Où se situe le début de la maltraitance infantile ?

Où se situe le début de la maltraitance infantile ?

Comprendre la maltraitance faite aux enfants

La maltraitance infantile fait référence à toutes les formes de violence ayant de graves conséquences sur le développement physique, psychique et psychologique des enfants. Ces cas de maltraitance peuvent survenir aussi bien au sein de la famille que dans l’environnement social plus large de l’enfant, comme l’école, le quartier, le cercle d’amis ou même sur internet.

Les différents types de maltraitance

La violence envers les enfants peut revêtir de nombreuses formes. Souvent, un enfant maltraité subit différents types de violences simultanément. On peut distinguer les mauvais traitements par commission, qui impliquent des actes ou des comportements causant un préjudice avéré, potentiel ou menaçant. On parle alors de “violences”. Les mauvais traitements par omission désignent le fait de ne pas répondre aux besoins physiques, affectifs, psychologiques ou éducatifs de base de l’enfant, ou encore de ne pas le protéger d’un danger. Dans ce cas, on parle de “négligences graves”.

Les violences

Parmi les violences et les mauvais traitements infligés aux enfants, on peut distinguer trois catégories principales :

  • La violence physique : il s’agit de l’utilisation délibérée et non accidentelle de la force contre un enfant, pouvant entraîner des blessures ou des risques de blessures graves. Cela comprend les coups, les morsures, les brûlures, les empoisonnements, les suffocations, les secousses, les noyades, les fausses maladies délibérées, etc.

  • La violence psychologique : elle englobe des actes généralement répétitifs tels que les menaces verbales, l’isolement social, l’intimidation, l’imposition d’exigences déraisonnables par rapport à l’âge ou au niveau de développement de l’enfant, la terreur, l’exploitation (travail, mendicité), l’exposition à la violence entre parents ou envers d’autres enfants, etc. Les mauvais traitements psychologiques sont présents dans toutes les autres formes de violence, même s’ils peuvent également se manifester seuls.

  • Les violences sexuelles : il s’agit de l’utilisation du corps d’un enfant à des fins sexuelles. Les abus sexuels incluent le fait de forcer ou d’inciter un enfant à participer à des activités sexuelles, y compris la prostitution, que l’enfant en soit conscient ou non. Les violences sexuelles peuvent prendre des formes de contact (pénétration ou non) ou de non-contact, telles que regarder des activités sexuelles ou produire/regarder des images sexuelles, ou encore encourager des comportements sexuels inappropriés chez les enfants.

De plus, de nombreux enfants grandissent au sein de foyers où les violences conjugales entre les parents sont présentes. Ils peuvent être témoins ou victimes de ces violences.

Les négligences graves

Les négligences graves, souvent chroniques, se caractérisent par des incidents répétitifs qui affectent le développement, la santé et le bien-être de l’enfant. Il s’agit d’un défaut persistant à répondre aux besoins physiques et/ou psychologiques fondamentaux de l’enfant, tels que lui fournir de la nourriture, des vêtements appropriés, un abri, le protéger des dangers, lui assurer l’accès aux soins médicaux, etc. La négligence peut également se manifester par un manque de réponse aux besoins affectifs et émotionnels de l’enfant.

Les séquelles de la maltraitance infantile

Au-delà du décès, qui est la conséquence la plus tragique de toute forme de maltraitance infantile, on peut distinguer deux grandes catégories de conséquences : les atteintes à la santé physique et les atteintes à la santé mentale. Il est cependant important de souligner que la frontière entre ces catégories est floue et qu’elles sont étroitement liées. Elles ont, à leur tour, un impact en cascade sur la vie de l’enfant et, plus tard, sur celle du jeune adulte, notamment dans les domaines social, affectif, scolaire et comportemental vis-à-vis de la loi.

  • Décès : selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 155 000 enfants de moins de 16 ans meurent chaque année dans le monde des suites de maltraitances et de négligences. Ce nombre est probablement sous-estimé en raison du manque d’enquêtes et d’analyses post-mortem. En 2018, en France, 80 enfants sont décédés des suites de maltraitances infantiles, qu’il s’agisse de mauvais traitements, de sévices physiques et psychologiques, de violences sexuelles ou de négligences graves.

