Ouvrir un squat en 5 étapes : Toutes les astuces dévoilées !

Comment ouvrir un squat en 5 étapes ?

Tu en as marre de ton propriétaire qui te harcèle ? Le Crous te retient prisonnier dans une minuscule chambre universitaire ? Tu n’as jamais d’argent à cause du loyer, des charges et de cette fichue taxe d’habitation ? Ne te laisse pas abattre, ouvre un squat ! Ce n’est pas si compliqué, et si tu t’y prends bien, tu ne risques pratiquement rien. Le Poing s’est inspiré des brochures des squatteurs, notamment “Le Squat de A à Z”, pour te donner des conseils afin d’ouvrir un squat et de ne pas te faire expulser trop rapidement.

Vivre dans un squat : Contestation et défi à la propriété privée

Squatter signifie vivre dans un bâtiment abandonné sans avoir obtenu l’autorisation de qui que ce soit. C’est refuser de payer un loyer à un propriétaire qui possède plusieurs logements tandis que d’autres n’en ont aucun. Certains squats sont revendiqués comme étant militants et/ou culturels, tandis que d’autres sont simplement des lieux de vie. Quoi qu’il en soit, chaque squat est un acte de contestation contre la propriété privée.

Il y a 2,8 millions de logements vacants en France, dont plus de 12 000 à Montpellier. Parallèlement, on compte plus de 140 000 personnes sans domicile fixe en France, dont plusieurs milliers à Montpellier. La moitié des appels passés au 115, le numéro d’hébergement d’urgence, restent sans réponse, si bien que les services sociaux redirigent parfois les sans-abri vers… les squats. Pendant ce temps, la mairie de Montpellier s’évertue à construire des dispositifs anti-SDF. En juillet 2017, Emmanuel Macron a promis qu’il n’y aurait bientôt “plus personne à la rue”, et en janvier 2018, l’ancien préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel, a promis de “permettre à des personnes mal-logées ou sans logement d’accéder à un vrai parcours résidentiel”. Pour accélérer l’accès à ce “parcours résidentiel”, suis ces étapes :

1) Trouve un bâtiment vacant

Commence par réunir un groupe d’amis motivés qui pourront t’aider à repérer des bâtiments vides. Inutile d’être une armée, quelques personnes suffisent. Avoir des bricoleurs dans le groupe peut être utile. Fais tes repérages le plus discrètement possible, de préférence la nuit. Tous les bâtiments abandonnés sont des cibles potentielles. Plusieurs indices peuvent t’aider à les identifier : volets fermés, boîte aux lettres pleine de publicités périmées, tas de feuilles mortes devant la porte, jardin en friche, etc. Plus le bâtiment donne l’impression d’être abandonné depuis longtemps, mieux c’est. Une fois le bâtiment choisi, assure-toi qu’il n’y ait plus aucun passage d’entrée. Pour cela, place un morceau de papier dans l’embrasure de chaque porte et portail, puis vérifie régulièrement s’ils sont toujours là. Tu peux également utiliser un petit morceau de bois pour bloquer les serrures.

Lors de tes repérages, observe attentivement les entrées possibles pour la première visite (porte, fenêtre, garage, fenêtre de toit, soupirail, volet mal fermé…) et imagine de quels outils tu auras besoin. Prends des photos du lieu pour pouvoir l’observer depuis chez toi et te faire passer pour un photographe amateur au cas où un voisin s’étonnerait de te voir rôder dans le quartier. En complément des repérages sur place, utilise également la vue satellite de Google Maps pour avoir une autre perspective du bâtiment et repérer des détails qui t’auraient échappé. La meilleure cible est un bâtiment public abandonné depuis longtemps et en bon état.

Comment ouvrir un squat en 5 étapes ?

