Pourquoi la réforme des retraites est-elle nécessaire?

Pourquoi la réforme des retraites est-elle nécessaire?

La réforme des retraites est un sujet brûlant en France. Mais pourquoi est-elle si nécessaire? Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, nous explique pourquoi il est vital de prendre des mesures pour résoudre les problèmes financiers liés aux retraites.

Les déficits criants

Il est clair que le système actuel n’est pas viable. Selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), il manquait déjà 10 milliards d’euros l’année dernière pour financer les retraites. Ce déficit est en grande partie dû au fait qu’il y a moins de cotisants, moins de jeunes pour soutenir financièrement les retraités qui vivent de plus en plus longtemps.

Et ce n’est pas tout. Dans le secteur public, le déficit est encore plus alarmant. L’État a promis à ses anciens fonctionnaires une somme astronomique de 2 770 milliards d’euros en retraite, soit plus que le PIB du pays. Cependant, rien n’a été mis de côté pour financer ces retraites, ce qui pèse lourdement sur les comptes publics.

Il est donc évident que, pour remédier à ces deux problèmes – le déficit dans le secteur privé et le déficit massif dans le secteur public – une réforme structurelle des retraites est nécessaire. Sans cela, il est impossible d’équilibrer les comptes en France, déséquilibrés depuis le contre-choc du baby-boom et la baisse structurelle de la natalité.

Une réforme inadaptée

Cependant, la réforme actuellement proposée est insuffisante. Si le seul enjeu était de faire face à l’augmentation de l’espérance de vie, elle serait probablement adaptée. Dans ce cas, il faudrait simplement travailler quelques trimestres de plus ou retarder l’âge de départ à la retraite. Mais il y a un problème beaucoup plus profond et structurel qui n’est pas abordé par cette réforme : la baisse de la natalité.

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À l’apogée de nos régimes de retraite dans les années 1960, il y avait quatre cotisants pour financer les retraites d’un seul bénéficiaire. Aujourd’hui, nous en sommes à seulement 1,4. Cette situation remet en question l’équation économique sur laquelle repose notre système de retraite.

Il serait nécessaire d’avoir des taux de cotisation excessivement élevés pour équilibrer nos régimes de retraite et garantir des pensions généreuses. Cependant, cela serait contre-productif, car cela nuirait à l’attractivité économique et à l’emploi. Une autre option serait de faire travailler les actifs beaucoup plus longtemps, mais cela n’est pas réaliste non plus.

Des solutions alternatives

Face à cette réalité, Nicolas Marques propose des solutions concrètes. Dans le secteur public, il suggère de commencer à provisionner les retraites des fonctionnaires en plaçant les cotisations des nouveaux fonctionnaires dans un fonds dédié. Cela faciliterait le financement de leurs retraites, à l’instar de ce que fait la Banque de France.

En effet, la Banque de France parvient à autofinancer ses retraites grâce aux marchés financiers. Cette approche est également adoptée en partie par le Sénat français et par la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), qui ont opté pour une combinaison de répartition et de capitalisation collective afin de garantir un système de retraite plus solide.

Dans le secteur privé, une autre approche est nécessaire. Par exemple, à l’Agirc-Arrco, où les retraites sont gérées en points, il est important de compléter le système par une capitalisation collective. Cela permettrait de limiter la baisse du taux de remplacement des retraites. En effet, lorsque vous fonctionnez en points, il devient de plus en plus difficile de verser des pensions adéquates en l’absence de natalité suffisante.

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Il est donc temps de repenser notre système de retraite en prenant en compte ces réalités démographiques et économiques. Une réforme équilibrée et structurelle est nécessaire pour garantir des retraites stables et prospères pour tous.