  • Atteintes à la santé physique des enfants victimes de violence : les violences infligées à un enfant peuvent avoir un impact direct sur sa santé physique, entraînant souvent des traumatismes (lésions, fractures, etc.) pouvant causer un handicap ou une incapacité. Cela peut affecter différentes parties du corps (membres, organes vitaux) ainsi que les fonctions cérébrales, entraînant des troubles mentaux (comme le syndrome du bébé secoué, par exemple). De plus, les négligences en matière de soins peuvent entraîner une détérioration de l’état de santé de l’enfant, avec des problèmes tels que la malnutrition, les carences, les maladies chroniques ou aiguës non traitées, etc.

  • Atteintes à la santé mentale : la relation de sécurité qui se construit entre un enfant et les personnes qui s’occupent de lui est fondamentale pour son développement, son image du monde, son identité et sa capacité à interagir avec autrui. Lorsque les personnes censées apporter sécurité, soins et éducation à un enfant se révèlent être des sources de danger et d’angoisse, cela entrave son développement optimal. Les mauvais traitements affectent l’estime de soi de l’enfant, sa capacité à faire confiance et son intégration sociale. Lorsque la maltraitance survient très tôt dans la vie d’un enfant et qu’elle est fréquente, elle peut causer des dommages irréversibles à l’âge adulte et compromettre sa capacité à vivre de manière autonome.

Les conséquences de la maltraitance infantile

Ces séquelles physiques et psychologiques ont de lourdes conséquences sur la vie de l’enfant et du jeune adulte. Les conséquences de la maltraitance peuvent être associées et se manifester de manière cumulative, les unes entraînant les autres.

  • Problèmes de développement et d’apprentissage : de nombreuses études ont mis en évidence une corrélation entre la maltraitance et des difficultés scolaires. La maltraitance peut avoir un impact significatif sur des domaines essentiels tels que la parole et le langage.

  • Santé mentale, traumatismes et problèmes comportementaux : les enfants maltraités peuvent présenter des comportements intériorisés tels que le retrait, la tristesse, l’isolement, la dépression, des tentatives de suicide, des troubles alimentaires, des dépendances aux drogues et à l’alcool, ainsi que des troubles du comportement actifs tels que l’hyperactivité, l’agressivité, la violence envers autrui, voire des comportements criminels.

  • Situations sociales précaires : les enfants ayant subi des maltraitances psychologiques, physiques ou des négligences graves sont plus susceptibles de connaître des situations sociales précaires à l’adolescence. Les filles sont particulièrement exposées à un risque accru de grossesse précoce et d’infections sexuellement transmissibles, tandis que l’ensemble des victimes de maltraitance présente un taux plus élevé de chômage et de problèmes de logement, compromettant ainsi leur insertion sociale à long terme.

  • Dégradation de l’état général de santé physique : des études longitudinales menées aux États-Unis ont établi une corrélation entre les mauvais traitements subis pendant l’enfance et une détérioration de l’état de santé physique à l’adolescence. Plus un enfant a été victime de maltraitance, plus son état de santé est susceptible d’être altéré à l’adolescence.

Les facteurs aggravants

Certains facteurs liés aux conditions dans lesquelles survient la maltraitance peuvent aggraver ses conséquences :

  • L’âge de la victime : plus la maltraitance infantile intervient précocement et perturbe les étapes fondamentales du développement, plus les dommages causés peuvent être irréversibles. Certains éléments essentiels, tels que le schéma corporel, l’image de soi ou encore la structuration du langage, ne peuvent être récupérés ultérieurement.

  • La durée et la fréquence : plus les mauvais traitements sont infligés régulièrement et sur une longue période, plus leur impact sur la vie et le développement de l’enfant est lourd.

  • La relation entre l’agresseur et la victime : plus l’agresseur est proche de l’enfant (parent ou autre membre de la famille), plus les traumatismes vécus peuvent être importants.

En conclusion, il est crucial d’identifier et de combattre la maltraitance infantile. Chacun de nous doit être vigilant et réagir face à toute situation suspecte. La protection des enfants est l’affaire de tous.