2) Rentre et sécurise le bâtiment

Une fois que tu as trouvé le bâtiment à occuper, rassemble tes amis avec qui tu souhaites investir le lieu et faites un compte rendu collectif pour vous assurer que tout le monde a les mêmes informations. Préparez les outils nécessaires : marteaux, tournevis plats et cruciformes, pied-de-biche, vis, serrures, clous, perceuse sans fil, ciseau à bois, mètre, chaîne, cadenas, etc. Prévoyez également de quoi tenir quelques jours : vêtements chauds, couvertures, eau, nourriture, bougies, allumettes, jeux de cartes, etc. Formez des binômes et répartissez-vous les rôles pour l’ouverture : des guetteurs discrets dans la rue, ceux qui vérifient le rez-de-chaussée, ceux qui montent au premier étage, ceux qui transportent le matériel, etc. Pour minimiser les risques d’être repérés, il vaut mieux entrer la nuit. Sonnez avant d’entrer de manière officielle, avec une excuse bidon au cas où vous croisiez des occupants. Reste calme et discret en entrant, évite de courir partout, de crier et fait attention à ne pas allumer les lumières visibles depuis l’extérieur. Il est préférable d’utiliser des lampes frontales avec une lumière rouge pour te guider.

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Si tu réalises que tu es dans un logement meublé et habité, pars immédiatement ! Ce serait considéré comme une violation de domicile avec dégradations volontaires et vol. Si les toits, les murs et les planchers sont trop délabrés, pars également. Une fois ces vérifications faites, n’attends pas. La priorité est de verrouiller toutes les entrées et de te barricader ! Pendant qu’un binôme pose les verrous, un autre peut chercher s’il y a une boîte cachée quelque part avec les clés des portes. Concentre-toi sur la barricade de chaque entrée du bâtiment avec tout ce que tu peux trouver sur place, mais répare rapidement les éventuels dégâts matériels causés aux portes et aux fenêtres pour réduire les risques d’être pris en flagrant délit d’effraction. Une fois la barricade mise en place, envoie le binôme de guetteurs vérifier qu’il est effectivement impossible d’entrer. Si c’est le cas, tu as alors accès au niveau 3 : le sous-marin.

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3) Attends la visite de la police et des huissiers

Auparavant, après 48 heures de squat, la police ne pouvait légalement plus t’expulser, sauf en cas d’effraction constatée. Cependant, une nouvelle loi votée le 17 septembre 2020 permet maintenant aux propriétaires de résidences secondaires de saisir le préfet pour accélérer l’expulsion, sans passer par une décision de justice. Mais ne panique pas : il est fort probable que cela concerne principalement les résidences secondaires non abandonnées. Comme mentionné auparavant, il vaut mieux occuper un bâtiment sans meubles et abandonné depuis longtemps, de préférence appartenant à une autorité publique. La règle des 48 heures est donc atténuée, mais pas totalement abolie.

Indique un nom (vrai ou faux) sur la boîte aux lettres et fais-toi envoyer une enveloppe affranchie et datée pour prouver que tu es là depuis plus de 48 heures et éviter une procédure d’expulsion par huissier de justice basée sur une requête anonyme. Tu peux même obtenir des courriers antérieurs à ton arrivée en écrivant une adresse au crayon à papier que tu modifieras au stylo après réception. Mais garde à l’esprit que seul le passage de la police, d’un huissier ou du propriétaire déclenche officiellement l’ultimatum des 48 heures. Si la police et les huissiers ne passent pas le même jour, considère que l’ultimatum commence à partir du deuxième passage. Une option possible, dès les 48 heures ou dès que tu es bien barricadé, est d’appeler toi-même la police, en te faisant passer par exemple pour un voisin ayant constaté l’occupation. Cela te permet de choisir quand les policiers arrivent et de ne pas attendre leur visite pendant plusieurs jours. D’autres préfèrent rester discrets le plus longtemps possible, c’est à toi de voir. Quoi qu’il en soit, la réaction de la police reste imprévisible et il n’est jamais à l’abri d’une intervention musclée d’une équipe de la Brigade anticriminalité (BAC) assoiffée d’action. La barricade devient alors ton meilleur allié.

