Interview avec le Professeur Elfi Baillien dans le cadre de la “Semaine contre le harcèlement”
Il est essentiel de comprendre les pulsions qui poussent certaines personnes à harceler d’autres sur le lieu de travail, déclare Elfi Baillien, une experte en comportement indésirable et excessif au travail, ainsi que professeure de bien-être psychosocial en ligne à la KU Leuven. Nous devons prendre conscience des comportements humains pour orienter les processus de collaboration sur le lieu de travail dans la bonne direction. Les responsables jouent un rôle crucial à cet égard.
Pas de profil unique pour les harceleurs ou les victimes
Elfi Baillien explique qu’il n’y a pas de profil unique pour les harceleurs ou les victimes de harcèlement. Selon ses recherches menées en collaboration avec deux collègues de l’université sur 87 cas d’entreprises, le harcèlement est principalement causé par le stress au travail. Trop de pression peut donner l’impression de stagner, d’avoir des tâches contradictoires ou ambiguës, ou encore de devoir répondre à des attentes élevées. Tout cela engendre des sentiments de frustration et d’impuissance. Les responsables et les départements des ressources humaines doivent donc être attentifs à ce climat et réfléchir à la manière d’éviter de tels sentiments.
Les frustrations et les tensions peuvent conduire au harcèlement
Lorsqu’on évolue dans un tel environnement, on se demande souvent pourquoi on se sent ainsi. Parfois, on projette inconsciemment nos frustrations sur d’autres personnes en cherchant un “souffre-douleur”. Cela commence souvent par de petites remarques subtiles. Si l’on se sent supérieur à l’autre, cela peut se produire plus rapidement encore. La personne harcelée est souvent quelqu’un qui ne se sent pas bien et qui s’isole mentalement, la rendant ainsi encore plus vulnérable. Elle devient alors une cible facile pour ceux qui cherchent un “souffre-douleur” en raison du stress.
Il est donc important de reconnaître que nous sommes tous confrontés à des conflits et des tensions sociales, même en l’absence de stress. Si nous ne pouvons pas laisser aller et restons fermement attachés à nos positions, le problème commence. Cela entraîne une lutte de pouvoir, et la personne qui en sort perdante devient à nouveau une victime facile. Il est important de noter que ce pouvoir ne se limite pas à la hiérarchie. Par exemple, une infirmière plus expérimentée peut critiquer sans raison une jeune infirmière inexpérimentée et lui nuire par des rumeurs, sans subir de sanctions.
Le harcèlement et le rôle des responsables
Les responsables jouent donc un rôle crucial. Ils doivent s’assurer que les tâches sont claires, réalisables et réalistes, et intervenir si nécessaire. Laisser les choses se dérouler sans rien faire ne mène à rien. Il est courant d’observer des différences significatives entre l’auteur du harcèlement et la victime : une personne populaire contre une personne impopulaire, une personne dominante contre une personne introvertie, un employé permanent ou temporaire, etc. Les responsables doivent avoir des compétences relationnelles suffisantes pour agir rapidement et de manière appropriée. Ils doivent identifier les conflits dès qu’ils se produisent et essayer de calmer l’atmosphère de manière cordiale. S’ils n’ont pas les compétences sociales nécessaires, ils peuvent demander de l’aide à des consultants externes ou se tourner vers une personne de confiance.
Mieux vaut prévenir que guérir
Il est donc important que les responsables agissent de manière proactive. Le harcèlement est un exemple évident de comportement inadapté et excessif au travail. Les responsables doivent donc se demander quelles normes et valeurs centrées sur l’individu ils souhaitent promouvoir au sein de leur département. Comment peuvent-ils faire en sorte que leurs collaborateurs se sentent en sécurité sur le plan psychosocial au travail ? Il est essentiel d’encourager la réintégration avec une résilience et une énergie retrouvée pour tous les collaborateurs. Il est important de remettre en question ses propres actions. Est-ce qu’une politique de prévention du harcèlement et de comportement indésirable et excessif au travail est en place ? Si vous ne pouvez pas tout gérer ou tout savoir, demandez conseil aux conseillers en prévention du bien-être d’Attentia ou renseignez-vous sur leur programme de soutien psychologique pour les personnes ayant vécu une expérience traumatique au travail.
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