Pourquoi j’ai mangé mon père : une société préhistorique moderne

Pourquoi j’ai mangé mon père : une société préhistorique moderne

Aujourd’hui, nous partons à la découverte de la préhistoire ! “Pourquoi j’ai mangé mon père” est un roman captivant de Roy Lewis, publié en 1960. Malgré le temps écoulé et le sujet en apparence dépassé, l’auteur décrit de nombreux travers de notre société moderne. Un véritable bijou à déguster sans plus tarder !

Des origines lointaines mais des problèmes toujours d’actualité

Dans “Pourquoi j’ai mangé mon père”, Ernest raconte à ses enfants la vie de son père Édouard, ses inventions réussies ou ratées, ses tentatives pour apprivoiser le feu ou fabriquer les premiers arcs, ainsi que l’évolution de la cuisine. Son frère Vania, un “écolo de la préhistoire”, est constamment en désaccord avec lui, prônant un retour à la nature. Avec un langage incroyablement moderne, Roy Lewis décrit de manière hilarante la transition de l’Homo erectus à l’Homo faber, voire sapiens.

Un mélange ingénieux entre modernité et préhistoire

“Pourquoi j’ai mangé mon père” est avant tout un roman qui fait rire. Comment ? Grâce à un subtil mélange de langage moderne et de références à la préhistoire, l’auteur parvient à créer un univers unique en son genre. Les décalages comiques se multiplient, grâce à des répliques savoureuses telles que : “Tenez la cadence, Molto allegro ! Presto ! Prestissimo ! A vous la batterie ! Forte, les castagnettes ! Ici, le cor ! Allons, du nerf, plus enlevé ! criait-il.” (p. 132). Roy Lewis nous raconte également les aventures de l’oncle Ian qui a parcouru le monde et rencontré des hommes préhistoriques de partout. Il fait également de nombreuses allusions à l’Histoire contemporaine, comme lorsqu’il évoque son voyage en Palestine en pleine bagarre, une référence évidente au conflit israélo-palestinien.

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Des connaissances avant-gardistes pour l’époque

Le plus grand décalage se situe certainement dans les connaissances de la tribu. Alors qu’ils découvrent peu à peu l’utilisation du feu, la cuisine de la viande grillée et l’enterrement des morts (une pratique barbare pour ces habitants de la Dordogne), Édouard semble déjà savoir comment les choses doivent évoluer. Les anachronismes abondent : il évoque déjà les différentes périodes de la préhistoire, du pliocène au pléistocène, des périodes que les scientifiques n’ont distinguées que récemment.

Le reflet désopilant de notre société moderne

C’est précisément ce décalage qui fait le lien entre le monde préhistorique et notre époque. La société décrite dans “Pourquoi j’ai mangé mon père” est un miroir de la nôtre. L’auteur y évoque certains travers, comme lorsqu’Édouard, dans sa tentative d’apprivoiser le feu, met le feu à toute une région. On ne peut s’empêcher de voir une allusion à la rapidité excessive du progrès de nos jours. Nous commercialisons et développons des technologies que nous ne maîtrisons pas toujours… Mais cette critique sous-jacente est toujours présentée avec beaucoup d’humour.

Un roman à la fois divertissant et intelligent

Ce qui marque avant tout dans ce roman, c’est le côté désopilant de son propos et le décalage créé par les nombreux anachronismes dans cette société en apparence préhistorique mais incroyablement moderne en même temps. Et pourtant, il a été publié en 1960 ! Nous nous reconnaissons dans certains travers… et nous en rions !

Fabien Imhof

Source : Roy Lewis, Pourquoi j’ai mangé mon père, traduit de l’anglais par Vercors et Rita Barisse, éd. Actes Sud, [1960] 1990.

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