Pourquoi la voiture électrique n’est pas aussi écologique que vous le pensez

Pourquoi la voiture électrique n’est pas aussi écologique que vous le pensez

Lorsque vous croisez une voiture électrique dans la rue, vous êtes immédiatement frappé par son apparence propre et silencieuse. Contrairement aux voitures à essence ou diesel qui dégagent des émissions gazeuses et du bruit, ces véhicules électriques semblent glisser sur la route sans laisser de trace écologique. Cependant, derrière ce contraste frappant, est-ce que les voitures électriques sont réellement vertueuses pour l’environnement ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît.

Une fabrication énergivore

Avant même de parcourir un seul kilomètre sur la route, la voiture électrique a déjà un impact environnemental négatif. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la majorité des impacts écologiques d’un véhicule électrique surviennent lors de sa fabrication. Le point noir réside dans la production de la batterie des véhicules. L’extraction et le raffinage des métaux nécessaires, tels que le cobalt et le lithium provenant de pays comme la Chine et la République démocratique du Congo, engendrent une consommation d’eau et de produits chimiques importante, déplaçant ainsi la pollution vers les pays pauvres. De plus, l’assemblage des batteries requiert également une quantité considérable d’énergie. En conséquence, la fabrication d’une voiture électrique consomme près du double d’énergie par rapport à celle d’un véhicule thermique.

L’électricité n’est pas toujours propre

Une fois prête à rouler, la voiture électrique semble être un choix plus écologique. En effet, elle ne nécessite pas de carburant et il suffit simplement de la recharger à partir d’une prise pour parcourir plusieurs centaines de kilomètres. Cela permet de limiter la pollution atmosphérique causée par la combustion des énergies fossiles. Cependant, la propreté de cette source d’énergie dépend du mix énergétique utilisé pour sa production. Par exemple, en Pologne, où 80% de l’électricité provient des centrales à charbon, une voiture électrique n’émet que 25% de CO2 de moins qu’un véhicule diesel. De même, en Chine, où l’électricité provient à 73% des usines à charbon, la production d’électricité nécessaire au fonctionnement des véhicules électriques contribue largement aux émissions de CO2 du pays, qui est déjà le premier émetteur mondial. En revanche, en France, où 77% de l’électricité provient du nucléaire, une voiture électrique émet 80% de CO2 de moins qu’une voiture diesel. Malgré tout, le modèle français est également critiqué pour les risques liés à l’énergie nucléaire et à la gestion des déchets.

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Cela reste… une voiture (qui pollue)

Même si elles ne possèdent pas de pot d’échappement, les voitures électriques émettent toujours des particules fines lors de leur utilisation. L’abrasion des pneus, des plaquettes de frein et de la route génère une fine poussière contenant du noir de carbone et des métaux lourds toxiques tels que le cuivre, le cadmium, le baryum, le nickel, le chrome, le manganèse, le plomb et le zinc. Cette pollution, à laquelle contribuent également les voitures électriques, est loin d’être négligeable. En fait, selon une étude de l’Observatoire de la qualité de l’air Airparif, l’usure des routes, des pneus et des plaquettes de frein est responsable de 41% des émissions de particules fines PM10 du secteur du transport routier en 2012, représentant 11% des émissions totales en Île-de-France. Dans l’ensemble de la France, l’abrasion des freins, combinée à celle des pneus et à l’érosion des revêtements routiers, a relâché plus de 15 000 tonnes de PM10 en 2016.

En conclusion, le bilan actuel de la voiture électrique n’est pas aussi “vert” qu’on pourrait le penser. Cependant, le marché des véhicules électriques est encore en pleine évolution et des améliorations sont à prévoir. Par exemple, les futures batteries pourront favoriser les énergies renouvelables en stockant l’énergie produite de manière intermittente pour d’autres usages. Le potentiel de développement de ces véhicules est donc beaucoup plus intéressant pour la transition écologique que celui des voitures thermiques. Malgré les challenges actuels, la voiture électrique peut devenir une solution écologique viable à long terme.

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