Quand on vit avec des douleurs articulaires causées par l’arthrose, il est naturel de se demander s’il est possible de faire disparaître les symptômes de cette maladie. L’arthrose est une forme d’arthrite caractérisée par une usure du cartilage que le corps ne parvient plus à réparer. Outre les douleurs, elle peut entraîner de la raideur et limiter les mouvements de la personne atteinte.
L’arthrose, ça se guérit ou pas ?
Même s’il y a beaucoup de recherches fondamentales à ce sujet, “à ce jour, rien ne guérit l’arthrose”, affirme la Dre Véronique Godbout, chirurgienne orthopédique et présidente de l’Association d’orthopédie du Québec. Cependant, il est possible de diminuer les effets de la maladie, comme le souligne Benjamin Rondeau, physiothérapeute à la clinique du PEPS de l’Université Laval. “Même si l’usure persiste, il y a moyen d’atténuer les symptômes”, assure-t-il. En effet, certaines personnes ont une forte arthrose dans leurs articulations mais ressentent peu de douleur.
La Dre Godbout ajoute qu’il existe plusieurs stratégies pour améliorer le quotidien des patients. Au menu : le renforcement musculaire, les médicaments anti-inflammatoires, les analgésiques, les infiltrations de cortisone ou d’acide hyaluronique. “Des orthèses peuvent aussi être utilisées”, précise-t-elle. Et en dernier recours, il y a la chirurgie.
Comment soulager les symptômes ?
“Les résultats de la recherche scientifique sur l’arthrose sont clairs”, affirme la Dre Godbout. “La sévérité des symptômes ne dépend pas du niveau de détérioration de l’articulation, mais plutôt de la masse musculaire.” En effet, si les muscles ne sont pas assez développés ou ne se contractent pas correctement, chaque mouvement causera un déplacement inadéquat et un mauvais alignement de l’articulation. Cela augmente les douleurs et l’inflammation. Par conséquent, les personnes atteintes d’arthrose devraient se tourner davantage vers l’activité physique pour gérer leurs symptômes, selon la chirurgienne orthopédique.
“Quand ils ont mal, les gens ont tendance à modifier leur façon de marcher pour se protéger”, illustre Benjamin Rondeau. Cela entraîne la raideur, la diminution de la force musculaire et l’incapacité des muscles à supporter l’articulation. L’exercice physique peut améliorer cette situation. Un physiothérapeute peut nous aider à trouver les exercices les plus bénéfiques et la bonne intensité, en fonction de l’articulation atteinte. Par exemple, la marche ou le vélo permettent d’exercer une pression sur le cartilage des articulations des jambes et de le maintenir en bonne santé, ajoute le physiothérapeute. Ces mouvements de pression et de décompression aident le cartilage à recevoir les nutriments dont il a besoin.
Quels sont les médicaments indiqués ?
Les médicaments utilisés dans le traitement de l’arthrose aident à gérer la douleur et, par conséquent, à améliorer la fonction articulaire. La diminution de la douleur et de l’inflammation permet en effet d’être plus actif et donc de renforcer les muscles, ce qui est bénéfique pour l’articulation. “Il y a les anti-inflammatoires, comme l’ibuprofène, et les analgésiques, comme l’acétaminophène”, précise la Dre Godbout. Ce sont les deux médicaments de base à essayer pour soulager la douleur. Lorsque cette dernière devient trop importante, par exemple lors d’un épisode inflammatoire, une infiltration de cortisone peut également être envisagée. “Ce médicament anti-inflammatoire injecté localement permet d’éviter d’en consommer en comprimés, qui ont des effets sur les autres organes”, souligne la Dre Godbout. Cela aide également à réduire rapidement l’inflammation pendant deux à trois mois. Le patient peut alors en profiter pour renforcer ses muscles grâce à l’exercice. Il est également possible de recevoir une infiltration d’acide hyaluronique, mais elle n’est pas remboursée par la RAMQ, contrairement aux infiltrations de cortisone.
Y a-t-il des produits de santé naturels efficaces pour soulager les symptômes d’arthrose ?
Une carence en vitamine D peut aggraver l’arthrose, souligne la Société de l’arthrite du Canada. Les suppléments peuvent donc être utiles si l’alimentation comporte peu d’aliments riches en vitamine D ou si l’exposition au soleil n’est pas suffisante pour en produire naturellement. En ce qui concerne la glucosamine et la chondroïtine, même si ces substances sont présentes dans nos articulations et contribuent à maintenir le cartilage en bonne santé, les études cliniques n’ont pas démontré leur efficacité pour prévenir ou soulager l’arthrose. “Aucun de ces produits naturels n’est recommandé à proprement parler”, confirme la Dre Godbout. Certains patients les essaient et disent que cela fonctionne, mais on ne sait pas vraiment si cela les aide réellement ou si c’est un effet placebo.
Y a-t-il des aliments à privilégier ou à éviter ?
Aucune étude n’a démontré de manière convaincante que des aliments peuvent améliorer ou aggraver les douleurs articulaires. Cependant, certains peuvent avoir un effet bénéfique sur l’inflammation ou renforcer les os, les muscles et les articulations. C’est le cas des poissons gras, de certaines noix et graines ainsi que de l’huile d’olive, entre autres, précise la Société de l’arthrite du Canada. L’organisation rappelle également que le surpoids augmente le risque d’arthrose et accélère sa progression. Elle recommande de réduire la consommation de matières grasses saturées, de gras trans et de sucre, et de manger beaucoup de fruits et légumes. “Avoir une bonne alimentation est très important dans la prise en charge de l’arthrose”, confirme Benjamin Rondeau. Consulter un nutritionniste peut être utile si l’on a besoin d’être guidé sur ce plan.
Quelles sont les conséquences possibles si l’arthrose n’est pas traitée ou suivie ?
Ne pas traiter l’arthrose peut causer des lésions ou des changements permanents dans les articulations. “Je vois beaucoup de gens en clinique qui ont mal depuis 10 ans”, raconte Benjamin Rondeau. “Ils ont déjà une perte de mobilité et de muscles. Idéalement, il ne faut donc pas attendre d’avoir trop de douleurs avant de consulter, car la prise en charge sera beaucoup plus difficile.” Une évaluation rapide permettra au professionnel de suggérer un programme d’exercices simple pour conserver la mobilité et une bonne force musculaire. Consulter sans tarder permet également d’adopter les bonnes habitudes dès le début. “Beaucoup de gens avec un diagnostic d’arthrose arrêtent de bouger, car ils ont peur de se blesser”, déplore le physiothérapeute. “Au contraire, la meilleure chose à faire quand on a de l’arthrose, c’est de garder un mode de vie actif et de stimuler la musculature et l’articulation.”
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