Pourquoi il faut lutter contre les discriminations

Pourquoi il faut lutter contre les discriminations

L’équipe de France a remporté la Coupe du Monde de football, mais le sport reste, tout comme le marché du travail, marqué par la tentation primitive du rejet de la différence. Des cris de singe sont lancés envers les joueurs d’origine africaine et un quart des Français profèrent des insultes homophobes tels que “pédé”, “tarlouze” ou “tapette” lorsqu’ils assistent à un match. En réalité, la France est l’un des pays européens où la discrimination est la plus fortement ressentie.

Accès à l’emploi

Il est évident que les femmes rencontrent plus de difficultés d’accès à l’emploi lorsqu’elles deviennent mères, et elles gagnent en moyenne 15% de moins que les hommes à temps plein. Les seniors ont également de 30 à 50% moins de chances d’être convoqués à un entretien d’embauche que les jeunes dans de nombreux métiers, et cette inégalité peut déjà se faire ressentir dès la quarantaine.

La situation est encore pire pour les personnes LGBT, qui ont jusqu’à deux fois moins de chances de décrocher un emploi que les personnes hétérosexuelles et cisgenres, même si elles ont les mêmes compétences, une fois que leur orientation sexuelle ou leur identité de genre est révélée.

Certaines minorités ethniques voient également leurs chances d’accès à l’emploi réduites de moitié par rapport aux candidats blancs. Un musulman pratiquant doit envoyer quatre fois plus de candidatures qu’un catholique. Mais ce n’est pas tout : les personnes jugées laides, obèses ou de petite taille sont également discriminées à grande échelle, notamment dans les métiers où les interactions avec les clients sont fréquentes. Par exemple, les femmes obèses ont un salaire 10% plus faible que les autres, tandis que les hommes les plus grands ont un salaire 13% plus élevé que les plus petits.

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Bien sûr, le marché du travail génère constamment des disparités professionnelles. Cependant, aucune inégalité n’est plus inacceptable que celle résultant de la discrimination, car elle ne concerne ni le talent, ni les efforts, ni même la chance. Au contraire, les discriminations découragent les talents, limitent les efforts et réduisent les chances de réussite. Elles ont un coût économique, humain et social qui amoindrit le potentiel de croissance d’un pays.

Stratégie nationale

Pourtant, les discriminations ne sont pas une fatalité. Elles peuvent être corrigées, tout comme les biais cognitifs qui les génèrent. Il existe de nombreux exemples de progrès, y compris à l’échelle d’un pays. L’interdiction de la discrimination par la loi est une première étape incontournable, mais elle n’est pas suffisante.

Il est nécessaire de compléter cette interdiction par un vaste ensemble de politiques telles que la formation à la réduction des biais inconscients, la modification des stéréotypes sur certains groupes (par exemple, l’incapacité des mères à occuper des postes à responsabilité), la systématisation des processus de recrutement et les incitations à l’embauche.

Il est également essentiel d’agir en amont du marché du travail, dès l’école, afin de contrer la tendance des groupes discriminés à se conformer aux stéréotypes négatifs qui les ciblent et les poussent à l’échec. Il est urgent de mettre en place une stratégie nationale accompagnée d’un fonds d’expérimentation pour tester à grande échelle l’efficacité de ces approches innovantes.

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Stéphane Carcillo est membre du Cercle des Economistes. Marie-Anne Valfort est professeure associée à l’École d’Économie de Paris. Ils sont les auteurs de l’ouvrage “Les Discriminations au travail : Femmes, ethnicité, religion, âge, apparence, LGBT” aux Presses de Sciences Po.

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