Posséder une voiture en URSS: la quête d’une liberté individuelle

Posséder une voiture en URSS: la quête d’une liberté individuelle

Dans l’URSS, il y avait de nombreuses usines automobiles, mais seuls quelques citoyens avaient la chance de disposer d’un moyen de transport personnel. La production de voitures était même délibérément limitée, car cela offrait trop de liberté à l’homme soviétique.

Des voitures réservées à une élite féminine

Au début de l’URSS, la production nationale de voitures était très faible et la plupart des véhicules étaient des voitures étrangères “nationalisées” utilisées à des fins officielles. Obtenir le permis de conduire n’était pas plus difficile qu’aujourd’hui, mais l’achat d’une voiture personnelle était presque de la science-fiction.

Les premiers Soviétiques à posséder une voiture personnelle étaient des personnalités telles que l’écrivain Vladimir Maïakovski qui a fait venir une Renault de France pour sa bien-aimée Lili Brik en 1928. Par la suite, d’autres femmes ont obtenu le permis de conduire et possédé des voitures étrangères. Cependant, pour acheter une voiture étrangère, il fallait se rendre à l’étranger, car il n’y avait pas de concessionnaires en URSS.

Dans les années 1930, l’industrie automobile a commencé à se développer, mais les priorités étaient la production de camions, de tracteurs et d’autobus. Les Soviétiques ont tout de même imaginé une voiture citadine pour un usage personnel, mais les projets ont été interrompus par la Seconde Guerre mondiale.

Des files d’attente interminables

Après la guerre, de nombreuses Opel et Mercedes ont été rapportées en trophées et les usines automobiles soviétiques ont commencé à les copier. Au milieu des années 50, les Soviétiques ont enfin eu la possibilité d’acheter de nouvelles voitures, mais la demande était si élevée que des files d’attente de plusieurs années se sont formées. Les voitures étaient achetées directement à l’usine et les affiches “Économise et achète une voiture !” sont devenues populaires.

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L’achat d’une voiture posait deux problèmes : économiser la somme nécessaire et faire partie de la file d’attente. Une Moskvitch 401 coûtait 8 000 roubles, alors que la file d’attente était d’environ 4 ans. Dans les années 60, les prix ont changé, mais l’attente était toujours longue. Cependant, de plus en plus de gens voulaient acheter une voiture. Dans les années 1970, il y avait déjà un demi-million de véhicules immatriculés à Moscou.

Des voitures étrangères en URSS

Les Soviétiques avaient également la possibilité d’obtenir des voitures étrangères autrement. Par exemple, des politiciens étrangers offraient souvent des voitures occidentales aux dirigeants soviétiques. Au fil du temps, des marchés de voitures d’occasion ont vu le jour où des véhicules “mises au rebut” étaient vendus à des prix abordables. Ces voitures étaient restaurées par leurs nouveaux propriétaires, parfois pendant des années.

En 1985, l’URSS a ouvert ses portes à l’importation massive de voitures étrangères d’occasion, ce qui a entraîné un véritable boom automobile. À la fin de l’Union soviétique, il y avait environ un million de voitures rien qu’à Moscou.

Posséder une voiture en URSS était donc un privilège réservé à quelques-uns, nécessitant de l’argent, de la patience et parfois des relations. Cependant, cela n’a pas empêché les Soviétiques de rêver de liberté individuelle et de posséder leur propre moyen de transport.