En cas de visite d’un huissier, de la police ou du propriétaire, ne leur ouvre pas la porte ! Parle-leur depuis une ouverture en hauteur ou envoie quelqu’un leur parler depuis l’extérieur. Prétends, même si ce n’est pas vrai, que la maison était ouverte et que tu habites là depuis plus de 48 heures, ce qui fait du bâtiment ton domicile principal. Tu dois jouer la carte du bluff : dis-leur que tu as un avocat, qu’il s’agit d’une opération de squat en réponse à une campagne nationale contre le mal-logement, que les journalistes sont en train d’arriver et que visiblement, tout le monde était au courant sauf eux. Divulguez le moins d’informations possible, même aux voisins curieux. Trois ou quatre jours après la visite de la police et/ou des huissiers, tu peux considérer qu’aux yeux de la loi, tu es chez toi.

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Colle alors ce message à la porte : “Ce lieu est notre domicile ainsi que notre résidence principale. En tant que résidents de l’immeuble, nous sommes protégés par la loi. Agir en dehors des procédures légales constitue une violation d’un des principes du droit français, à savoir l’inviolabilité du domicile. Conformément à l’article 432-8 du Code pénal, ‘Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission, de s’introduire ou de tenter de s’introduire dans le domicile d’autrui contre son gré, en dehors des cas prévus par la loi, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.’ Selon l’article 226-4-2 du Code pénal, ‘le fait de forcer un tiers à quitter le lieu qu’il habite sans avoir obtenu l’assistance de l’État dans les conditions prévues par l’article L153-1 du code des procédures civiles d’exécution, à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.’ Il ne peut y avoir d’expulsion sans une décision exécutoire du tribunal.” Squat : 1 – Propriété privée : 0.

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4) Rétablis l’eau et l’électricité

Pour l’électricité, commence par vérifier l’état des prises, des interrupteurs et des câbles pour repérer les endroits défectueux. Lorsque les installations semblent correctes, tu peux tenter de réactiver le disjoncteur différentiel, en ayant préalablement éteint tous les fusibles. Si tu n’es pas sûr de toi, il est préférable d’appeler un ami qui s’y connaît plutôt que de risquer une électrocution ou de provoquer un incendie. Si tu souhaites payer l’électricité, contacte EDF et donne-leur le nom de l’ancien abonné (facultatif), le numéro du compteur et les relevés de consommation précédents. En cas de refus, mets la pression sur eux et rappelle-leur que le rôle d’EDF n’est pas de se substituer à la justice, mais de fournir un besoin vital.

Pour l’eau, cherche dans la maison, souvent dans la cave, s’il y a une vanne et un compteur (ou une plaque rectangulaire en fonte généralement amovible). Ouvre la vanne et teste les robinets. Si rien ne se passe, c’est probablement parce que l’eau est coupée depuis la rue. Cherche alors de petites plaques en fonte à l’extérieur, généralement d’environ 15 cm de diamètre. Ouvre-les et tourne le robinet à l’intérieur. Parfois, le robinet est enfoui à plusieurs mètres de profondeur, auquel cas il faut trouver une clé spéciale pour y accéder. N’hésite pas à demander l’aide de tes amis qui s’y connaissent.

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5) Prépare ta défense

Maintenant que tu es installé, il est temps de réfléchir à la suite ! Combien de personnes peuvent être logées ? Est-ce simplement un squat pour y vivre ou as-tu également l’intention d’organiser des réunions, des ateliers, des projections, des concerts, etc. ? Quelles relations souhaites-tu entretenir avec les voisins et les commerçants ? Quels travaux devez-vous effectuer ? Comment s’organiser en interne pour prendre des décisions collectives et les mettre en œuvre ? Quelle stratégie adopter face à la justice ? Etc. La plupart des problèmes soulevés par ces questions se résolvent avec le temps, par l’action. Inutile d’essayer de tout régler à l’avance, mais il est toujours utile de connaître les expériences des autres squats pour éviter de réinventer la roue.

