Si les longs trajets en voiture électrique étaient autrefois réservés aux explorateurs passionnés prêts à sacrifier beaucoup de temps, les énormes progrès technologiques et l’amélioration des réseaux de charge rendent désormais les voyages autoroutiers plus faciles. Les réseaux de recharge le long des principales autoroutes de France ainsi que les performances améliorées des véhicules électriques permettent désormais de parcourir de longues distances sans trop de complications.
Des arrêts plus fréquents mais une autonomie satisfaisante
Bien qu’il soit nécessaire de prévoir plus d’arrêts que pour une voiture thermique, la consommation énergétique des voitures électriques à vitesse stabilisée rend ces arrêts plus fréquents. Par exemple, une citadine comme la Peugeot e-208 nécessite une recharge tous les 180 kilomètres à une vitesse autoroutière de 130 km/h. En revanche, les voitures électriques dotées de batteries plus grandes, comme les berlines et les SUV familiaux, peuvent atteindre les 300 kilomètres d’autonomie. Les voitures électriques les mieux adaptées aux longs trajets sont évidemment celles avec de très grosses batteries, telles que la Tesla Model S Grande Autonomie, la BMW i7 ou la Mercedes EQS 450+.
Jusqu’où peut-on aller avec une grosse berline électrique ?
En théorie, une Mercedes EQS 450+ représente actuellement la voiture électrique offrant la plus grande autonomie sur le marché français. Cependant, il convient de ne pas se fier à l’autonomie maximale officiellement annoncée de 753 kilomètres, car cette valeur ne correspond pas à une estimation réelle à vitesse autoroutière. Malgré cela, il est possible de parcourir les 783 kilomètres entre Paris et Marseille en effectuant un seul et unique arrêt de recharge en partant avec des batteries pleines à 96%. Ce qui permettrait de réduire considérablement la différence entre les voitures électriques et les véhicules thermiques pour les longs voyages.
Plus qu’une simple formalité
Effectivement, ce voyage Paris-Marseille en voiture électrique semble être une simple formalité au volant d’une berline avec de telles batteries. Après 452 kilomètres, nous nous sommes arrêtés pour recharger avec seulement 7% de batterie restante. La station de recharge rapide du réseau Engie Vianeo, située le long de l’A6, nous a permis de recharger rapidement avec une pause de 55 minutes. À la fin de la recharge, la batterie de l’EQS affichait 98% de charge. Sur l’ensemble du trajet de 783 kilomètres réalisé en 7 heures et 21 minutes, la consommation moyenne a été de 20,3 kWh/100 kilomètres. Les batteries étaient encore pleines à 38% à l’arrivée, soit une autonomie restante de 219 kilomètres. Il aurait été possible de réaliser ce trajet avec une seule pause de recharge de 30 minutes pour minimiser le temps perdu. Bien que les voitures diesel et essence aient encore un avantage, les voitures électriques avec une telle autonomie, sans parler du confort de conduite impressionnant, éliminent la plupart des inquiétudes habituelles liées à l’utilisation d’une voiture électrique.
Une accessibilité encore limitée par le coût
Malgré ces avancées technologiques, il convient de noter que ces performances ne sont accessibles qu’à une élite privilégiée. En effet, la Mercedes EQS 450+ utilisée pour ce trajet coûte 135 850€ sans option, ce qui ne correspond pas à l’idée d’une voiture électrique à moins de 100€ par mois, telle que souhaitée par le Président Macron. La Tesla Model S Grande Autonomie, capable théoriquement de parcourir 723 kilomètres, est proposée à partir de 94 990€, ce qui n’est pas non plus bon marché. Pour l’instant, les voitures équipées de batteries de cette capacité restent inabordables pour le grand public.
Il est cependant prévu que les voitures électriques équipées de batteries plus grandes se démocratisent avec l’arrivée de modèles tels que la Peugeot e-3008 offrant une autonomie de 700 kilomètres. Cependant, il reste encore à déterminer à quel point le prix des voitures électriques dotées de batteries d’environ 100 kWh peut baisser. Actuellement, la marque chinoise Nio vend son modèle EL6 avec une batterie de 100 kWh au prix de 74 500€ en Allemagne, mais le constructeur subventionne chaque véhicule vendu de 35 000€ et bénéficie d’un soutien financier solide du gouvernement. De plus, il est également important de prendre en compte l’impact environnemental de l’utilisation de batteries de grande capacité et la disponibilité des ressources nécessaires à leur fabrication.
L’avenir de la voiture électrique
Mettez un automobiliste réfractaire à la technologie électrique au volant d’une Mercedes EQS 450+ et il y a de fortes chances que son point de vue change radicalement. Cependant, il reste à voir si l’évolution de la technologie et l’arrivée des batteries solides tant attendues pourront rendre ce genre de performance accessible au grand public. En attendant, il ne fait aucun doute que les longs trajets en voiture électrique sont devenus beaucoup plus faciles et confortables. Comme l’a dit l’électromobiliste Jean de La Fontaine, selon que vous soyez puissant ou misérable, votre expérience de conduite en voiture électrique ne sera pas la même.