Pourquoi le prix de l’électricité dépend-il du gaz ?

Pourquoi le prix de l'électricité dépend-il du gaz ?

Imaginez-vous dans une situation où les prix de l’électricité augmentent de manière dramatique, malgré la présence d’un parc nucléaire historique en France. C’est ce que les Français vivent actuellement, et la question se pose : pourquoi l’électricité, qui est nucléaire, se paie-t-elle au prix du gaz ? Dans cet article, nous allons tenter de répondre à cette question en vous expliquant notamment le fonctionnement du marché européen de gros de l’électricité.

Pourquoi les prix du gaz et de l’électricité flambent-ils depuis septembre 2021 ?

Depuis le début de l’année 2022, les prix du gaz ont connu une augmentation spectaculaire, atteignant une hausse de 60%. Cette envolée des prix est due à des raisons géostratégiques et internationales. En effet, la France importe entièrement ses besoins en gaz, notamment depuis la mer du Nord, la Norvège et d’autres pays comme la Russie. Plusieurs facteurs contribuent à cette flambée des prix, tels que la hausse de la demande mondiale, la maintenance nécessaire des installations en Norvège, l’action de la Russie pour la mise en production du gazoduc Nord Stream 2, le faible remplissage des stockages de gaz européens et le niveau bas des stocks en Allemagne gérés par Gazprom.

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Les mécanismes de marché à l’origine d’une flambée des prix de l’électricité

Contrairement au gaz, l’électricité n’a pas connu d’augmentation significative de son coût de production en France ces derniers mois. En fait, le coût du gaz et du pétrole dans la production électrique française représente seulement 7%, et en Europe, c’est de l’ordre de 20%. De plus, une partie du coût de production de l’électricité est liée à la construction des installations. Ainsi, si l’on ne considère que la part du combustible, elle représente moins de 10% du coût total de production de l’électricité en Europe. Par conséquent, ce n’est pas l’augmentation du prix du gaz qui a fait flamber le prix de l’électricité sur le marché.

Un mécanisme de marché européen qui gomme les mix énergétiques régionaux

Les prix de gros de l’énergie sont calés sur les coûts marginaux. Cela signifie que le prix de marché est égal au coût de production de la centrale la plus chère de tout le réseau interconnecté européen, indépendamment des quantités produites. Ce mécanisme de marché, appelé “préséance économique” ou “merit order”, garantit l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité et permet de rémunérer l’électricité produite au prix de la dernière centrale appelée à fonctionner. Ainsi, si une centrale à gaz est sollicitée pour la production d’électricité, son coût de production s’appliquera à l’ensemble de l’électricité produite sur le réseau, même si cette électricité provient majoritairement de sources moins coûteuses comme l’hydraulique ou le nucléaire.

Le CO2 entre dans l’équation du coût marginal de production des centrales à gaz

De plus, le coût marginal de production des centrales à gaz est impacté par le prix du CO2, qui est appliqué à la production électrique des centrales fossiles. Cette surenchère sur le prix de production des centrales à gaz se répercute sur l’ensemble de la production électrique, qu’elle soit d’origine nucléaire, hydraulique ou éolienne.

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Pourquoi quand le gaz augmente, l’électricité augmente ?

En conséquence de ce mécanisme de marché, les prix de gros de l’électricité sont corrélés aux prix du gaz. Cela pose un problème pour les producteurs et les consommateurs. Les producteurs sont exposés à un risque financier important en raison de la volatilité des prix, tandis que les consommateurs voient leurs factures augmenter. Certains consommateurs ont des contrats de fourniture avec des prix fixes garantis, ce qui les protège temporairement des hausses de prix sur les marchés de gros. Cependant, d’autres consommateurs ont des contrats indexés sur les prix de marché et subissent immédiatement les hausses de prix de l’électricité.

Le bouclier tarifaire comme mesure de protection des consommateurs français

Face à cette flambée des prix de l’électricité, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire pour limiter la hausse à 4%. Cette mesure vise à protéger les consommateurs résidentiels français, mais elle ne résout pas le problème fondamental du mécanisme de marché européen. En effet, les prix de gros de l’électricité restent corrélés aux prix du gaz, ce qui rend le marché incontrôlable et extrêmement volatile.

Quelle politique énergétique doit mener la France ?

Face à cette situation, la question se pose : quelle politique énergétique doit mener la France ? Les limites du modèle de mécanisme de marché sont de plus en plus évidentes, et le pays doit prendre en compte les enjeux géostratégiques liés à la dépendance au gaz, notamment vis-à-vis de la Russie. La transition vers les énergies renouvelables pose également des défis, notamment en ce qui concerne l’intermittence de ces sources d’énergie. Les choix politiques structurants en matière de production d’électricité doivent être pris en considération, afin de garantir un approvisionnement stable et des prix maîtrisés.

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En conclusion, le prix de l’électricité dépend du gaz en raison du mécanisme de marché européen basé sur la préséance économique. Cette corrélation des prix pose des défis pour les producteurs et les consommateurs. Il est donc essentiel de repenser les politiques énergétiques et de prendre en compte les enjeux géostratégiques pour assurer un approvisionnement stable et des prix maîtrisés.