On est séparés mais on habite ensemble

On est séparés mais on habite ensemble

Il fut un temps où l’amour était la seule motivation à vivre ensemble, mais aujourd’hui, la rupture ne change pas forcément la situation immobilière : on dort séparément, mais on continue à partager le même toit par contrainte économique et par peur de l’avenir incertain. Avec le pouvoir d’achat en baisse et des loyers en hausse (un locataire sur cinq dépense plus de 30% de ses revenus en loyer en moyenne), ainsi que l’instabilité de l’emploi et la crainte de la pauvreté (en 2017, 34,9% des foyers monoparentaux vivaient sous le seuil de pauvreté), la séparation est devenue une source d’angoisse financière. Les sociologues ont nommé ces couples, qui se séparent “de corps” mais pas “de biens”, les “living together apart” (vivant ensemble séparés). Bien que difficilement quantifiables en France, cette tendance est de plus en plus répandue.

Laura, 24 ans : on survit plus qu’on ne vit

Laura raconte comment elle et son ex-petit ami ont continué à vivre ensemble malgré leur rupture. En tant qu’étudiants, ils partageaient un studio dont le loyer était abordable grâce à la caution solidaire des parents de Laura. Cependant, individuellement, ils n’ont pas les moyens de se loger ailleurs. Laura travaille à temps partiel dans un supermarché et son ex-petit ami étudie la médecine. Ensemble, ils font face aux difficultés financières, mais séparément, ils n’existent plus. Laura souligne l’injustice de cette situation où le pouvoir d’achat prévaut sur les relations conjugales. Vivre ensemble séparés a changé leur relation et Laura se sent spectatrice de la nouvelle vie de son ex-petit ami sans elle.

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Sylviane, 53 ans : finalement, il est devenu mon meilleur ami

Sylviane raconte comment elle a décidé de partager son appartement avec son ex-mari pour des raisons financières et pour le bien-être de leurs filles. Au début, ils se disputaient pour les chambres et les espaces communs, mais au fil du temps, ils ont réussi à trouver un équilibre et à mener une vie domestique harmonieuse en tant que parents partenaires. La relation de Sylviane et de son ex-mari a évolué et bien qu’ils ne soient plus amoureux, il est devenu son meilleur ami et ils s’entraident en cas de besoin. Sylviane réalise que malgré la rupture, la cohabitation a renforcé leur relation et les a rendus plus solidaires.

Ghalya, 41 ans : il a fait une totale régression, j’avais un troisième enfant

Ghalya explique comment elle et son ex-compagnon ont choisi de partager une vieille maison pour éviter de perdre financièrement en cas de vente. En tant qu’artistes intermittents du spectacle, ils ne peuvent pas se permettre de louer deux appartements dans le même quartier et déménager plus loin serait compliqué pour leur travail. La cohabitation a demandé un certain temps d’adaptation, mais ils ont réussi à trouver un équilibre. Ghalya est maintenant convaincue que vivre ensemble séparés est la meilleure solution pour eux. Ils maintiennent une relation de colocation et chacun respecte l’espace de l’autre. Ghalya a même retrouvé un nouvel amour et apprécie la liberté que cette situation lui offre.

Une cohabitation contrainte est rarement tenable

Selon la psychologue de couple Sophie Cadalen, partager le même toit que son ex est rarement vivable. Lorsqu’on décide de se séparer, il est important de récupérer son espace personnel pour se retrouver soi-même. Une cohabitation contrainte rend cela difficile, car on ne peut pas dissocier son existence de celle de l’autre. De plus, l’amour fort rend plus difficile la transition vers une relation basée sur l’intelligence et le raisonnement. Malgré l’envie d’être autonome et indépendant, la peur de s’engager et de perdre son indépendance pousse certaines personnes à maintenir une cohabitation forcée.

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Vivre ensemble séparés peut être une solution temporaire pour certains couples, mais il est important de reconnaître les limites de cette situation. Chaque histoire est unique et ces témoignages montrent différentes façons de faire face aux défis de la rupture.