Certains médias ont décidé de ne pas couvrir la sortie du jeu vidéo dérivé de la franchise Harry Potter, intitulé “Hogwarts Legacy”, en raison des prises de position jugées transphobes de J.K. Rowling, l’auteure de cet univers fantastique. Malgré cela, d’autres médias ont fait l’éloge du jeu sans mentionner sa controverse.
Cependant, de nombreux appels au boycott ont été lancés dans les jours précédant et suivant la sortie de “Hogwarts Legacy”, et le sujet a été largement commenté sur Twitter. Alix, une jeune femme transgenre et militante, souligne l’importance de se battre contre la transphobie en général et de mettre en lumière la lutte pour les droits des personnes trans.
Mais que reproche-t-on exactement à J.K. Rowling ?
En mars 2018, l’auteure est critiquée pour avoir “liké” un tweet comparant les femmes transgenres à des hommes en robe, bien qu’elle se soit justifiée en parlant d’une maladresse. Quelques mois plus tard, en 2019, elle est à nouveau pointée du doigt pour avoir suivi une youtubeuse aux positions ambiguës sur les réseaux sociaux, puis pour avoir publiquement soutenu une employée licenciée suite à des propos ouvertement transphobes. À ce moment-là, les doutes sur ses opinions personnelles commencent à s’estomper.
En juin 2020, J.K. Rowling réagit à un article utilisant l’expression “personnes qui ont leurs règles”, en ironisant et en reprenant un argumentaire cher à l’extrême-droite transphobe et antiféministe. Pour Alix, cette attitude est problématique car elle exclut les hommes trans et les personnes non-binaires, qui peuvent avoir un vagin mais ne s’identifient pas comme des femmes.
L’auteure revendique depuis toujours un engagement féministe
Malgré les reproches liés à son tweet, J.K. Rowling persiste dans ses prises de position. Dans un long manifeste publié sur son site, elle refuse de céder aux mouvements qui, selon elle, cherchent à éroder la notion de femme en tant que classe politique et biologique et à donner une couverture à des prédateurs.
En mars 2022, elle s’oppose à un projet de loi visant à simplifier le changement de genre à l’état civil en Écosse. Ironie du sort, J.K. Rowling se revendique depuis toujours comme féministe. Elle a également soutenu à plusieurs reprises le Parti travailliste anglais en faisant un don d’un million de livres en 2008.
À la fin de l’année 2022, l’auteure annonce également son soutien à un centre d’hébergement pour femmes victimes de violences domestiques et de viols, nommé Beira’s Place. Cependant, il est sous-entendu que ce centre s’adresse uniquement aux femmes biologiques, ce qui suscite des interrogations.
“TERF” comme étendard
J.K. Rowling a réaffirmé ses positions à plusieurs reprises depuis lors, et a même adopté l’acronyme “TERF” (Trans Exclusionary Radical Feminist) comme un étendard dans certains de ses tweets. Alix explique que ce terme désigne un courant de pensée qui considère les femmes trans comme des hommes cherchant à s’approprier la lutte féministe ou à infiltrer des milieux féminins par prédation. Ce courant de pensée rejoint certaines théories du complot.
En France, les militantes Dora Moutot et Marguerite Stern sont des figures de proue de ce mouvement, dont les liens avec l’extrême-droite ont été documentés.
Au-delà du jeu vidéo “Hogwarts Legacy”, une bataille symbolique se joue donc entre J.K. Rowling et les militants LGBTQI+ sur les réseaux sociaux. Que devraient faire les fans de l’univers d’Harry Potter face à cela ? Alix affirme qu’il ne faut pas nécessairement condamner les fans qui jouent à ce jeu qu’ils ont attendu pendant des années, car cela relève du choix personnel. Cependant, elle estime que lorsque des personnes influentes, comme des streamers, en font la promotion délibérée en l’utilisant comme un outil politique contre les personnes trans, cela devient un problème plus sérieux. Une autre option pourrait être d’opter pour un jeu d’occasion pour se sentir plus en accord avec ses convictions personnelles.