La connaissance des vertus médicinales des plantes a toujours octroyé un pouvoir inaccessible au commun des mortels. Ce savoir ancestral permettait de préparer des tisanes et autres préparations curatives, préventives ou purifiantes, conférant ainsi une aura mystérieuse à cette connaissance “médicale” empirique. À une époque où la science n’avait pas encore apporté son éclairage, les croyances, les légendes et les phénomènes surnaturels tels que l’alchimie, le diable, les fantômes, les esprits, les fées, les monstres et les totems étaient volontiers associés à cet art de la plante.
Les vertus attribuées aux plantes ne se limitaient pas à leurs propriétés médicinales. En effet, elles étaient également considérées comme aphrodisiaques, divinatoires, purificatrices, défensives, apaisantes, porte-chance, punitives, favorables à la réussite, à la fortune, à l’amour, à l’affection, à la fécondité et au relationnel. La superstition accordait aux plantes d’innombrables propriétés, capables d’influencer un large éventail de domaines.
Par conséquent, ceux qui connaissaient les plantes et savaient les utiliser étaient vus avec méfiance, considérés comme capables du meilleur comme du pire. Dans les contes et les légendes anciennes, les sorciers et les sorcières incarnaient souvent le côté obscur, mais de nos jours, leur image est moins diabolisée. Ainsi, dans la bande dessinée de Peyo, le Grand Schtroumpf cueille des plantes nécessaires à ses gentilles potions, et le druide Panoramix, ami d’Astérix, passe une partie de son temps à cueillir du gui à l’aide d’une serpe d’or.
Ce ne sont pas uniquement les plantes les plus rares, mystérieuses ou associées aux “potions magiques” qui sont utilisées par les sorciers. En effet, des plantes aromatiques ou potagères telles que le persil, le romarin, le laurier, l’oignon, la livèche ou l’ail occupent une place importante dans la liste des plantes magiques, tout comme des plantes sauvages en apparence modestes, telles que la bardane, le chiendent, l’ajonc, l’aubépine, l’achillée, le buis, le pissenlit, le trèfle, l’ail des ours, le millepertuis, l’armoise, le gui, la bruyère et le noisetier.
Cependant, la magie noire a souvent recours à des plantes beaucoup moins anodines, toxiques ou hallucinogènes, telles que le datura, l’aconit napel, la mandragore, l’hellébore, la morelle noire, la jusquiame, le ricin ou encore le pavot somnifère. Chacune de ces plantes “magiques” est symboliquement rattachée à un élément (feu, air, eau, terre) et à une planète, illustrant ainsi le lien entre la sorcellerie et l’astrologie.
Le terme “sorcellerie” est souvent associé à la pénombre, à la méchanceté, aux mauvais sorts et aux influences néfastes. Cependant, cela s’applique principalement à la magie noire, dont l’objectif est effectivement de nuire en permettant les vengeances ou l’échec de la victime. Il existe également un versant positif de la sorcellerie, la magie blanche, qui vise à influencer favorablement le cours des choses, le comportement d’une personne, à protéger, à faciliter les issues heureuses ou à prévenir certains maux. Quant à la magie rouge, elle se concentre sur les relations amoureuses. La magie blanche, la magie noire et la magie rouge n’utilisent pas nécessairement les mêmes plantes, mais ce qui les distingue n’est pas tant la matière première végétale que l’usage qui en est fait par le sorcier.
Les sorciers, sorcières, mages, alchimistes et autres druides utilisent les plantes comme en phytothérapie, préparant des décoctions, des macérations et des infusions. Ces préparations, appelées “potions” lorsqu’elles sont à base d’eau et de plantes, deviennent des “élixirs” lorsqu’elles sont alcoolisées et des “sirops” lorsqu’elles contiennent du sucre. Quant aux “philtres”, il s’agit de potions destinées à influencer les sentiments ou les émotions, telles que le fameux “philtre d’amour” des contes.
Mais alors, quelle est la différence entre une potion magique et une préparation phytothérapique ? Disons que n’importe qui possédant une connaissance des propriétés thérapeutiques des plantes et des dosages appropriés peut préparer une tisane, une décoction, un cataplasme ou un onguent destinés à soigner. En revanche, pour préparer une potion magique, il faut non seulement choisir les bonnes plantes, les cueillir au bon moment et les associer correctement, mais aussi pratiquer un rituel de consécration des plantes afin d’optimiser leur pouvoir. Le sorcier récite une incantation lors de la cueillette et, grâce à une intense concentration et à une manipulation des plantes avec ses mains, il ressent, canalise et “oriente” les vibrations et l’énergie de la plante en fonction de l’objectif recherché. Ainsi, préparer une potion magique requiert des talents de sorcier. Sans le don de sorcellerie, il n’y a ni pouvoir, ni magie, ni potion, seulement une simple tisane. Par conséquent, ce ne sont pas tant les plantes qui sont magiques que celui qui prépare la potion.