Le paludisme est une maladie infectieuse potentiellement mortelle causée par différents types de parasites du genre Plasmodium. La transmission de ces parasites se fait par la piqûre de moustiques infectés, spécifiquement ceux du genre Anopheles, qui sont les vecteurs du paludisme.
Les symptômes variés du paludisme
Les symptômes du paludisme sont divers. La maladie commence souvent par de la fièvre, qui survient entre 8 et 30 jours après l’infection. À cette fièvre peuvent s’ajouter des maux de tête, des douleurs musculaires, une sensation de faiblesse, des vomissements, des diarrhées et de la toux. Certains cycles typiques, caractérisés par des épisodes de fièvre, de frissons accompagnés de sueurs froides et de transpiration intense, peuvent se produire. Ce phénomène est connu sous le nom d’« accès palustre ». La périodicité de ces cycles dépend de l’espèce de parasite en cause et coïncide avec la multiplication des parasites et la rupture des globules rouges, ce qui entraîne également une anémie. Le paludisme causé par P. falciparum peut être mortel s’il n’est pas traité. Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent obstruer les vaisseaux sanguins irriguant le cerveau, ce qui est souvent mortel et appelé neuropaludisme.
Dans les régions où le paludisme est prévalent, une partie de la population peut être porteuse asymptomatique de la maladie. Après de nombreuses années d’infection chronique par le parasite, certains individus développent une immunité naturelle.
L’épidémiologie du paludisme
Le paludisme est présent dans environ une centaine de pays à travers le monde, en particulier dans les zones tropicales défavorisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. L’Afrique est la région la plus touchée avec 94% des cas de paludisme recensés. Des épidémies peuvent survenir lorsque des populations peu exposées au paludisme se déplacent vers des zones fortement infectées.
En Europe, on recense des cas de paludisme importés. En France, environ 5500 cas d’importation sont enregistrés chaque année. En Guyane, le nombre de cas enregistrés diminue chaque année, passant de plus de 4500 cas en 2005 à environ 600 cas en 2017.
Différentes espèces de parasites Plasmodium sont impliquées dans la maladie, dont P. falciparum, P. vivax, P. ovale, P. malariae et P. knowlesi.
La transmission du paludisme
Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’une femelle moustique du genre Anopheles, qui a préalablement piqué une personne atteinte de paludisme. Les moustiques mâles ne sont pas responsables de la transmission. La transmission d’un individu à un autre peut également se faire par d’autres moyens, tels que la transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou par transfusion sanguine.
Le cycle du parasite
Le cycle de vie du parasite Plasmodium est complexe et comporte deux étapes principales : une phase asexuée chez l’homme et une phase sexuée chez le moustique.
Lorsque le moustique Anophèle femelle pique un être humain, elle injecte des sporozoïtes, une forme infectieuse du parasite. Les sporozoïtes migrent rapidement vers le foie par la circulation sanguine. Ils pénètrent ensuite dans les cellules hépatiques où ils se multiplient activement pour donner naissance à des milliers de parasites appelés mérozoïtes. Ces mérozoïtes sont libérés dans le sang lorsque les cellules hépatiques éclatent. Ils pénètrent ensuite les globules rouges et se multiplient à l’intérieur. Lorsque les globules rouges infectés éclatent à leur tour, les mérozoïtes sont libérés dans la circulation sanguine et infectent de nouveaux globules rouges.
Après quelques cycles de réplication des mérozoïtes, des parasites sexués appelés gamétocytes se forment à l’intérieur des globules rouges. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée, il ingère ces gamétocytes, qui se transforment en gamètes. La fécondation des gamètes donne naissance à un zygote, qui se développe en oocyste dans le tube digestif du moustique. Les oocystes produisent des sporozoïtes qui migrent vers les glandes salivaires du moustique, prêts à infecter un nouvel hôte humain.
Les rechutes tardives observées avec P. vivax et P. ovale sont dues à la capacité de ces espèces à persister sous une forme latente dans les cellules hépatiques de l’homme.
Prévention et traitements
Plusieurs médicaments antipaludiques peuvent être utilisés à des fins préventives (prophylaxie) ou thérapeutiques. La prévention repose également sur la lutte contre les moustiques vecteurs et l’utilisation de traitements préventifs.
Il est fortement recommandé de prendre un traitement préventif avant de se rendre dans une zone où le paludisme est répandu, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes qui sont plus susceptibles de développer une forme grave de la maladie. Ce traitement doit être prescrit par un médecin et tient compte de différents facteurs tels que la zone visitée, la durée du voyage et les caractéristiques de la personne. Il est également important de se protéger contre les piqûres de moustiques en utilisant des moustiquaires et des produits anti-moustiques.
Aucune mesure préventive ne garantit une protection absolue contre le paludisme. Même en prenant un traitement préventif adapté, il est possible de développer la maladie, parfois avec un délai d’apparition. En cas de fièvre, même légère, de nausées, de maux de tête, de courbatures ou de fatigue pendant le séjour ou dans les mois suivant le retour, il est important de consulter un médecin en urgence. Un échantillon de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Toute fièvre au retour des tropiques doit être considérée comme potentiellement liée au paludisme jusqu’à preuve du contraire.
La recherche d’un vaccin
À ce jour, le seul vaccin disponible contre le paludisme est le RTS,S. Ce vaccin a montré des résultats favorables lors de la phase III des essais cliniques. Un pilote a été lancé en 2018 dans plusieurs pays d’Afrique pour évaluer son efficacité en conditions réelles. Fin 2021, l’OMS recommande l’utilisation de ce vaccin, considérant qu’il est sûr et permet de réduire significativement le risque de forme grave de paludisme. Bien que son efficacité soit modérée et qu’il cible uniquement le parasite P. falciparum, l’utilisation du vaccin est recommandée en complément des autres mesures de prévention pour prévenir les formes graves de la maladie.
La recherche d’un vaccin contre Plasmodium est complexe en raison des différents stades du parasite au cours de sa vie, qui induisent des réponses immunitaires différentes chez l’homme et chez le moustique.
Recherche à l’Institut Pasteur
Des équipes de l’Institut Pasteur se consacrent à la recherche sur le paludisme. En plus des recherches sur les vaccins, plusieurs équipes mènent des études fondamentales sur l’homme, le parasite Plasmodium et le moustique Anophèle. Ces recherches sont essentielles pour développer de nouvelles stratégies de lutte contre le paludisme dans le but ultime de l’éliminer.
Octobre 2021