L’augmentation du prix de l’électricité en France suscite de nombreuses questions et inquiétudes. Face à cette flambée des prix, l’Union européenne cherche des solutions communes pour soutenir les ménages et les économies nationales. En France, le gouvernement a annoncé le maintien du bouclier tarifaire pour l’électricité et le gaz en 2023.
Pourquoi les prix de gros augmentent-ils autant ?
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse spectaculaire du prix de l’électricité en Europe, y compris en France.
- La reprise économique et industrielle : La demande accrue due à la sortie de la crise économique liée au Covid-19 tire les prix à la hausse depuis la fin de l’année 2021.
- La guerre en Ukraine : Une grande partie de l’électricité en Europe est produite à partir de gaz naturel. Ainsi, le prix du gaz a augmenté tandis que la Russie a considérablement réduit ses exportations vers l’Europe.
- L’état du parc nucléaire en France : Les conditions météorologiques, comme la sécheresse qui affecte les cours d’eau utilisés pour le refroidissement des réacteurs, ainsi que le vieillissement des infrastructures nécessitant des opérations de maintenance, entraînent l’arrêt de nombreuses centrales nucléaires en France. Par conséquent, le pays doit se fournir sur le marché européen de l’électricité, contribuant ainsi à l’augmentation des prix.
Pourquoi les tarifs de l’électricité sont-ils si volatils ?
Depuis les années 1990, l’Union européenne a ouvert progressivement les marchés nationaux de l’électricité à la concurrence afin d’harmoniser et de libéraliser le marché européen. Le réseau de transport européen d’électricité assure maintenant la sécurité d’approvisionnement et les échanges entre les pays membres.
Ce marché repose sur une place boursière européenne, EPEX Spot SE, où les mégawattheures (MWh) sont échangés. Les prix varient selon les pays en fonction de l’offre et de la demande. Cette place de marché réunit producteurs, fournisseurs et négociants pour des transactions d’électricité immédiates ou différées.
Le prix de l’électricité sur ce marché de gros est fixé en fonction du coût de production “marginal” du dernier MWh injecté sur le réseau. En cas de faible demande, les installations nucléaires ou renouvelables suffisent, mais lorsque la demande est forte, les centrales thermiques sont mises à contribution, et le coût de l’électricité est alors basé sur le cours du gaz ou du charbon. Une taxe sur les émissions de CO2, dans le cadre du marché carbone européen, s’ajoute également à ce prix.
L’Union européenne peut-elle agir sur les prix ?
Oui, les ministres européens de l’énergie ont pris des mesures d’urgence pour limiter l’explosion des factures d’électricité. Ils ont validé des propositions visant à réduire la demande d’électricité “d’au moins 5 %” aux heures de pointe. De plus, ils ont acté le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité du nucléaire et des renouvelables, afin de redistribuer la différence aux ménages et aux entreprises. Une “contribution temporaire de solidarité” s’applique également aux producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole.
Cependant, certains pays estiment qu’il est nécessaire de plafonner les prix de gros du gaz sur le marché européen pour résoudre le problème majeur de l’augmentation des prix. L’Allemagne, autrefois le pays le plus dépendant du gaz russe, a également rejeté cette idée.
Les Français payent-ils l’électricité au prix européen ?
Pas totalement, bien que les prix aient nettement augmenté. Une partie seulement des kilowattheures est achetée au “prix fort” sur le marché de gros. Le reste correspond à la production nucléaire, dont le coût est inférieur au niveau des prix de gros. Les tarifs réglementés en France ne sont pas directement indexés sur les prix du marché de gros, mais sont fixés par l’État. En septembre 2021, le gouvernement a mis en place un “bouclier tarifaire” limitant la hausse du prix en aval à 4 %.
En comparaison, les tarifs réglementés britanniques devraient augmenter de manière significative, de 80 % au 1er octobre.
Le bouclier tarifaire sera-t-il reconduit en 2023 ?
La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le reconduction du bouclier tarifaire en 2023. La hausse des prix de l’électricité sera limitée à 15 %, tout comme celle du gaz, pour tous les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes. Le gouvernement est conscient du coût de ces mesures, mais estime qu’il est nécessaire de protéger les consommateurs les plus vulnérables.
En outre, un nouveau chèque énergie sera versé de manière “exceptionnelle” aux foyers les plus modestes d’ici la fin de l’année.
La hausse du prix de l’électricité en France et en Europe est une préoccupation majeure, mais des mesures sont prises pour atténuer son impact sur les ménages et les entreprises. En attendant, il est essentiel de faire preuve de prudence dans notre consommation d’énergie et de chercher des solutions alternatives plus durables.