Les océans du monde sont devenus le lieu d’accumulation des déchets plastiques. Présent dans notre quotidien depuis les années 1950, ce matériau est devenu omniprésent, et selon l’association “7ème continent”, 280 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, dont environ un dixième se retrouve dans les océans. L’écoulement des rivières, la densité de population le long des côtes, ainsi que le trafic maritime intense, contribuent à ce phénomène et les débris plastiques se multiplient, formant ainsi un “septième continent” au large du Pacifique.
La grande zone d’ordures du Pacifique
Découvert en 1997 par l’océanographe américain Charles Moore, le “vortex de plastique” se situe entre Hawaï et la Californie, et s’étend aujourd’hui sur plus de 1,6 million de kilomètres carrés, soit trois fois la taille de la France, selon une étude publiée dans la revue Nature. Les experts ont constaté que cet amas de déchets est composé de sacs, de bouteilles, d’emballages, de mégots de cigarettes, de filets de pêche, et d’autres équipements de pêche. Dès 1982, une étude menée par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) mentionnait déjà la présence de débris sur les plages françaises. Depuis, des travaux scientifiques ont permis de mieux comprendre la nature de cette pollution plastique.
Les gyres océaniques et leurs amas de déchets
Entraînés par les courants marins et la rotation de la Terre, les plastiques ne se déplacent pas en ligne droite. Certains d’entre eux, plus denses que l’eau, ne coulent pas une fois entrés dans l’océan. Ils sont emportés par les “gyres océaniques” et s’accumulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Nord, et dans le sens inverse dans l’hémisphère Sud. Il existe cinq de ces gyres dans le monde : dans le Pacifique Nord, le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord, l’Atlantique Sud et l’océan Indien. Le premier et le plus important de ces amas comptent environ 80 000 tonnes de déchets plastiques.
Une fois en mer, ces déchets se dégradent sous l’effet du soleil, des vagues et de la vie marine, libérant ainsi des particules appelées “microplastiques”.
Classification des débris
Les 80 000 tonnes de plastique flottant dans le Pacifique sont classées en quatre catégories en fonction de leur taille. Les plus petits déchets, les “microplastiques”, mesurent entre 0,05 et 0,5 centimètres. Les “mésoplastiques”, entre 0,5 et 5 centimètres, peuvent être des bouchons de bouteilles, par exemple. Les “macroplastiques”, entre 5 et 50 centimètres, incluent des bouteilles, tandis que les “mégaplastiques” mesurent plus de 50 centimètres. Environ 92 % de la masse totale de ce fameux vortex est constituée de débris de plus de 5 millimètres, dont près de la moitié est du matériel de pêche abandonné.
Impacts sur la faune et la flore
L’ensemble du plastique présente une menace pour la faune et la flore. Les microplastiques, en particulier, sont confondus avec le plancton par certains animaux marins qui les ingèrent, risquant ainsi de s’étouffer. Toute la vie marine est impactée par cette matière omniprésente. Tortues, crustacés, mammifères marins et oiseaux en sont exposés, tout comme les végétaux tels que les herbiers marins, les mangroves et les coraux, dont l’oxygène et la lumière nécessaires à leur survie sont obstrués.
Une vidéo publiée par l’ONU en 2017 rapporte la découverte de 234 morceaux de plastique dans le corps d’un seul oiseau en Australie. Selon l’océanologue Jennifer Cavers, le record est de 276 morceaux trouvés dans un oisillon de 90 centimètres. Cela équivaut à retrouver entre 6 et 10 kg de plastique dans l’estomac d’un être humain. Peter Thomson, envoyé spécial des Nations unies pour les océans, prédit que d’ici 2050, nous retrouverons autant de plastique que de poissons dans les océans.