Cinq ans après le scandale du “Dieselgate” qui a semé le doute sur le marché, le ministère de la Transition écologique a publié une série de mesures effectuées par l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen) sur huit véhicules de différentes gammes et marques.
Des résultats qui respectent les normes
Les experts ont comparé une version essence et une version diesel équivalente selon différents usages, en choisissant des véhicules de dernière génération qui avaient déjà roulé. Le constat est clair : les émissions mesurées correspondent aux chiffres donnés par les constructeurs et respectent les normes applicables, selon Pierre-Franck Chevet, président de l’Ifpen.
L’étude confirme également que certains diesels sont moins polluants sur certains critères que leurs équivalents à essence. Les voitures diesel, autrefois favorisées par l’État grâce à des avantages fiscaux, sont progressivement tombées en disgrâce suite au “Dieselgate”. En 2015, elles représentaient 57% des ventes de voitures en France, mais elles se sont stabilisées autour de 31% sur les 11 premiers mois de 2020.
Des pollutions contrastées
Les véhicules diesel émettent 2,8 fois plus d’oxydes d’azote (NOx), des substances nocives pour lesquelles la France est régulièrement condamnée à des amendes. Deux véhicules équipés d’un filtre moins récent et sans système de dépollution à l’urée (AdBlue) ont même été mesurés au-delà des normes et seront examinés par l’autorité chargée de la surveillance du marché.
En revanche, en ce qui concerne les émissions de CO2, la consommation de carburant est plus élevée en essence (+28% sur l’échantillon, soit +1,5L/100km), entraînant des émissions supérieures de 11%. Cependant, cet écart est réduit de moitié si l’on prend en compte deux autres gaz à fort effet de serre, le protoxyde d’azote et le méthane. Ces gaz dangereux (N2O et CH4) ne sont pas réglementés par la dernière norme Euro, la 6d-TEMP, mais l’Europe pourrait les intégrer à ses prochaines normes, à l’instar de la Californie.
Les émissions de particules fines, qui attaquent les poumons et le cœur, sont largement supérieures en essence qu’en diesel, jusqu’à 2,6 fois sur les véhicules les plus lourds. Les émissions de monoxyde de carbone sont également plus élevées en essence.
Une transparence sur les émissions réelles
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, s’est félicitée de ce rapport qui renforce la transparence sur les émissions réelles des véhicules essence, diesel et hybrides récents. Selon Luc Chatel, le président de la Plateforme automobile (PFA), qui représente l’industrie, ce rapport remet les pendules à l’heure en montrant que les constructeurs et les équipementiers respectent les normes, alors qu’il y a selon lui énormément de désinformation et d’attaques injustifiées contre l’automobile. Il illustre également la contribution des hybrides à la transition écologique.
Cependant, Agathe Bounfour du Réseau Action Climat exprime une opinion contraire. Selon elle, ce rapport confirme non seulement que aucune voiture diesel n’est propre, mais aussi que les essences les plus récentes sont dangereuses pour la santé humaine. Le Réseau demande donc une position plus claire de la part du gouvernement, avec l’arrêt de la prime à la conversion pour tous les véhicules thermiques afin d’accélérer leur disparition, ainsi qu’un renforcement des zones à faibles émissions.
Comparaison entre l’hybride et l’hybride rechargeable
L’étude de l’Ifpen compare également les véhicules hybrides et hybrides rechargeables, fortement promus par les constructeurs et l’État, mais fortement critiqués pour leurs niveaux réels d’émissions, qui ne correspondent que rarement aux chiffres annoncés.
Pour être vraiment moins polluants, les véhicules hybrides rechargeables doivent rouler en mode électrique. Selon l’étude, la Kia Niro testée peut approcher les émissions zéro (en rechargeant systématiquement entre des trajets plus courts que l’autonomie électrique et en ayant une conduite peu dynamique) ou se situer au même niveau que son homologue non rechargeable, sans être pire pour autant.
Pour une citadine comme la Toyota Yaris, le gain en matière d’émissions de CO2 par rapport à la version essence est de 33% sur les parties urbaines, tandis qu’il est nul sur les tronçons autoroutiers.
L’étude souligne en outre que quel que soit le carburant, les niveaux d’émissions sont beaucoup plus importants sur des trajets courts (typiquement en ville), en raison du fonctionnement à froid du moteur dans les premiers kilomètres.