Paris : Référendum anti-SUV pour les conducteurs de grosses voitures

Paris : Référendum anti-SUV pour les conducteurs de grosses voitures

La mairie de Paris organise un référendum visant à tripler les tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes, appelées SUV. Cette initiative suscite des critiques de la part des opposants et des automobilistes qui dénoncent une “manipulation”.

“Plus c’est gros, plus ça pollue”, selon Anne Hidalgo

De 9h à 19h, 1,3 million d’électeurs parisiens sont invités à se rendre dans l’un des 38 lieux de vote pour répondre à la question : “Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?”. Les voitures SUV, qui combinent les caractéristiques d’une voiture de tourisme et d’un véhicule utilitaire, ainsi que les 4×4, sont spécifiquement ciblées.

Si le “pour” l’emporte, les conducteurs dont le véhicule thermique ou hybride rechargeable dépasse 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devront payer 18 euros l’heure pour les arrondissements centraux et 12 euros pour les arrondissements extérieurs. Les résidents parisiens, les professionnels sédentaires stationnés dans leur zone de stationnement autorisé, les chauffeurs de taxi dans les stations dédiées, les artisans, les professionnels de santé et les personnes handicapées ne seront pas concernés.

La maire PS Anne Hidalgo justifie cette décision en affirmant que “plus c’est gros, plus ça pollue”. Elle évoque également des enjeux de sécurité routière, précisant que les accidents impliquant un SUV sont “deux fois plus mortels pour les piétons qu’avec une voiture standard”. Selon elle, les grosses voitures prennent également plus de place sur la chaussée. En effet, selon la mairie, les voitures ont gagné en moyenne environ 250 kg depuis 1990. L’ONG WWF qualifie les SUV d’”aberration” face au réchauffement climatique, soulignant qu’ils sont “200 kilos plus lourds, 25 cm plus longs, 10 cm plus larges” qu’une voiture standard. De plus, ils nécessitent davantage de matériaux pour leur fabrication, consomment 15% de carburant et émettent 20% de CO2 en plus qu’une berline.

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“Plus ou moins de SUV, la question est terriblement amateure”

Sans surprise, les associations d’automobilistes critiquent cette initiative. Pour le porte-parole du Mobilité Club France, Yves Carra, la question posée lors du référendum est “terriblement amateure” car le terme SUV est une “appellation marketing” qui ne veut rien dire. Selon lui, les SUV compacts ne seront pas soumis à cette taxation, contrairement aux berlines familiales et aux breaks. L’opposition de droite accuse la Ville de manipulation, affirmant que toutes les voitures pourraient potentiellement être concernées par les normes soumises au vote.

L’association 40 millions d’automobilistes souligne que “un SUV moderne neuf” ne pollue pas plus, voire moins, qu’un petit véhicule diesel d’avant 2011. La députée MoDem Maud Gatel, opposante d’Anne Hidalgo, estime également qu’il devrait y avoir une distinction entre les véhicules thermiques et les véhicules hybrides ou électriques si l’objectif est réellement de limiter la pollution. Elle reproche également à la maire d’épargner les Parisiens, alors que les SUV “résidents” à Paris représentent 26,6% du parc selon l’agence AAA Data. Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes, déplore que seules les personnes qui ne sont pas concernées par ces mesures puissent voter, et accuse Anne Hidalgo de ne penser qu’à séduire son électorat.

À Lyon, la mairie écologiste prévoit la mise en place d’un “tarif progressif avec trois catégories incitatives” en juin, qui s’appliquera aussi bien aux résidents qu’aux visiteurs. À Paris, selon Anne Hidalgo et son adjoint (EELV) aux mobilités David Belliard, cette surtaxation concernerait environ 10% du parc et pourrait rapporter environ 35 millions d’euros de recettes supplémentaires. Il s’agit de la deuxième votation dans la capitale, après celle d’avril 2023 qui avait entériné l’éviction des trottinettes en libre-service. Cette votation avait mobilisé 103 000 personnes, soit 7% des électeurs parisiens, pour un coût de 390 000 euros.

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