Les histoires tragiques de Marie, Nicolas et Lucas, largement médiatisées, ont mis en lumière le problème du harcèlement scolaire qui pousse certains adolescents au désespoir. Autrefois considéré comme de simples “brimades” ou “taquineries”, le harcèlement scolaire est désormais un véritable enjeu de société. Avec l’évolution de la société, le harcèlement scolaire se fond dans la modernité et prend de nouvelles formes, telles que le cyberharcèlement et les persécutions sur les réseaux sociaux.
Des comportements communs aux humains et aux animaux
L’école est un lieu où les comportements des enfants en devenir peuvent être comparés à ceux des animaux. En dehors des cours, les élèves, souvent livrés à eux-mêmes, cherchent à établir leur statut et certains deviennent des harceleurs, tandis que d’autres se retrouvent victimes de harcèlement. Cette période de la vie est propice à l’expression des instincts, de par l’éducation, les problèmes psychologiques, l’effet d’entraînement ou le manque d’empathie. Dans leur ouvrage “L’Âge sauvage – L’adolescence chez les humains et les animaux”, Barbara Natterson-Horowitz et Kathryn Bowers étudient les comportements des animaux durant leur adolescence et établissent des comparaisons avec les comportements humains. Certains individus se font remarquer par leur différence physique, attirant ainsi l’attention des prédateurs. Ce phénomène, appelé “l’effet de bizarrerie”, peut également être observé chez les humains, notamment à l’adolescence, où les jeunes cherchent à se conformer à la norme pour éviter d’être exclus ou harcelés.
Tout peut devenir prétexte à l’exclusion et/ou au harcèlement
Pour éviter d’être victimes de mauvais traitements, il est préférable pour les élèves de rester discrets et de se fondre dans la masse. Les adolescents qui sortent du lot, que ce soit par leur apparence physique, leur comportement ou leur différence sociale, peuvent devenir des cibles potentielles. Ainsi, tout peut devenir prétexte à l’exclusion ou au harcèlement, que ce soit la différence de couleur de peau, la taille, le poids, ou d’autres caractéristiques. Les harceleurs cherchent souvent à préserver ou à acquérir un statut dans le groupe, tandis que les victimes sont exclues pour satisfaire la norme établie.
Trois types de harceleurs
Dans leur ouvrage, Barbara Natterson-Horowitz et Kathryn Bowers identifient trois types de harceleurs : les dominateurs, les conformistes et les réorienteurs. Les dominateurs cherchent à garder ou à obtenir un statut élevé dans le groupe, tandis que les conformistes chassent leurs congénères non conformes pour préserver la cohésion du groupe. Les réorienteurs, quant à eux, sont des jeunes qui ont été victimes de harcèlement et adoptent cette posture pour se protéger. Ces comportements sont communs tant chez les animaux que chez les humains.
Dédramatiser ou désamorcer le phénomène
Pour lutter contre le harcèlement scolaire, il est essentiel de comprendre les racines de ce phénomène. Les comportements instinctifs à l’adolescence, bien qu’ils puissent conduire à des situations dramatiques, sont naturels et peuvent être atténués en les prenant en considération. Il est également important de dédramatiser et de désamorcer la situation, de sensibiliser les élèves au harcèlement dès le plus jeune âge, et de les aider à faire le lien entre théorie et comportement. La mixité sociale dans les établissements scolaires peut également contribuer à prévenir le harcèlement en réduisant le rejet de la différence. De plus, il est nécessaire de former les enseignants à la gestion des situations de harcèlement et de développer l’empathie chez les élèves. Cependant, le problème du cyberharcèlement reste un défi majeur, car il échappe souvent à la sphère de contrôle de l’école.
En conclusion, le harcèlement scolaire est un problème complexe qui nécessite une approche globale. Comprendre les comportements des harceleurs et des victimes, sensibiliser les élèves, former les enseignants et promouvoir l’empathie sont des mesures essentielles pour lutter contre ce fléau. Il est temps de prendre conscience que les harceleurs ne sont pas nécessairement de “petites frappes”, mais des individus qui peuvent être ramenés à la raison en les éduquant et en leur inculquant les valeurs de respect et de bienveillance.
