Pourquoi les banques centrales augmentent-elles leur taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation ?

Pourquoi les banques centrales augmentent-elles leur taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation ?

Tous les prix augmentent : les carburants, l’électricité, le gaz, les fruits et légumes, les hôtels, et maintenant, les taux d’intérêt.

La guerre en Ukraine, les confinements successifs en Chine, la pénurie d’énergie qui persiste et les chaînes de production perturbées ont suscité un fort engouement pour les biens et les services, perturbant ainsi l’équilibre délicat entre l’offre et la demande. Ce qui a pour conséquence de faire grimper les prix à des niveaux record. L’inflation, soit la hausse globale des prix, commence à inquiéter de nombreux gouvernements.

Quel est le mécanisme économique qui justifie une telle décision ?

La banque centrale d’un pays est avant tout une institution indépendante, chargée par l’État de décider d’appliquer la politique monétaire. Dans le cas de la Banque centrale européenne (BCE), c’est une institution communautaire qui représente les dix-neuf pays de l’Union européenne qui ont adopté l’euro.

Ces banques ont le pouvoir d’émettre des billets de banque et des pièces de monnaie, de contrôler les réserves de change, d’agir en tant que prêteurs d’urgence et de garantir la bonne santé du système financier.

La mission première d’une banque centrale est d’assurer la stabilité des prix. Cela signifie qu’elle doit contrôler à la fois l’inflation – lorsque les prix augmentent – et la déflation – lorsque les prix baissent.

Pourquoi les banques centrales décident-elles de relever les taux, alors cela risque de provoquer un ralentissement de l’économie ?

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Des taux faibles permettent généralement d’avoir une croissance économique plus élevée et de baisser ainsi le chômage. Si au contraire, les taux directeurs augmentent, la croissance et l’emploi baissent, car moins de liquidités sont octroyées à l’économie.

C’est pourquoi toutes les banques centrales se fixent un objectif d’inflation modérée et positive, généralement autour de 2 %, afin d’encourager une croissance progressive et régulière.

Mais lorsque l’inflation commence à monter en flèche, la banque centrale est en grande difficulté.

En effet, une inflation trop forte peut rapidement mettre à mal les bénéfices récoltés au cours des années de prospérité, réduire la valeur de l’épargne et engloutir les bénéfices des entreprises.

Les factures deviennent plus chères pour tout le monde : les consommateurs, les entreprises et les gouvernements sont tous mis en difficulté.

C’est à ce moment que la politique monétaire entre en jeu. “Une inflation élevée est un défi majeur pour nous tous”, avait déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE lors de sa conférence de presse du 9 juin.

La banque centrale est la “banque des banques”

Les banques commerciales, celles vers lesquelles nous nous tournons lorsque nous devons ouvrir un compte bancaire ou souscrire un prêt, empruntent directement de l’argent auprès de la banque centrale pour couvrir leurs besoins financiers les plus immédiats.

Les banques commerciales doivent présenter un actif de valeur, appelé “garantie”, qui garantit justement qu’elles pourront rembourser cet argent. Les obligations publiques, la dette émise par les gouvernements, font partie des formes les plus fréquentes de garantie.

Autrement dit, une banque centrale prête de l’argent aux banques commerciales, et ces dernières prêtent de l’argent aux ménages et aux entreprises pour soutenir la croissance.

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Lorsqu’une banque commerciale rembourse sa dette à la banque centrale, elle doit payer un taux d’intérêt. La banque centrale a donc le pouvoir de fixer ses propres taux d’intérêt, ce qui détermine ainsi le prix de l’argent.

Si la banque centrale impose des taux plus élevés aux banques commerciales, ces dernières augmentent à leur tour les taux qu’elles proposent aux ménages et aux entreprises qui ont besoin d’emprunter pour investir.

Par conséquent, les prêts immobiliers, les prêts à la consommation, les cartes de crédit sont plus chers et les ménages deviennent plus réticents à solliciter les organismes de financement. Les entreprises, qui ont besoin des banques pour leurs futurs investissements, commencent à y réfléchir à deux fois avant d’agir. D’où le ralentissement de l’économie.

Les résultats des politiques économiques n’arrivent pas immédiatement

Le durcissement des conditions financières entraîne inévitablement une baisse de la consommation dans la majorité des secteurs économiques. Lorsque la demande des biens et des services diminue, leurs prix ont tendance à baisser.

C’est exactement ce que les banques centrales ont l’intention de faire : réduire les dépenses pour freiner l’inflation.

Mais les effets de la politique monétaire peuvent prendre jusqu’à deux ans pour se concrétiser et ne sont donc pas susceptibles d’offrir une solution instantanée aux problèmes les plus urgents.

D’ailleurs ce qui complique encore plus la situation, c’est que l’énergie est aujourd’hui le principal facteur de l’inflation, fortement alimentée par un élément sans rapport direct avec l’économie : l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’essence et l’électricité sont des produits de base que tout le monde utilise, quel que soit leur coût, si bien qu’une baisse rapide de la demande pour baisser les prix ne sera pas aussi simple.

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Des banques centrales, comme la Fed, ont fait le pari de prendre des mesures radicales, même si cela risque d’impacter l’économie. Une politique monétaire agressive ressemble à une marche sur une corde raide : rendre l’argent plus cher peut ralentir la croissance, affaiblir les salaires et favoriser le chômage.