numérique moderne.
Mais le Yaris Cross fait sentir sa vocation plus urbaine par une finition plus rustre, tandis que l’espace à l’arrière est nettement plus compté que chez ses concurrents. Toutefois, son coffre vaste et doté d’office d’une prise 12 V se révèle parfaitement adapté à un usage familial.
Budget
C’est entendu, le Yaris Cross Collection, facturé 2 500 € de moins que le Captur, est le moins cher du lot. Mais nous nous attendions à une différence de tarif plus importante étant donné sa puissance inférieure.
Reconnaissons toutefois que Toyota n’est pas avare en équipements : l’affichage tête haute, les sièges chauffants ou encore la navigation sont de série. Face à lui, le français en dotation Iconic reprend la tradition prodigue de la finition Intens qu’il remplace.
Il dispose d’office du siège conducteur électrique, s’habille de cuir et intègre les équipements dernier cri comme la recharge à induction. Dans sa livrée N-Design, le Nissan Juke préfère jouer la séduction en ne facturant pas en supplément (c’est assez rare pour être souligné) la peinture métallisée.
Le Juke poursuit le numéro de charme avec son toit contrasté et les jantes de 19 pouces. Mais, a contrario, il impose de recourir à un seul pack d’options à 1 500 € pour profiter du système de navigation, de la caméra 360° et de la conduite semi-autonome.
Le Yaris Cross attend cependant la fin de partie pour asséner son argument massue, qui met tout le monde d’accord : sa consommation moyenne quasi inférieure de 1 l/100 km à celle du Renault, grâce à ses prouesses en ville.
Sur ce terrain, il “corrige” littéralement ses adversaires, heureusement bien plus vertueux sur route et autoroute. Il faut y voir la principale faiblesse du système hybride Renault, dont le moteur 1,6 l d’origine… Nissan (!) présente un rendement limité.
Nous nous étonnons d’ailleurs des différences de consommation relevées en ville entre les deux cousins : carrément gourmand, le Captur réclame 1,2 l/100 km de plus sur ce terrain. Il conserve toutefois l’avantage de la meilleure autonomie grâce à son réservoir de 48 l.
Verdicts
Sur la route :
- Renault Captur
- Nissan Juke
- Toyota Yaris Cross
Vie à bord :
- Renault Captur
- Toyota Yaris Cross
- Nissan Juke
Budget :
- Toyota Yaris Cross
- Renault Captur
- Nissan Juke
Le choix de l’Auto-Journal : Renault Captur
Face aux attaques japonaises, le Renault Captur fait mieux que se défendre. Il domine. Certes, sa motorisation hybride déçoit par sa gourmandise en ville, mais son confort, ses équipements et ses qualités familiales lui permettent d’emporter la mise.
Seuls ceux qui ont une utilisation principalement urbaine lui préféreront le Toyota Yaris Cross, imbattable sur ce terrain. En dépit de son style attrayant, le Nissan Juke ferme la marche faute d’une adaptation totalement réussie de sa motorisation.
Retrouvez notre comparatif aussi dans l’Auto-Journal n°1119 du 20/10/2022.