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En termes d’organisation, prévoir une réunion générale interne chaque semaine ne peut pas faire de mal, et si tu as l’intention d’être autre chose qu’un simple squat d’habitation, il est pertinent d’envisager des réunions générales ouvertes à d’autres personnes pour faire vivre l’endroit. En ce qui concerne les voisins, il est logique de cultiver de bonnes relations avec le quartier. Distribue des tracts dans les boîtes aux lettres, fais du porte-à-porte et organise un petit apéritif pour rencontrer les voisins et expliquer ton action. Tu n’es pas là pour garantir une paix sociale absolue, et si un commerçant ou un voisin se montre menaçant, il vaut mieux fixer clairement tes limites. Quant aux journalistes, il y aura toujours des médias pour cracher sur toi, mais il faut reconnaître qu’un reportage ou un article favorable d’un “grand” média peut être utile pour construire un rapport de force face à la “justice”.

La question judiciaire est plus complexe. Une procédure peut être engagée contre toi quelques heures, quelques mois ou quelques années après ton installation officielle. Libre à toi d’ignorer la procédure et d’écrire de faux noms sur la boîte aux lettres, mais sache que te faire représenter devant un tribunal présente plusieurs avantages. Le principal est que tant que le juge n’a pas rendu sa décision, tu es théoriquement protégé contre une expulsion. Se faire représenter te permet également de tenter de faire rejeter la demande d’expulsion ou, de manière plus réaliste, d’obtenir les délais prévus par la loi, ce qui te permettra d’organiser tranquillement ton départ. Auparavant, les procédures pour les squats relevaient de la juridiction civile, c’est-à-dire d’un conflit entre deux parties sans risque d’emprisonnement. Cependant, l’article 58 ter de la loi Elan de septembre 2018 prévoit désormais une peine d’un an d’emprisonnement, 15 000 € d’amende et l’expulsion administrative pour l’occupation illégale d’un logement. Dans les faits, Le Poing n’a pas eu écho de telles condamnations, et les procédures liées aux logements passent encore par le tribunal administratif à Montpellier, et non par le tribunal correctionnel. Bien sûr, l’effraction flagrante reste un motif de garde à vue. Si tu choisis de te défendre juridiquement, veille tout de même à ne pas confier ta défense à des personnes insolvable. Préfère un avocat issu des milieux militants, mais ne lui délègue pas tout le travail : c’est à toi et à toi seul de construire ta stratégie de défense. Concernant l’argent, une aide juridictionnelle est prévue par la loi pour les personnes sans ressources, mais les conditions d’attribution restent floues. Dans tous les cas, le fait de te défendre devant le tribunal ne doit pas t’empêcher d’explorer d’autres formes de résistance : pressions publiques, actions directes, manifestations, communication dans le quartier, etc.

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Tous les dessins sont de Titi, sauf le dernier qui est de Guinou.

Référence absolue pour les apprentis squatteurs (“Le Squat de A à Z”). Mis à jour plusieurs fois depuis sa première publication en 1999, ce petit guide pratique et juridique offre des conseils utiles pour ouvrir un squat et éviter une expulsion rapide. La dernière version, datant de 2014, a été rédigée par des personnes du monde entier, notamment de Toulouse, Lyon et la banlieue parisienne.

Enfin, pour les plus débrouillards, tu peux consulter d’autres ressources telles que le “Petit manuel d’électricité DIY”, un guide pratique pour ceux et celles qui occupent des maisons vides depuis longtemps et dont l’installation électrique est obsolète et dangereuse, ainsi que le “Petit cours d’introduction aux alarmes”, qui t’apprendra quelques techniques pour les contourner.

Alors, prêt(e) à te lancer dans l’aventure du squat ? Fais preuve de créativité, d’organisation et de solidarité pour transformer un bâtiment abandonné en espace de vie et de lutte contre le mal-logement.