Non, les “stages” ne sont pas réservés aux étudiants. Ils portent simplement un autre nom : “immersions en entreprise” ou plus techniquement “périodes de mise en situation en milieu professionnel”. Et il y a des modalités spécifiques.
L’immersion professionnelle pour tous les demandeurs d’emploi
Créée en 2014, l’immersion professionnelle permet aux entreprises d’accueillir, dans un cadre juridique sécurisé, des personnes en recherche d’emploi pour une durée allant d’une journée à un mois maximum. Tous les profils et tous les âges sont concernés. Cette immersion sert de test pour le demandeur d’emploi.
L’objectif principal de cette expérience est de permettre au demandeur d’emploi de découvrir un métier ou un secteur d’activité, de confirmer son projet professionnel ou même de se lancer dans une reconversion. L’immersion vise donc à rapprocher le demandeur d’emploi du marché du travail et à lui redonner confiance s’il est éloigné de l’emploi.
Des bénéficiaires plus jeunes et plus diplômés que la moyenne
Charline, une aide-soignante de 30 ans, en fin de parcours intérimaire, a essayé pendant trois jours le métier d’assistante dentaire dans un cabinet. Ce court séjour lui a donné une révélation, et elle est maintenant convaincue de changer de voie. Après son “stage”, enthousiaste, elle a démarché des employeurs potentiels pour un éventuel contrat de professionnalisation.
Comme elle, les bénéficiaires de ces immersions sont en général plus jeunes que la moyenne des demandeurs d’emploi, selon une étude interne publiée en 2021. Les moins de 30 ans représentent 38 % des immersions professionnelles, alors qu’ils ne constituent que 27 % des demandeurs d’emploi. De plus, les bénéficiaires sont souvent plus diplômés que la moyenne.
Même si l’organisme d’accueil ne peut pas rémunérer le “stagiaire”, ce dernier conserve son indemnisation s’il en percevait déjà une. De plus, le demandeur d’emploi bénéficie d’une couverture sociale, notamment en cas d’accident du travail. Il est toutefois possible d’être défrayé au cas par cas, si nécessaire.
Un annuaire en ligne avec 37 000 entreprises référencées
La “plateforme immersion facilitée”, imaginée par des intrapreneurs de Pôle emploi et de la start-up d’État beta.gouv, a été mise en place en 2022 pour simplifier et dématérialiser les démarches. Elle propose un annuaire en ligne regroupant des entreprises “accueillantes”.
Le pari semble réussi. Selon Pôle emploi, chaque semaine, environ 2 000 mises en relation entre entreprises et demandeurs d’emploi sont réalisées, et 1 000 immersions sont signées. Actuellement, près de 37 000 entreprises sont référencées sur cette plateforme, offrant pas moins de 72 500 opportunités d’immersion.
Toutes les entreprises et les associations peuvent utiliser cette plateforme, à condition d’avoir un numéro de SIRET. Les particuliers et les employeurs privés ne peuvent donc pas en faire partie. Leur intérêt est de pouvoir recruter plus facilement, en identifiant les candidats potentiels, notamment dans les secteurs en tension.
Selon les estimations de Pôle emploi, le commerce et l’industrie sont les deux secteurs qui utilisent le plus cette plateforme, après le secteur des services. Viennent ensuite la construction et l’agriculture.
La durée maximale d’une immersion est de quatre semaines. Cependant, il est possible de la prolonger si les conditions restent les mêmes, précise l’institution. La durée totale d’immersion ne peut pas dépasser 60 jours calendaires, en tenant compte des jours non travaillés.
Il est également possible de faire une immersion sur un autre poste de travail au sein de la même entreprise. Dans ce cas, il s’agit d’une nouvelle immersion, indépendante de la première. Comme pour un “stage” classique, il est bien sûr possible de prolonger ou d’interrompre l’immersion à tout moment si elle ne se déroule pas bien.
Mais au fait, combien d’immersions peut-on faire par personne ? Il n’y a pas de limite légale, mais Pôle emploi recommande de rester dans un nombre raisonnable en fonction du projet de chaque personne. Il convient d’en discuter avec son conseiller.
Un dispositif “utile” pour les bénéficiaires
Visiblement, l’immersion professionnelle porte ses fruits. Selon une étude menée par Pôle emploi et publiée en 2021, 72 % des bénéficiaires ont trouvé un emploi dans l’année qui suit leur immersion, dont un tiers dès la fin de celle-ci. Neuf bénéficiaires sur dix ont jugé cette expérience “utile” pour leur projet professionnel et leur insertion dans le monde du travail. Les employeurs eux-mêmes sont satisfaits, huit sur dix considérant ce dispositif comme étant “utile”. Près d’un quart des demandeurs d’emploi sont embauchés dans l’entreprise qui les a accueillis.
