Le réchauffement climatique est une réalité qui nécessite une attention urgente. Mais saviez-vous que la biodiversité joue un rôle crucial dans cette lutte ? En effet, la santé de la biodiversité et la régulation du climat sont étroitement liées. Dans cet article, nous allons explorer pourquoi la préservation de la biodiversité est essentielle pour lutter contre le réchauffement climatique, et vice versa.
Parce qu’une biodiversité en bonne santé régule le climat
Selon le rapport Giec-IPBES rédigé par Sandra Lavorel, écologue au Laboratoire d’écologie alpine de Grenoble, la biodiversité est indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, les écosystèmes ont absorbé plus de la moitié des émissions de CO2 générées par l’homme entre 2009 et 2018. Les forêts, les savanes, les herbiers marins et les récifs coralliens jouent un rôle régulateur en séquestrant les gaz à effet de serre et en évitant de nouvelles émissions.
La biodiversité est un allié crucial pour faire face aux effets du dérèglement climatique. Par exemple, les mangroves et les écosystèmes côtiers agissent comme des remparts contre l’érosion et les tempêtes. En ville, les arbres fournissent de l’ombre et de la fraîcheur.
Parce que la biodiversité souffre du réchauffement
Malheureusement, le réchauffement climatique lui-même menace la biodiversité. Selon le rapport Planète Vivante du WWF, le dérèglement climatique est devenu la troisième cause de perte de biodiversité, et pourrait devenir la première si le réchauffement dépasse 1,5 °C. Les espèces sont directement affectées par les événements extrêmes tels que les canicules ou les méga-feux. De plus, leurs habitats sont détruits. Environ 70% des écosystèmes mondiaux sont déjà dégradés et plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction.
Le changement climatique exacerbe toutes les autres causes de destruction de la biodiversité. Par exemple, il favorise l’invasion d’espèces exotiques venues de régions plus chaudes, ce qui perturbe davantage les écosystèmes. En montagne, l’arrivée d’insectes tels que les scolytes sur les épicéas menace les arbres déjà affaiblis par la sécheresse.
Parce que ces deux crises ont les mêmes causes
Les deux crises, celle de la biodiversité et celle du climat, ont des causes communes. Les activités humaines et le modèle de croissance économique sont à la racine de ces problèmes. Le dérèglement climatique est causé par la combustion d’énergies fossiles et la déforestation. Quant à la perte de biodiversité, elle est due à l’expansion des villes et des champs, à la surexploitation des ressources, à la pollution, au réchauffement climatique et aux espèces invasives.
Parce que des solutions permettent de faire d’une pierre deux coups
Protéger la biodiversité est bénéfique pour le climat, et réduire les émissions de carbone soulage indirectement la faune et la flore. Cependant, il est important d’éviter les fausses bonnes idées. Certaines actions climatiques, axées sur la technologie, peuvent être préjudiciables à la nature. Il est donc essentiel de choisir les technologies et les emplacements présentant le moins de préjudices et de dresser un bilan des coûts et des bénéfices.
Les “solutions fondées sur la nature” offrent une alternative. Par exemple, la restauration des tourbières permet à la fois de stocker du carbone et de préserver la biodiversité locale. La création de haies entre les parcelles cultivées absorbe le CO2, nourrit et abrite les animaux et les insectes, tout en retenant l’humidité dans le sol et en évitant les parasites. L’agroécologie peut remplacer l’agriculture intensive, qui nuit à la fois au climat et à la biodiversité.
Selon le Giec et l’IPBES, une meilleure gestion des terres cultivées et des pâturages pourrait éviter de 3 à 6 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Une réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts pourrait réduire les émissions de 0,4 à 5,8 milliards de tonnes de CO2 par an. Ces chiffres sont à comparer aux 40,6 milliards de tonnes émises en 2022 dans le monde. Les “solutions fondées sur la nature” pourraient donc fournir 30% de l’atténuation nécessaire pour stabiliser le réchauffement en-dessous de 2°C.
Ces solutions sont au centre de l’agenda de la COP15 de Montréal, qui vise à protéger 30% des terres et 30% des mers du globe, ainsi qu’à restaurer des milliers d’hectares de terres dégradées et à réduire l’utilisation des pesticides. Il est également crucial de réorienter les flux financiers vers ces mesures. Les investissements dans les solutions naturelles doivent être massifs pour compléter l’élimination progressive du charbon et la décarbonisation des systèmes énergétiques.
En conclusion, la préservation de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique sont intimement liées. Pour sauver notre planète, il est essentiel de prendre des mesures qui prennent en compte ces deux crises et de faire des choix éclairés pour un avenir plus durable.