La France est actuellement confrontée à une canicule intense et certaines villes ont interdit les véhicules les plus polluants. Une mesure qui peut vous empêcher d’utiliser votre voiture. Cependant, pour encourager le remplacement des voitures polluantes par des véhicules plus respectueux de l’environnement, notamment les voitures électriques, il reste une solution : convertir votre voiture thermique en voiture électrique. Mais est-ce autorisé ? Voyons cela.
Non, il n’est pas possible de transformer une ancienne voiture en voiture électrique
En France, la conversion d’un moteur thermique en système électrique est très réglementée, ce qui rend la conversion pratiquement impossible. Selon Arnaud Pigounides, coprésident de l’AIRe (Association des Acteurs de l’Industrie du Retrofit électrique), “changer le type d’énergie utilisé par le véhicule est considéré comme une modification notable selon la réglementation en vigueur, datant de 1954. Pour homologuer une telle modification, le propriétaire a besoin de l’avis technique du constructeur d’origine. En pratique, cela n’arrive jamais.”
Arnaud Pigounides a découvert le concept de “retrofit” aux États-Unis. De retour en France, il s’est heurté à une réglementation très stricte qui l’a empêché de modifier sa propre Porsche 914 de 1974 pour la convertir entièrement en voiture électrique. Il a même dû la laisser aux États-Unis, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous.
Pourtant, plusieurs entreprises de retrofit proposent déjà en France des modèles de voitures mythiques, comme les Citroën 2CV ou les Méhari, entièrement électriques. Comment est-ce possible ? “Comme nous n’avons pas le droit de transformer un véhicule existant, nous recréons de toute pièce des modèles anciens avec le même design”, explique Clément Burali de la société Méhari Loisirs Technologie. “Nous prenons un châssis existant et ajoutons toutes les pièces nécessaires pour donner l’apparence d’une voiture ancienne. Nous ajoutons également des équipements de confort plus modernes.”
Mais la réglementation est sur le point de changer
La France est le seul pays au monde où la conversion à l’électrique est si strictement réglementée, mais cela devrait bientôt changer. Le ministère de la Transition écologique et solidaire travaille actuellement sur un assouplissement de la réglementation, qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année 2019. Ainsi, la conversion des anciens modèles en véhicules électriques et à hydrogène serait autorisée sans l’avis technique du constructeur.
Selon nos informations, la future réglementation française sera similaire au modèle italien, mis en place en 2015. En Italie, la conversion ne concerne que les véhicules de tourisme et de transport léger, mais en France, elle devrait également inclure les véhicules utilitaires et de transport en commun. En Italie, le coût estimé d’une conversion varie entre 5 000 et 10 000 euros, bien moins cher que l’achat d’une voiture neuve.
Les professionnels du retrofit espèrent également que le ministère mettra en place des aides à l’achat. Actuellement, l’acheteur d’une voiture électrique neuve peut bénéficier d’une prime pouvant aller jusqu’à 6 000 euros. “En conservant sa voiture, on participe à l’économie circulaire et on économise des ressources. C’est un geste écologique qui doit être encouragé”, soutient Arnaud Pigounides.
L’enjeu économique est important
L’Association des Acteurs de l’Industrie du Retrofit électrique attend avec impatience les nouvelles règles sur la conversion des véhicules à l’électrique. “Dans les pays où cela est autorisé, il y a une véritable industrie de la conversion, comme en Allemagne. Le retrofit n’est pas seulement une affaire de passionnés qui bricolent des voitures de collection dans leur garage”, explique Arnaud Pigounides. Pour illustrer cela, il prend l’exemple des bus de la RATP. “Un bus thermique neuf coûte 250 000 euros, contre 450 000 euros pour un modèle électrique. Nous estimons que la conversion des véhicules existants coûterait environ 150 000 euros. Cela permettrait de changer la flotte de bus à moindre coût.”
Selon l’Association des Acteurs de l’Industrie du Retrofit électrique, si la réglementation est modifiée avant 2020, la conversion générerait, au cours des cinq premières années, un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard d’euros, avec une moyenne de 65 000 véhicules transformés par an.
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